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KHADIJA, épouse du Prophète Mohammed




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ْ ‫ـ ـــ‬          ‫اـ‬                ّ ‫ـ ـــــ ﷲ ا‬
     Au nom de Dieu le miséricordieux par essence et par excellence




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                         IBN AL-HASSAN



                            Khadija
              Epouse du Prophète Mohammed
                Que Dieu lui accorde la grâce et la paix




              Traduction : Benhamza Mohammed




Avertissement : Le texte de ce document a été recopié sur Word
     d’après l’édition de février 2003, aux éditions Universel.




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                                          Préface
L’histoire de l’islam est florissante en femmes admirables qui ont marqué la vie de la nation
islamique, d’est en ouest. Toutes se sont distinguées dans divers domaines et le rôle
qu’elles ont joué a été prépondérant dans la direction de la nation, aux côtés d’hommes
remarquables. Elles se sont également particularisées par leur grande sagesse, leur
immense foi et leur volonté de combattre le mal.
Au sommet de la pyramide constituée par ces femmes illustres, figure la plus grande femme
qu’ait jamais connue l’Humanité, celle qui a épousé le grand et le plus illustre parmi tous les
hommes : Mohammed Ibn Abdallah (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui = ),
le Messager de Dieu, qui a changé le cours de l’Histoire et qui a eu plus de fidèle que jamais
aucun messager ni penseur n’en a eu.
Cette femme qui a soutenu la mission de son époux depuis les premiers moments par sa foi,
son courage, son endurance, son abnégation et ses sacrifices a énormément contribué à la
réussite de la mission de son époux et fait que l’Humanité bénéficie, jusqu’au Jour du
jugement dernier, des bienfaits de l’islam.
Cette femme illustre est Khadija, fille Khouaylid, de la tribu de Assad, descendante directe
d’Ismaël, fils d’Abraham (Que le salut de Dieu soit sur eux). Cette femme a toujours été
connue pour sa sagesse, sa noblesse de cœur et d’esprit, sa droiture et sa pureté. Elle a
vécu pendant les vingt-cinq dernières années de sa vie aux côtés de Mohammed (Que la
paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui = ), dont dix ans durant la période de la
révélation du message qui allait sortir l’Humanité de l’obscurité vers la lumière. Tout au long
de sa vie avec son mari, elle fut toujours pour lui le plus grand soutien, l’ultime réconfort
humain, tant sur le plan moral que matériel ; elle mit en effet toute sa fortune et toute sa
force au service de Dieu oeuvrant en parallèle avec son époux à appeler à la conversion à
l’Islam, à l’unicité de Dieu. Elle eut l’insigne honneur de vivre chez elle la révélation du Coran,
ce qui n’a fait qu’augmenter son prestige et l’estime qui lui étaient dus. Quant à sa fortune, à
sa santé et à son honneur,elle a préféré les sacrifier au service de Dieu, s’exilant avec son
mari dans les collines avoisinantes de La Mecque,par solidarité avec les Banou Abd Al-
Moutalib et Banou Hachem et les quelques musulmans qui avaient été contraints de subir le
blocus imposé par leurs persécuteurs Qoreïchites ; et pendant les trois dernières années de
sa vie, elle du supporter la faim, la soif, et toutes sortes de privations qu’elle supporta avec
résignation et courage. Pour toutes les femmes croyantes, Khadija est le modèle parfait du
sacrifice et du combat pour la bonne cause, l’exemple à suivre pour la foi et la fidélité, et
c’est parce qu’elle avait toujours été une femme accomplie et parfaite que Dieu lui a promis
un palais au paradis.
Ce modeste travail est un résumé de sa vie, inspiré de nombreux ouvrages consacrés à
cette grande femme, et bien que nous ne puissions prétendre avoir tout dit, nous osons
souhaiter avoir contribué à la faire connaître de façon simple.
Notre souhait est que Dieu fasse que ce travail soit utile à nos frères musulmans, qu’Il nous
fasse bénéficier de Ses bienfaits et qu’enfin Il soit satisfait de Khadija de toutes croyantes,
jusqu’à la fin des temps.
                                                                                     FDAL HAJA




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    DES MERITES DE LA MERE DES CROYANTS
        KHADIJA, FILLE DE KHOUAYLID
                             (Que Dieu soit satisfait d’elle)
1- Elle fut la première épouse du Prophète        ;
2- Elle fut le premier humain sur terre à attester qu’il n’y a de divinité qu’Allah et que
   Mohammed est Son Messager ;
3- Elle fut l’honorable descendante des fils de Qossay, descendants d’Ismaël, fils
   d’Abraham (Que le salut de Dieu soit sur eux) ;
4- Ce fut celle que les femmes de La Mecque surnommaient « La maîtresse des dames
   de Qoreïch » ;
5- Ce fut celle que les Mecquois qualifiaient de « La pure » ;
6- Ce fut la femme courageuse et généreuse qui dépensait de sa fortune pour assister
   les pauvres et les nécessiteux parmi les habitants de la Mecque ou tous ses visiteurs ;
7- Ce fut une femme réputée pour sa beauté et son éclat ;
8- Ce fut la femme la plus sage parmi les siens celle que l’on respectait et estimait
   beaucoup pour sa sagesse et sa fierté ;
9- Ce fut celle que le Messager de Dieu               a qualifiée de Maîtresse des dames de
   l’Univers ;
10- Elle fut l’une des quatre femmes parfaites avec Marie, Assya et Fatima ;
11- Ce fut celle dont le Prophète    a dit : « La meilleure femmes du Paradis est Khadija,
    fille de Khouaylid ;
12- Ce fut celle à laquelle l’Ange Gabriel a annoncé la bonne nouvelle d’un palais en
    osier au paradis où il n’y ni fatigue, ni ennui ;
13- Ce fut celle qui reçut le salut de Dieu depuis les sept cieux, ainsi que celui de l’Ange
    Gabriel ;
14- Ce fut celle qui a perpétué sa descendance, jusqu’au Jour du Jugement dernier, par
    le biais de sa fille Fatima ;
15- C’est elle qui est qualifiée pour l’éternité de « Mère des croyants » ;
16- Ce fut le premier être humain à avoir cru e le message de l’Islam, au moment où les
    autres niaient ce message, et la première qui ait accordé foi au Prophète quand tout
    le monde le traitait de menteur, et ce fut elle qui apporta son soutien financier avec
    toute sa fortune, au moment où tout le monde avait décidé de la priver de tout ;
17- Ce fut celle qui confirma la bonne nouvelle au Messager de Dieu qu’il était bien le
    Prophète de cette Nation en disant : « Dieu nous préservera, ô Abou Al Qassîm,
    réjouis-toi, ô mon cousin et sois calme, par Celui qui détient entre Ses mains la vie de
    Khadija, je souhaite que tu sois le prophète de cette Nation » ;
18- Elle fut la première femme avoir fait ses ablutions ainsi que la première femme à se
    prosterner devant Dieu ;
19- Ce fut la combattante émérite et endurante durant le blocus, elle qui dépensa tout ce
    qu’elle possédait pour les personnes extradées ;
20- Ce fut celle dont le Messager de Dieu ne cessa de citer les mérites après sa mort ;




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21- Elle fut un phare géant dans la période ant-islamique et la première femme de l’Islam
    orthodoxe ;
22- Ce fut d’elle que le Messager de Dieu         parla en disant : « Dieu m’a fait don de son
    amour » ;
23- Ce fut la seule femme qui fut l’unique épouse du Prophète         pendant vingt-cinq dont
    quinze avant la révélation et dix après ;
24- Ce fut la seule épouse à avoir donné au Messager de Dieu           une progéniture qui se
    perpétue jusqu’à nos jours ;
25- Elle est l’aïeul de l’honorable descendance de Fatima-Zahra et la grand-mère des
    deux seigneurs des jeunes du Paradis, Al-Hassan et Al-Housseïn ;
26- Elle fut celle qui eut l’insigne honneur d’avoir le plus illustre et le meilleur des êtres
    humains depuis Adam jusqu’à la fin du monde, Mohammed Ibn Abdallah, le
    Messager de Dieu à l’Humanité tout entière ;
27- Elle est considérée comme la première Croyante au monde ;
28- Elle fut orthodoxe avant l’Islam et jamais elle ne se prosterna devant une idole
    quelconque, ni jamais n’assista à une assemblée de débauche ;
29- Elle fut l’épouse du Prophète sur Terre et elle sera son épouse au Paradis, l’élue
    parmi toutes les femmes de l’univers.
Mais, qui pourrais-je bien être pour tenter de citer les qualités d’une personne dont les
mérites sont aux nombres des gouttes d’eau dans un océan et des grains de sable du
désert ?
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LA PERIODE DES PREMIERS MARIAGES
De tous temps, il y eut des êtres qui, tels des phares, ont éclairé la voie de l’Humanité. Parmi
ces êtres exceptionnels, figure en bonne place une très grande et remarquable femme qui a
vécu avec le plus grand Homme que l’Humanité ait jamais connu, depuis Adam et jusqu’à la
fin de l’existence sur Terre, le sceau des messagers, Mohammed Ibn Abdallah.
Cette femme exemplaire est Khadija, fille de Khouaylid Ibn Assad Ibn Abd Uzza, dont la
filiation remonte jusqu'à Ismaël, le fils d’Abraham, que la bénédiction de Dieu soit sur eux, et
de Fatima fille de Za’ida descendante de Lou’ay et de Ismaël, fils d’Abraham (Que la
bénédiction de Dieu soit sur eux deux). Elle est née en l’an 555 ou 556 de l’ère chrétienne, et
il n’est pas aisé de cerner tous les aspects de la vie de cette grande dame. Tout ce qui a été
dit et écrit à son sujet ne représente qu’une partie infime de ce qui pourrait être rapporté.
De ce que ses biographes ont rapporté, on apprend qu’elle a appartenu à une grande,
glorieuse et riche famille de dignitaire de la Mecque.

                                La personnalité de Khadija
Khadija était une femme d’une grande beauté et, moralement, elle se caractérisait par les
meilleures qualités. Cette beauté morale et physique lui valut le surnom de LA PURE, car
jamais personne ne l’aperçut dans les endroits de plaisir où l’on s’adonnait à la boisson, et
jamais non plus on ne la vit en compagnie d’hommes dans des lieux de débauche. Au
contraire, c’était l’une des rares femmes respectées pour leur sagesse et leur grande
intelligence ; les femmes allaient la consulter dans les moments de crise, ce qui lui valut le
qualificatif de « Maîtresse des dames de Qoreïch ». Elle venait en aide à tous ceux qui
étaient dans le besoin, libérait des captifs, nourrissait les gens qui avaient faim.
De son père mort durant la guerre des Libertins qui opposa la tribu des Qoreïch, Qayss et
‘Illane, elle avait en effet hérité d’une importante somme d’argent qu’elle avait su faire
fructifier grâce à son intelligence, sa clairvoyance, sa sagesse et ses hautes qualités morales,
à tel point qu’elle était devenue la femme qui possédait les plus grandes caravanes qui
faisaient le commerce avec la Syrie au Nord et le Yémen au Sud, et par conséquent une
femme qui avait son poids dans la vie quotidienne de La Mecque.

                                           Le mariage
Dès qu’elle fut en âge de se marier, les meilleurs partis de Qoreïch se bousculèrent à sa
porte : c’étaient des jeunes gens parmi les plus beaux, les plus riches descendants des plus
grandes familles. Mais presque tous enviaient soit sa fortune et sa beauté, soit recherchaient
une alliance avec l’une des familles les plus glorieuses. C’est pourquoi Khadija élut le plus
racé et le meilleur d’entre eux, et ce fut Atiq Ibn Aïd de la tribu de Makhzoum, mais leur
union fut de courte durée car elle fut totalement interrompue par le décès précoce de l’époux.
Dès que la période légale de deuil se fut achevée, à nouveau les meilleurs partis se
présentèrent à elle. Cependant, ce n’est que plus tard, quand elle eut commencé à oublier
son premier mari, que Khadija accepta de se lier à Abou Hala Ibn Zourara, de Tamim, l’un
des hommes les plus honorables à Qoreïch. Ils vécurent heureux et elle lui donna Hala et
Hind pour enfants, mais une nouvelle fois la mort se trouva au rendez-vous et cette seconde
union fut interrompue.
Une fois encore, les plus beaux partis se présentèrent à elle, mais elle les refusa tous et
préféra fermer sa porte au mariage, préférant se consacrer à l’éducation de ses enfants et à
la fructification de son commerce, ignorant cependant que le destin lui réservait un sort
qu’elle n’avait jamais imaginé.
En effet, son cousin Ouaraqa Ibn Naoufal qui s’était converti avec les gens du Livre, lui
faisait souvent l’annonce heureuse de la prochaine révélation du dernier des prophètes dans


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la péninsule Arabique, probablement dans le milieu orthodoxe de ceux qui vivaient près de la
Kaâba, érigée par Abraham et par son fils Ismaël, l’aïeul des Qoreïchites.
Ainsi, Khadija s’occupait de son commerce et de ses caravanes qui se rendaient en été et en
hiver en Syrie et au Yémen. Faisaient partie de ses caravanes ceux qu’elle choisissait parmi
les commerçants de Qoreïch qui avaient la plus grande expérience, ainsi que certains de ses
esclaves, tel que Mayssara et d’autres. Pendant ce temps, elle était restée sans se remarier,
comme si Dieu Tout-Puissant l’avait privée de tout homme et interdite à tout être humain de
sexe masculin, à l’exception d’un seul que Dieu lui avait préparé, le plus parfait des hommes
et le dernier des Messagers : Mohammed (Que la Paix et la Bénédiction de Dieu soient sur
lui).




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VOYAGE DE NEGOCE
       La rencontre avec Mohammed
(Que la Paix et la Bénédiction de Dieu soient sur lui).
Quand elle eut atteint ses quarante ans, que vint le moment du départ des caravanes et
qu’elle eut commencé à recevoir les candidatures des commerçants désireux de faire le
voyage et à négocier avec chacun son salaire, elle entendit parler d’un homme dont tout le
monde parlait dans les salons de la Mecque. Il n’était question que de sa droiture, son
autorité, son honnêteté. Tous ceux qui avaient eu l’occasion de faire le voyage pour la Syrie
en sa compagnie pouvaient apprécier sa patience, son comportement admirable avec ses
compagnons de voyage, sa grande sagesse dans la gestion des difficultés rencontrées.
Quant à ceux qui ne quittaient pas de la Mecque, ils pouvaient attester que jamais il ne
fréquentait les endroits de débauche où se rendaient les jeunes Mecquois pour s’amuser et
boire.
Khadija apprit tout cela et elle prit la décision de faire appel à lui pour qu’il fasse partie de la
prochaine expédition qu’elle organisait pour la Syrie. Elle envoya donc un émissaire à l’oncle
de cet homme honnête et probe, Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient
sur lui) et lui fit demander d’intervenir auprès de son neveu pour que ce dernier accepte de
faire partie de la caravane. Abou Talib accepta de faire la démarche : il convoqua donc
Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) pour lui dire :
« Ô mon neveu ! Je suis un homme pauvre et je me trouve actuellement dans la gêne, mais
il se présente à moi une issue qui me permettrait de te donner ce que je ne puis t’offrir
actuellement. Khadija fille de Khouaylid, t’a fait demander pour son commerce. Le salaire
n’est pas très grand, mais il permettrait de faire face aux besoins quotidiens. J’ai entendu
dire que si tu acceptais, tu recevrais comme salaire deux chameaux moyens ».
Le neveu répondit favorablement et accepta avec le plus grand respect l’offre de son oncle. Il
se rendit donc chez Khadija qui lui réserva le meilleur accueil possible, elle, la femme
connue pour sa grande sagesse et sa beauté restée intacte malgré ses quarante ans, car la
quiétude et la fortune protègent le corps. Ils s’installèrent donc l’un en face de l’autre, dans le
plus grand respect et la plus grande humilité. Khadija prit la parole :
« Ô Mohammed ! Ce qui m’a poussée à faire appel à toi est ce que j’ai entendu dire au sujet
de ta droiture, ta sincérité, ta probité et ta bonne éducation. Je t’accorde donc le double de
ce que j’offre habituellement aux autres hommes de ton peuple ».
Il répondit simplement : « J’accepte ton offre ».
Cette rencontre s’était déroulée sans discussion ni complaisance. Khadija fut très touchée
par ce qu’elle avait noté chez cet homme : la politesse, la bonne éducation, la modestie et la
beauté physique, elle avait eu l’occasion de voir beaucoup de type d’hommes : ceux avides
de gain, ceux qui enviaient les honneurs et la beauté ou encore ceux qui se mettaient
fièrement en valeur par leurs capacités, leur personnalité ou leur appartenance sociale. Chez
cet homme, elle n’avait absolument rien remarqué de tout cela. L’impression qu’il lui fit fut si
forte qu’elle l’aima tout de suite et elle fut heureuse de cette rencontre.
Quelques jours après, la caravane fut prête à partir. Mohammed (Que la paix et la
bénédiction de Dieu soient sur lui) participa activement aux préparatifs et il montra une
grande habilité dans la répartition des marchandises. Il était très actif et aidait les esclaves et
les assistants dans leurs tâches, alors que d’habitude le responsable évite de se fatiguer et
d’accomplir les basses besognes. Ce fut là un premier signe.
Au moment du départ de la caravane, Khadija recommanda à son plus fidèle esclave
Mayssara de ne désobéir à aucun ordre de Mohammed (Que la paix et la bénédiction de



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Dieu soient lui) et de ne jamais le contrarier dans un achat ou une vente de marchandises. Il
devait simplement écouter et obéir jusqu’au retour.
Comme à l’accoutumée, tous les habitants de La Mecque étaient venus assister au départ
de la caravane et saluer un proche ami. Abou Talib était présent pour dire au revoir à son
neveu et lui recommander de faire preuve de courage et de patience durant le voyage. Il fit
également des recommandations à tous les chameliers. Khadija assistait, elle aussi, au
départ pour saluer tout le monde et elle resta jusqu’à ce que le dernier chameau eut disparu
de la vue des mecquois.
La caravane était cependant poursuivie ; tout au long du voyage, un nuage faisait de l’ombre
à Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui). Quand on faisait halte, le
nuage s’arrêtait également. Mayssara observait avec étonnement mais sans rien dire. Un
jour, vers midi, alors que toute la caravane s’était arrêtée pour faire une pause, Mohammed
s’installa à l’ombre d’un arbre près d’une tour où vivait un moine. Ce dernier, qui s’appelait
Nestor, jeta un coup d’œil par une ouverture de la tour. Il aperçut l’homme assis à l’ombre
d’un arbre et lança un appel aux chameliers. Ce fut Mayssara qui lui répondit. Le moine lui
demanda :
« Qui est cet homme assis à l’ombre de cet arbre ? » Mayssara lui dit que c’était un
Qoreïchite. Nestor dit alors : « Il n’y a qu’un prophète qui puisse s’asseoir sous cet arbre ?
- Certes, répondit Mayssara.
- Alors, ne le quitte point ! C’est un prophète, et ce sera le dernier des prophètes, affirma
Nestor de façon catégorique.
La caravane reprit sa route et ils atteignirent la ville en Syrie. Après s’être reposés, les
marchands se rendirent au marché où Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu
soient sur lui) écoula tout la marchandise en faisant preuve de la plus grande indulgence, de
l’ultime bienséance, d’éloquence, de sincérité et de franchise. A un certain moment, il advint
un désaccord entre lui et un acheteur quand celui-ci lui demanda de jurer par « Llat » et
« ‘Uzza », deux divinités adorées par les Arabes. Mohammed (Que la paix et la bénédiction
de Dieu soient sur lui) répondit fermement :
« Jamais je ne l’ai fait et ne le ferai. Faites-en donc de même ».
Le marchand ne discuta plus et affirma : « Il sera fait comme vous dites », puis il se tourna
vers Mayssara et lui dit : « Par Dieu, cet homme est le prophète dont nos prêtres trouvent la
description dans leurs livres ».
Lorsque toutes les transactions furent achevées et la totalité des marchandises écoulées
avec un profit double par rapport à ce qu’on gagnait habituellement, Mohammed (que la paix
et la bénédiction de Dieu soient sur lui) acheta tout ce qu’il jugea nécessaire pour les
Mecquois, pour la caravane reprit la route du retour avec les bêtes chargées de
marchandises. Il faisait très chaud alors. Tout au long du parcours, le nuage accompagnait
Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) pour lui procurer de l’ombre.
Bien que la route fût très longue, les voyageurs ne ressentirent aucune fatigue, et aucun
malentendu n’eut lieu entre eux, tant leur chef, Mohammed (Que la paix et la bénédiction de
Dieu soient sur lui) était bon avec ses compagnons, modeste dans ses attitudes, accordant
toujours aux autres la priorité sur lui-même. Tous furent donc très heureux de ce voyage et
formulèrent le vœu que tous leurs déplacements futurs en soient de même.
Quand ils furent parvenus à la vallée d’où ils pouvaient apercevoir La Mecque, Mayssara
recommanda :
« Ô Mohammed ! Rends-toi chez Khadija et fais-lui part de ce que Dieu a permis que tu
fasses pour elle ».
La caravane entra dans La Mecque et les chameliers firent s’agenouiller leurs montures.
Tous les hommes de Qoreïch étaient venus accueillir leurs marchands. Parmi eux se trouvait
l’oncle de Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui), venu accueillir
son neveu et le féliciter de son retour en bonne santé. Pendant ce temps, les femmes étaient
montées sur les toits pour pouvoir admirer le spectacle. Khadija, quant à elle, se trouvait sur
la terrasse la plus élevée de ses appartements, ce qui lui permit de voir Mohammed sur son


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petit chameau rouge. Elle put également voir le nuage qui lui faisait de l’ombre, ainsi son
esclave Mayssara et tous les chameaux de la caravane. Ce spectacle lui fit très plaisir, car
elle avait pu remarquer que tout le monde était rentré sain et sauf.
La première visite qu’effectua Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur
lui) fut pour la Kaâba autour de laquelle il accomplit le rituel du Tawaf tout en glorifiant Dieu,
en Le remerciant et en formulant des prières.
Pendant ce temps, Mayssara s’était rendu chez Khadija sa maîtresse, très heureux, frais et
dispos, ne montrant aucun signe de fatigue malgré le long voyage qu’il venait d’accomplir. Le
voyant dans un tel état d’excitation, Khadija s’empressa de lui en demander raison. Il se mit
alors à lui raconter tous les phénomènes extraordinaires qu’il avait eu l’occasion de
remarquer tout au long du voyage. Ce fut d’abord l’affaire du nuage qui n’avait jamais quitté
Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui), ni pendant l’aller, ni
pendant le retour, puis il rapporta la bonne nouvelle annoncée par le moine Nestor, l’habitant
de la tour, à savoir que Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui)
avait toutes les caractéristiques du futur prophète ; ensuite Mayssara fit part à sa maîtresse
du comportement exemplaire de Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient
sur lui) avec les commerçants de Syrie et de son refus de commercer avec ceux qui lui
avaient demandé de jurer par « Llat »et « ‘Uzza », ainsi que des commentaires que ces
commerçants firent sur Mohammed ; enfin il aborda la question du comportement de
Mohammed avec ses compagnons de voyage, le respect que ces derniers lui témoignèrent
et leur gratitude envers lui. Il n’oublia pas non plus de mentionner le fait que Mohammed
avait supporté toutes les difficultés et toutes les fatigues sans jamais se plaindre et qu’il avait
toujours su choisir les bonnes marchandises avec aisance.
Pendant tout le temps que parlait Mayssara, Khadija l’écoutait avec très grande attention
avide de connaître la suite du récit, tout comme un malade qui se verrait guérir d’une
maladie longtemps supportée. Elle gardait le silence non seulement pour ne pas interrompre
son interlocuteur, mais surtout pour avoir la possibilité de se concentrer sur le récit que lui
faisait son esclave et d’analyser profondément, avec sa sagesse coutumière et son
intelligence aiguë, les éléments qui lui étaient rapportés.
Elle fut donc très impressionnée par les informations fournies par son esclave et quand ce
dernier eut fini, elle lui demanda :
« Et où est-il maintenant ? »
Il accomplissait le Tawaf autour de la Kaâba en remercient Dieu pour Sa bonté qui avait
permis que toutes les marchandises soient vendues à grand profit.
Dès que le Tawaf fut achevé, Mohammed se rendit auprès de Khadija et il lui rendit les
comptes sur les marchandises vendues et celles achetées, ainsi que les bénéfices. Elle
releva la grande différence entre les gains réalisés par Mohammed et ceux qui l’avaient
précédé. Elle fut donc grandement marquée par la probité, l’honnêteté et la décence de
Mohammed. Cette nouvelle rencontre fut pour elle un évènement des plus heureux, à tel
point qu’elle vécut cette journée comme étant le jour le plus heureux de son existence.
Un sentiment nouveau et inhabituel s’était insinué dans son cœur, ce qui lui faisait vivre le
grand bonheur des retrouvailles avec Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu
soient sur lui). Quand les comptes furent faits, elle lui remit sa part, beaucoup plus
importante que ce qui avait été convenu et que ce qu’elle avait jamais donné à ses
prédécesseurs.
Cependant, malgré tout ce qu’elle venait d’entendre et de vivre, certaines interrogations
persistaient en elle et elle ne parvenait pas à se déclarer satisfaite. Angoissée, elle se rendit
donc chez son oncle Ouaraqa Ibn Naoufal à qui elle fit part de tout ce qu’elle avait entendu
et vu. A ces nouvelles, l’oncle fondit en larmes car il eut la conviction que cet homme dont il
était question était celui dont parlaient les livres saints des religions divines. Il vit en lui les
signes d’une future révélation et l’on affirme qu’à cette occasion. Il composa quelques vers
dans lesquels non seulement il reprenait certaines informations communiquées par sa nièce
Khadija, mais surtout où il annonçait les difficultés qu’allait rencontrer Mohammed (Que la



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paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) dans les premiers temps de la révélation et
surtout sa victoire finale.
Tranquillisée, Khadija rentra chez elle et elle se remit à réfléchir à tous les évènements : ce
que lui avait rapporté Mayssara, les paroles de son oncle, le cas de cet homme qui
deviendrait bientôt le prophète tant attendu de sa nation. Sa perception de Mohammed (Que
la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) en fut totalement transformée et elle se mit à
se demander si leur relation allait se terminer avec le marché qu’ils venaient de conclure, ou
bien si au contraire c’était plutôt le début d’une longue route commune. De plus en plus, sa
droiture, sa probité, sa sincérité et sa foi l’impressionnaient. C’était un homme hors du
commun, qui n’adorait pas les idoles, ne s’intéressait ni à l’argent ni aux amusements
auxquels se livraient tous les hommes de Qoreïch, aussi bien les jeunes que les moins
jeunes. Il avait également un physique attirant, un corps élancé, ce qui la fit penser au
mariage, elle qui avait une quarantaine d’année, avec ce jeune homme qui ne dépassait pas
les vingt-cinq printemps, elle la femme très riche – sachant que de tous les temps, la fortune
a eu une grande importance dans toutes les sociétés -, elle qui avait été demandée en
mariage par les plus riches et les plus puissants de Qoreïch, avec ce jeune homme pauvre,
désargenté. Comment faire pour qu’une femme de son rang, à qui on venait présenter des
demandes, devienne une personne qui demande à son tour ?




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KHADIJA, épouse du Prophète Mohammed




LE MARIAGE AVEC MOHAMMED
(Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui)
De nombreuses autres questions se posaient à elle, auxquelles elle cherchait une réponse.
Cependant, Dieu avait tracé son destin, et elle décida de proposer le mariage à Mohammed
(Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui). Dans ce but, elle fit venir sa sœur Hala
pour la charger de formuler la demande de mariage, mais cette dernière n’en eut pas le
courage. Ce fut donc Ammar qui accepta la mission d’aborder cette question avec
Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui). La mission fut couronnée
de succès, mais Khadija ne fut pas convaincue par la réponse de son messager, et c’est
pourquoi elle convoqua son amie intime Nafissa à qui elle divulgua son secret et qu’elle pria
de la représenter auprès de Mohammed (que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui)
pour formuler la demande.
Nafissa était une ambassadrice digne de confiance qui accepta avec joie la mission qui lui
était confiée. Elle se rendit donc chez Abou Talib où elle rencontra Mohammed (Que la paix
et la bénédiction de Dieu soient sur lui). Elle entreprit de préparer le terrain en lui disant qu’il
devait penser à se marier , à fonder un foyer, maintenant qu’il avait un travail avec Khadija,
ce qui lui assurait un bon avenir dans le domaine du commerce. Elle tenta également de le
persuader du fait qu’il était également devenu un homme plus respecté de ce fait, et que par
conséquent il ne lui restait qu’à choisir la femme qui lui conviendrait pour partager sa vie
avec elle.
Pendant tout ce temps, Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui)
écoutait attentivement et avec humilité l’exposé de son interlocutrice. Quand elle eut fini, il lui
répondit en toute sagesse :
« Mais je n’ai point de quoi me marier !
    - Et si on venait t’offrir beauté, honneurs, fortune et intelligence, accepterais-tu ?
    - Et qui serait cette personne ? demanda à son tour Mohammed (Que la paix et la
        bénédiction de Dieu soient sur lui).
    - Khadija, fille de Khoualid, affirma l’émissaire.
    - Et comment cela pourrait-il se réaliser ?demanda-t-il encore.
    - Du moment que tu acceptes l’offre, je me charge de tout », affirma Nafissa.
Satisfaite de la réussite de sa démarche, Nafissa s’empressa de retourner auprès de son
amie Khadija, très heureuse de lui annoncer la bonne nouvelle : Mohammed (Que la paix et
la bénédiction de Dieu soient sur lui) était d’accord pour conclure le mariage avec Khadija. Il
fallait cependant éviter que des personnes envieuses et malfaisantes puissent intervenir et
détruire ce qui avait été entrepris. Il fut donc décidé par les deux amies que tout devait aller
très vite. C’est pourquoi Mohammed fut immédiatement invité chez Khadija. Dès qu’il arriva,
elle l’accueillit dignement et lui dit :
« Ô mon cousin ! Je t’ai choisi non seulement parce que tu es un proche, mais surtout pour
ta probité, ton honnêteté et ton intégrité ».
C’est en effet une action digne qu’une femme se propose ainsi, par émissaire interposé, en
mariage à un homme qu’elle aime et qu’elle juge digne et pieux.
Après cet entretien, Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) se
rendit chez son oncle Abou Talib et il lui fit part de tout ce qui venait de se passer.
L’oncle fut très heureux de l’offre de Khadija, car il était au courant de tout le prestige dont
jouissait cette dernière auprès des siens. Les deux familles se mirent donc d’accord sur le
jour des fiançailles, c’est-à-dire le moment où la demande serait officiellement présentée, au
vu et au su de tout le monde.
Ce fut une journée mémorable que vécut La Mecque. Toute la ville fut au courant de
l’heureux évènement et tout le monde approuva cette union. Lorsque vint le jour des
fiançailles, la délégation qui accompagnait Mohammed et constituée de Abou Talib, Hamza,
Al Abbas, Zoubayr, Ammar ainsi que de quelques proches et amis, prit contact avec les
représentants de Khadija, qui comprenaient son oncle Amr Ibn Assad, son cousin Ouaraqa


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KHADIJA, épouse du Prophète Mohammed



Ibn Naoufal, Hakim Ibn Hazm, accompagnés de quelques-uns des dignitaires de La Mecque.
Ce fut Abou Talib, l’oncle de Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui)
qui présenta officiellement la demande en mariage en disant :
« Louanges à Dieu qui a fait de nous les descendants d’Abraham et d’Ismaël, les
descendants de Maâd et Moudar. Glorifions Dieu pour avoir fait de nous les gardiens de sa
maison (la Kaâba), ce havre de paix et de sécurité. Remercions également Dieu pour avoir
fait de nous des seigneurs qui commandent aux autres.
Quant à mon neveu Mohammed fils de Abdallah que voici, nul ne peut l’égaler en honneur,
en noblesse en qualités. S’il possède peu d’argent, c’est que la fortune est une ombre
éphémère qu’on perdre et reprendre. Quant à son appartenance sociale, vous connaissez
tous la famille dont il est issu. Je proclame donc que Mohammed demande officiellement en
mariage Khadija fille de Khouaylid et lui présente comme dot ma fortune que voici. De plus,
vous savez tous quel brillant avenir l’attend ». (La dot présentée par l’oncle se composait de
vingt chamelles).
Ce fut l’un des oncles de Khadija, Amr Ibn Assad ou son cousin Ouaraq Ibn Naoufal qui prit
la parole pour répondre à la demande de mariage :
« Louanges à Dieu qui a fait que nous soyons comme ce que tu as dit. Nous remercions
Dieu de nous avoir préférés aux autres en faisant de nous les seigneurs de toutes les tribus
d’Arabie et votre famille n’est pas moins digne. Nul Arabe ne conteste ni la gloire de votre
famille, ni la reconnaissance que nous lui devons tous. Nous sommes donc très heureux de
lier nos deux familles et ce lien nous honore. Je vous fais témoin, ô membre de la famille de
Qoreïch, que je donne comme épouse Khadija fille de Khouaylid à Mohammed fils de
Abdallah ».
Ainsi fut conclu le contrat de mariage et tout le monde fêta cet évènement capital qui
marquait l’union des deux personnes les plus estimées de La Mecque. A l’occasion, Khadija
fit don à Halima Essaadia, la nourrice de Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu
soient sur lui), d’un troupeau de quarante têtes d’ovins en reconnaissance du service qu’elle
avait rendu à Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) en l’allaitant
quand il était enfant et pour lui être restée fidèle. De même, elle fit de nombreuses offrandes
aux plus pauvres et aux déshérités.
Au moment du mariage, Mohammed était âgé de 25 ans alors que son épouse en avait 40,
comme le confirme Hakim Ibn Hazm, neveu de Khadija : « Le prophète (Que la paix et la
bénédiction de Dieu soient sur lui) s’est marié à l’âge de 25 ans, Khadija était plus vieille que
moi de deux ans. Elle est née un an avant l’année de l’éléphant et je suis venu au monde
treize ans après cette date ».
C’est ainsi que les deux époux menèrent une vie heureuse et paisible. L’entente et la
sérénité régnaient en maîtres sur leur foyer. La fortune du couple s’accroissait par la grâce
de Dieu et par la présence de Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur
lui) qui fut toujours une bénédiction pour l’Humanité, depuis sa naissance, et qui le restera
jusqu’au Jour du Jugement dernier. Ce que rapporte à ce sujet Halima Essadia, la nourrice
du Prophète (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) au sujet et de son lait dont
le flot s’était accru, de la vitesse de sa monture qui avait considérablement augmenté, de la
générosité de ses brebis en lait, ne fait que confirmer la présence bénéfique de Mohammed
(Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui). De même, Abou Talib, l’oncle du
Prophète (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) raconte que lorsque
Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) fut de retour chez lui après
un séjour à la campagne chez sa nourrice, il avait coutume de recommander à son épouse,
lui qui avait peu de fortune mais beaucoup d’enfants, de ne jamais présenter la nourriture
qu’en présence de Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient lui), car il était
béni.
Les époux s’occupèrent donc de leur commerce qui ne cessait de s’étendre et de croître, ce
qui fit augmenter par la même occasion leur générosité envers les pauvres et les
nécessiteux, à tel point que leur domicile devint le havre de tous les étrangers, tout comme
le nombre de parents, d’amis et de serviteurs ne cessait d’augmenter. C’est ainsi que Zayd
Ibn Haritha, Baraka l’éthiopienne, Mayssara, Ali Ibn Abi Talib, parmi beaucoup d’autres,


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fréquentaient régulièrement le domicile de Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu
soient sur lui).




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LES ENFANTS
Alors le couple vivait dans la paix et le bonheur, un premier enfant, une fille Zaynad, vint
illuminer de sa présence le foyer du couple. Mohammed (Que la paix et la bénédiction de
Dieu soient sur lui) en fut très heureux, alors que les tribus arabes avaient pour coutume de
préférer la progéniture mâle. Le Prophète (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur
lui), au contraire, accueillit avec bonheur cette fille et il en félicita sa femme. La petite fille
remplissait de joie le foyer lorsqu’un garçon naquit, Al Qassim, surnommé Abou Al Qassim. Il
fut suivi de Roqayya, puis de Oum Kalthoum, puis Abdallah, puis Tayeb et enfin Fatima-
Zahra. Les garçons moururent cependant à bas âge, alors que leurs sœurs grandirent, se
marièrent et certaines d’entre elles eurent à leur tour des descendants qui continuent à se
reproduire jusqu’à nos jours, comme ce fut le cas pour Fatima-Zahra, pour ses fils Al-Hassan
et Al-Houssein (Que la bénédiction de Dieu soit sur elle et sur toute la famille du Messager
de Dieu que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui).




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LA REVELATION
Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) avait pour habitude de
préférer la solitude ; il s’isolait donc souvent pour avoir l’occasion de méditer sur ce que Dieu
avait créé, comme le faisait tout un groupe d’hommes de La Mecque pendant le mois de
Ramadan, tels Amar Ibn Naoufal, Abdallah Ibn Abi Rabi‘a at Thakafi et plusieurs autres
sages de la ville.
Pour cet période de retrait, Khadija préparait pour son mari les provisions nécessaires et il se
retirait dans la grotte de Hiraa pendant toute la durée du mois de Ramadan, réfléchissant à
la Création divine, à la Puissance de Dieu, créateur de cet univers. La Kaaba était
considérée par les Arabes comme un lieu sacré en raison du fait qu’elle représentait les
vestiges légués par leur aïeul Ismaël, fils d’Abraham. C’est la raison pour laquelle de
nombreux Arabes venaient accomplir le pèlerinage et présenter leurs offrandes. On y entrait
alors tout nu, comme au Jour du Jugement Dernier. Avec le temps, les pierres qui en
constituaient les murs commencèrent à s’effriter et il devint nécessaire de restaurer la Kaaba.
Cependant, lorsque les restaurateurs parvinrent à la Pierre noire, un désaccord survint :
chacun voulut avoir l’honneur de remettre la pierre en place. Comme personne ne voulut
faire de concession, la tension augmenta puis atteignit son paroxysme, à tel point qu’on évita
une guerre fratricide que de justesse. Au quatrième jour du conflit, Abou Houdayfa Ibn Al
Moughira parvint à calmer les esprits en proposant :
« Ô peuple ! Je vous propose de considérer comme juge qui nous départagera la première
personne qui franchira la porte de la mosquée ».
Tout le monde accepta la proposition et on se mit à attendre avec impatience l’arrivée du
premier visiteur. Ce fut Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) qui
se présenta et tous s’écrièrent de joie : « C’est l’homme le plus digne de confiance, l’Intègre.
Nous nous soumettrons tous à son jugement ».
On s’empressa donc de lui expliquer l’affaire et il demanda : « Qu’on me donne un tissu ».
On lui remit un grand morceau de tissu qu’il étala par terre, puis il prit la Pierre noire au
milieu de la pièce de tissu et il demanda qu’un homme de chaque tribu prenne un par du
tissu pour soulever la pierre. Dès qu’ils eurent soulevé le tissu, il prit la pierre qu’il remit lui-
même en place. Toutes les personnes présentes furent satisfaites de cette solution.
Lorsque Mohammed eut atteint l’âge de 40 ans, la révélation commença par des visions et
des inspirations et par la rencontre de l’Ange Gabriel chargé de la révélation à tous les
Envoyés de Dieu (Que le salut de Dieu soit sur eux). C’est ainsi que vint le mois de
Ramadan. Il s’était retiré comme à son habitude dans la grotte de Hiraa pour réfléchir et
méditer, et cette fois-çi son retrait dura plus que d’habitude, à tel point que Khadija
commença à s’inquiéter. Elle envoya donc des gens s’informer de son état et ils le trouvèrent
en bonne santé, ce qui tranquillisa son épouse. A l’époque, les prêtres et les moines des
gens du livre attendaient la venue d’un nouveau Messager de Dieu comme de nombreux
signes l’avaient laissé entendre.
Alors que Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui), se trouvait dans
la grotte, il reçut la première révélation de Dieu par l’intermédiaire de l’Ange Gabriel (Que le
salut soit sur lui). L’Ange Gabriel se présenta à lui et lui demanda de lire, mais Mohammed
(Que la paix et bénédiction de Dieu soit sur lui) lui répondit : « Je ne suis point de ceux qui
lisent ». Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) raconte par la
suite :
« L’Ange Gabriel me prit alors et me serra à tel point que je manquai de force. Il me libéra et
me demanda une seconde fois : Lis ! Je répondis encore que je n’étais point de ceux qui
lisent. L’ange me saisit pour la troisième fois et il me pressa tant que je manquais de force
puis il me relâcha et me demanda : Lis au nom de ton Seigneur qui a créé ; Il a créé l’homme
de sang coagulé ; lis et ton Seigneur est le Très Généreux ; qui a enseigné avec la plume ; a
enseigné à l’Homme ce qu’il ne savait pas ». Cela s’était passé pendant le mois de
Ramadan, au cours de la nuit de la valeur, comme l’atteste le verset coranique :


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« Le mois de où a été descendu le Coran comme bonne direction pour les Humains et
comme preuves évidentes de bonne direction pour les Humains, comme preuves évidentes
de bonne direction et du discernement parfait ». (Sourate La Vache, verset 185), ainsi que
« Nous l’avons fait descendre (le Coran) dans la nuit de la valeur ; et d’où peux-tu savoir ce
qu’est la nuit de la valeur ? La nuit de la valeur vaut mieux que mille mois ». (Sourate La
valeur, versets 1 à 3).
Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) fut très effrayé par ce qu’il
venait de vivre et il s’empressa de rentrer chez lui, fiévreux. Khadija l’accueillit avec bonheur
et lui souhaita la bienvenue, mais elle remarqua aussitôt que son époux était perturbé,
inquiet et tremblant de peur, à la différence des autres retours de sa retraite. Il demanda
aussitôt :
« Enveloppez-moi ! Enveloppez-moi ! », Ce qui fut fait sur le champ, jusqu’à ce que sa
frayeur se fût dissipée. Ce n’est qu’alors que Khadija le questionna au sujet de ce qui était
arrivé et il lui raconta tout en détail. Pendant tout le récit, Khadija était très calme, heureuse
d’entendre ce qui lui était rapporté. Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient
sur lui) acheva son récit en disant :
« J’ai cru que j’en mourrais ! »
« Que non ! Certes, jamais Dieu ne t’infligera d’affronts ; car tu es uni avec tes proches, tu
soutiens les faibles, tu donnes à ceux qui n’ont rien, tu héberges les hôtes et tu secours les
victimes des vicissitudes du droit ».
Elle ajouta :
« Sois heureux de la bonne nouvelle, ô mon cousin ! Par celui qui détient l’âme de Khadija,
je formule le vœu que tu sois le prophète de cette nation ».
Puis elle se rendit chez son oncle Ouaraqa Ibn Naoufal à qui elle fit part de ce que son
époux venait de vivre et de voir, et de sa rencontre avec l’Ange Gabriel. Ouaraqa écouta
attentivement, puis il déclara :
« C’est un saint ! C’est un saint ! Par celui qui détient entre Ses mains l’âme de Ouaraqa, tu
dois me croire, ô Khadija ! C’est le grand Confident qu’il a vu, celui qui a été autrefois envoyé
par Dieu à Moïse ! Et j’affirme qu’il est le prophète de cette nation ! Rapporte-lui cette
nouvelle et qu’il se rassure ».
Après cet événement, Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient lui) sortit
pour se rendre à la Kaaba autour de laquelle il entreprit d’accomplir le Tawaf rituel ; alors
qu’il avait fait quelques tours, il rencontra Ouaraqa qui lui dit :
« Ô mon neveu ! Informe-moi au sujet de ce que tu as vu et entendu ! »
Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) le mit au courant de tout ce
qu’il avait vécu, et alors Ouaraqa lui répéta ce qu’il avait déjà dit à Khadija :
« Par celui qui détient entre Ses mains l’âme de Ouaraqa, tu es assurément le prophète de
cette nation ! Cet Ange que tu as vu, c’est le Confident Suprême qui a été autrefois envoyé
par Dieu à Moïse ; tu dois lui accorder foi, ne point le renvoyer ni le combattre ! Ah que je
voudrais encore être vivant à l’époque où tes concitoyens te banniront !
- Ils me chasseront donc, s’écria le Prophète (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient
sur lui) ?
- Oui, reprit Ouaraqa. Jamais un homme n’a apporté ce que tu apportes sans être persécuté !
Si je vis encore ce jour-là, je t’aiderai de toutes mes forces ».
Puis il prit la tête de Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) qu’il
embrassa au sommet du crâne.
Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) rentra chez lui et Ouaraqa
ne tarda pas à mourir quelques temps après.
Quant à Khadija, elle avait beaucoup entendu parler son oncle Ouaraqa de la Révélation, de
l’Ange Gabriel, de la prochaine arrivée du dernier des prophètes ainsi que des signes et
description de ce dernier. Après une interruption qui dura, selon les exégètes, près de trois
années, la Révélation reprit alors que la Prophète (Que la paix et la bénédiction de Dieu
soient sur lui) se trouvait chez lui, en compagnie de Khadija. La sueur commença d’abord à
couler sur son front que Khadija essuyait, puis il demanda à deux reprises : « Couvrez-moi !
Couvrez-moi ! ».


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C’est alors que Dieu révéla les versets suivants :
« Ô toi qui te blottis sous tes couvertures ! Lève-toi et avertis ! » (Sourate Celui qui se blottit
sous ses couvertures, versets 1 et 2).
Quand Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) se fut calmé,
Khadija l’interrogea sur ce qu’il venait de vivre. Il lui répondit :
« C’est l’Ange Gabriel qui est venu et il m’a appris cette sourate ».
Khadija voulut avoir le cœur net et s’assurer qu’il s’agissait bien de l’Ange Gabriel. Elle
demanda donc à son époux.
« La prochaine fois que l’Ange Gabriel viendra te voir, avertis-moi ».
Lorsque l’Ange Gabriel se présenta une nouvelle fois devant Mohammed (Que la paix et la
bénédiction de Dieu soient sur lui), il en informa Khadija : « Voilà l’Ange Gabriel qui se
présente à moi ! dit-il.
- Est-ce que tu le vois ? demanda-t-elle.
- Certes, répondit Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui).
- Mets-toi à ma droite, puis à ma gauche !
Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) s’exécuta. A chaque fois
qu’il changeait de place, Khadija demandait si son époux voyait toujours l’Ange Gabriel. La
réponse de Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) était toujours
affirmative. Elle prit donc son voile et se découvrit la tête, puis elle réitéra sa demande :
« Tu le vois toujours ?
Cette fois-ci, la réponse fut négative. Elle dit alors :
« Ce n’est point démon, c’est bien l’Ange Gabriel ! Ô mon cousin, rassure-toi et accepte la
bonne nouvelle !
Dans une autre version, il est rapporté :
« S’il avait été question d’un démon, il n’aurait point eu de pudeur (en la voyant la tête
découverte) ».
A partir de jour-là, la foi de Khadija s’accrut, et elle devint plus calme, moins inquiète pour
son mari. Elle eut donc l’insigne honneur d’être la première la première, parmi tous les êtres
vivants qui crut en Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) en tant
que prophète. C’est ce qui en fait pour toujours et jusqu’au Jour du Jugement Dernier la plus
grande dame qu’ait connue l’Humanité. C’est en effet la femme qui jamais ne s’est
prosternée devant des statues durant la période anté-islamique, ni jamais n’a présenté
d’offrandes aux idoles adorées alors. Jamais non plus elle ne fit de promesse, ni ne prit
d’engagement envers les divinités auxquelles croyaient ses concitoyens, tout comme elle ne
prit jamais part aux assemblées de débauches auxquelles assistaient ses congénères. Au
contraire, elle fit toujours preuve de la plus grande pureté, et fut dénuée de tous les défauts
des gens de son époque, comme si elle avait été préparée pour assumer aux côtés de son
mari le poids du message divin, message qui a transformé le cours de l’Histoire de
l’Humanité tout entière et qui a fait sortir les êtres humains de l’obscurité vers la lumière. La
révélation a en effet permis de prévenir l’être humain du sort qui l’attend.
« Ô Khadija ! L’ère du sommeil et du repos s’est achevée. J’ai reçu l’ordre de mettre au
grand jour ce qui m’est révélé ».
Ibn Ishak a affirmé à ce sujet :
« [Khadija] fut la première femme à croire en Dieu et en son messager et elle accorda foi à
ce qui avait été révélé. Cette foi fut un soulagement pour le Prophète (Que la paix et la
bénédiction de Dieu soient sur lui) car son épouse le réconfortait chaque fois qu’il était
profondément blessé par les médisances et les attaques de ses ennemis, de même qu’elle
lui apportait constamment son soutien pour que son courage ne fléchisse jamais et qu’il
poursuive sa mission et ait toujours la force de supporter les attaques de ceux qui voyaient
en lui un ennemi (Que Dieu ait pitié de son âme).
Après Khadija, ce furent bientôt tous les occupants de sa maison, qu’il s’agisse des plus
jeunes comme Ali, Zayd, ou de toutes les filles du Prophète (Que la paix et la bénédiction de
Dieu soient sur lui) qui se convertirent à l’islam.
Ibn Ishak ajoute :



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« L’Ange Gabriel (Que le salut de Dieu soit sur lui) se présenta une nouvelle fois devant le
Messager de Dieu (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) lorsque
l’accomplissement de l’office devint obligatoire ; il frappa un coup sur un monticule près de la
vallée et une source jaillit. L’Ange Gabriel accomplit ses ablutions, puis Mohammed (Que la
paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) fit comme lui. Gabriel accomplit alors un office
de deux rak’aa, à savoir quatre prosternations, puis le Messager de Dieu (Que la paix et la
bénédiction de Dieu soient sur lui) fit de même. Il rentra ensuite chez lui, plus calme, plus
rasséréné par les versets qui venaient de lui être révélés. Il prit la main de Khadija et ils
restèrent ainsi jusqu’à ce qu’ils soient tous les deux totalement calmés, puis il fit ses
ablutions comme avait fait Gabriel et il accomplit un office de deux rak’aa et quatre
prosternations, accompagné par Khadija, car cet accomplissement de l’office se faisait dans
le plus grand secret.
Selon une autre version, le Messager de Dieu (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient
sur lui) s’était rendu sur la montagne qui surplombe La Mecque, et là il reçut la visite de
l’Ange Gabriel qui lui apprit comment faire ses ablutions et comment accomplir l’office. Ce
dernier fit ses ablutions devant le Messager de Dieu (Que la paix et la bénédiction de Dieu
soient sur lui), puis il accomplit l’office alors que Mohammed (Que la paix et la bénédiction
de Dieu soient sur lui) l’observait, et quand il eut terminé, le Prophète fit exactement comme
il venait d’apprendre. Il rentra ensuite chez lui et demanda à Khadija qu’elle lui apportât de
l’eau. Quand ce fut fait, il répéta les ablutions qu’il venait d’apprendre, puis demanda à
Khadija de faire comme lui ; Quand elle eut achevé ses ablutions, il accomplit l’office sous
son regard, puis elle fit comme lui. Ce fut là le premier office accompli avant que les cinq
offices ne soient prescrits durant la nuit de l’ascension et Khadija eut l’insigne honneur d’être
la première croyante sur terre à s’incliner et à se prosterner devant Dieu, Le Maître de
l’univers. Il n’était alors question que de deux offices quotidiens : L’un avant le lever du soleil
et l’autre au coucher du soleil. Khadija fut également la première femme à apprendre à ses
filles l’accomplissement de l’office. Quant au premier garçon qui accomplit l’office, ce fut Ali
(Que Dieu soit satisfait de lui).
Khadija fut également d’une aide précieuse pour le Prophète (Que la paix et la bénédiction
de Dieu soient sur lui) car elle entreprit de répandre l’islam parmi les femmes qoreïchites en
les invitant à abandonner l’adoration des idoles et à se tourner vers Dieu, et c’est ainsi que
bientôt la rejoignit la femme de Al Abbas Ibn Abi Talib.
A ce propos, Afif Al-Hakim raconte :
« J’étais alors commerçant et je m’étais rendu à La Mecque pour le pèlerinage. J’en profitais
pour rendre visite à Al-Abbas Ibn Abd El Mouttalib pour lui acheter quelques marchandises ;
mon ami se faisait en effet parvenir du parfum du Yémen, qu’il revendait pendant la période
du pèlerinage. Alors que Al-Abbas et moi-même nous trouvions dans l’enceinte du temple
sacré, un homme d’âge mûr sortit par une porte dérobée, puis il se dirigea vers la Kaâba et il
se mit à accomplir l’office. Il fut bientôt rejoint par un jeune garçon qui se plaça sur son côté
et entreprit également d’accomplir l’office ; enfin, une femme arriva et se plaça derrière eux,
puis elle les suivit dans leur pratique. L’homme s’inclina, le garçon le suivit pour la femme en
fit de même à son tour. Je demandai alors : « Qu’est-ce que c’est, ô Al-Abbas ? » Il me
répondit : « C’est Mohammed Ibn Abdallah, mon neveu. Il prétend que Dieu l’a envoyé
comme messager ; quant au garçon que voici, c’est Ali Ibn Abi Talib et la femme est Khadija,
la fille de Khouaylid, épouse de Mohammed. Personne d’autre ne l’a suivi, excepté son
épouse et son cousin et je jure que sur terre il n’existe personne qui ait adopté cette religion
en dehors de ces trois-là ».
Rapporté par Tabari.
C’est pour cette raison que Ali (Que Dieu soit satisfait de lui) se glorifiait en récitant ces vers :
« Je vous ai tous précédés dans l’Islam
Enfant, avant que d’avoir atteint ma puberté ».
De même, Kaab Ibn Zoheir immortalisa ce fait en récitant des vers.
Petit à petit, la lumière de l’Islam commença à poindre et à illuminer la terre. Le Prophète
(Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) prit contact avec son fidèle compagnon
Abou Bakr Ibn Qohafa qui jouissait parmi les siens d’une très grande estime non seulement


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KHADIJA, épouse du Prophète Mohammed



pour sa sagesse et sa probité, mais aussi pour sa sincérité et sa franchise, et il lui demanda
d’adorer Dieu sans rien Lui associer, puis il lui récita quelques versets du Coran.
Abou Bakr écouta très attentivement les douces paroles qui sortaient de la bouche de
Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) et son cœur s’ouvrit pour
accueillir la foi en Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) et le
message qu’il apportait. Il se convertit à l’islam et prononça l’acte de foi, la « chahada », en
attestant qu’il n’y a de Dieu qu’Allah et que Mohammed est Son messager. Le Prophète
(Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) fut très heureux de cette conversion
immédiate du premier homme qui avait appelé à l’islam, à tel point qu’il dit :
« Je n’ai point appelé quelqu’un à l’islam sans que son visage ne se rembrunisse, à
l’exception de Abou Bakr ».
Abou Ishak, quant à lui, affirme :
« Quand Abou Bakr se fut converti, il afficha aussitôt son islamisme et il commença à
appeler à la conversion et au retour à Dieu. Abou Bakr jouissait en effet de beaucoup
d’estime parmi les siens, car c’était un homme très sociable, d’un abord facile ; il était issu de
la meilleure souche de Qoreïch et il savait mieux que quiconque les qualités et les défauts
des Qoreïchites. C’était également un commerçant très honnête et bien instruit des faits de
négoce, ce qui faisait venir à lui ses connaissances pour lui demander conseil ou simplement
le consulter pour tout ce qui le touchait, tant on avait confiance en lui pour son savoir et son
accueil chaleureux. Il profita donc de ces contacts pour répandre l’Islam parmi tous ceux qui
le côtoyaient ou venaient le voir ».
A ce propos, on demanda un jour à Ibn Al-Abbas qui avait été le premier homme à se
convertir à l’Islam et il répondit :
« N’avez-vous point entendu Hassan Ibn Thabit réciter ces vers où il affirme que le frère qui
mérite le plus le crédit est Abou Bakr, le meilleur des hommes, le plus croyant et le plus juste
après le Prophète et le plus croyant, le plus fidèle, le second dans la foi et le premier à avoir
accordé sa confiance au Messager de Dieu (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur
lui) ? »
De son côté, dès que Khadija entendit parler de la conversion de Abou Bakr, elle ressentit
une grande joie car elle le savait digne de confiance, honnête et sincère dans son commerce,
très estimé dans la ville. Grâce à ses efforts à elle, la conversion de Abou Bakr fut suivie de
celle de Soumaya, fille de Khoubat, Fatima , la sœur de Omar Ibn Al Khattab, Oum Al Fadl
Loubana, fille de Al Harith et épouse de Al-Abbas, Asmaa’, la fille de Abou Bakr, Soua’da fille
de Karzid et tante maternelle de Othmane Ibn Affane, ainsi que d’autres femmes.
Le Prophète (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui), pour sa part, était très actif
au sein des hommes. Et pendant qu’il affrontait les obstacles que lui dressaient des ennemis,
Khadija devait, parmi les femmes, combattre les associatrices comme Oum Jamil, la femme
de Abou Lahab, qui menait, parmi les femmes qoreïchites, une campagne féroce et
soutenue contre elle, afin qu’aucune femme ne se rende chez elle ni auprès de son époux
Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui), cherchant ainsi à éviter
toute nouvelle conversion et toute foi en un dieu unique.
Ainsi, l’appel à l’Islam venait d’entrer dans une nouvelle phase et il était passé du secret au
grand jour, comme en témoigne les versets suivants :
« Expose donc clairement ce qu’on t’a demandé et détourne-toi des associateurs ».(Sourate
Al Hijr, verset 94) et « Ô Messager ! Transmets ce qui t’a été descendu de ton Seigneur et si
tu ne le fais pas tu n’as point fait parvenir Son message. Dieu te préserve des Humains. Dieu
ne guide certainement pas la gent mécréante ». (Sourate Le festin, verset 67).
Les Qoreïchites commencèrent à voir le poids et la dimension de l’Islam grandir de jour en
jour en constatant qu’aussi bien leurs maîtres, leurs femmes que leurs esclaves se
convertissaient les uns après les autres. Ils entreprirent par conséquent de torturer tous ceux
qu’ils pouvaient essayer de dissuader de suivre la nouvelle religion monothéiste. Ils
commencèrent par la famille de Yassir, et c’est ainsi que l’Islam connut sa première femme
martyre : Soumaya, la mère de Ammar Ibn Yassir Al Ansi, tuée par Abou Jahl. C’est à cette
femme (Que Dieu soit satisfait d’elle) que revient l’insigne mérite d’honorer toutes les
femmes croyantes pour avoir été la première femme victime de la persécution des


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Qoreïchites. Elle fut bientôt rejointe par Yassir, ces deux personnes à qui le Messager de
Dieu (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) annonça la bonne nouvelle de
l’accès au paradis.
Khadija fut très touchée par la mort de ces deux êtres chers, mais le nombre de persécutés
ne cessa d’augmenter. Ce fut bientôt le tour de Zinnirah qui perdit la vue sous la torture. Ce
fut un évènement marquant car son tortionnaire, Abou Jahl, la voyant devenue aveugle, lui
dit :
« Ce sont Llat et ’Uzza qui t’ont aveuglée ! »
Cette femme courageuse lui répondit :
« Llat et ’Uzza ignorent même qui les adore ; ce qui m’arrive est par la volonté de Dieu et Il
peut me rendre la vue ».
Elle adressa des prières à Dieu et elles furent exaucées le soir même. Les Qoreïchites
prétendirent alors que ce n’était qu’un effet de la magie de Mohammed (Que la paix et la
bénédiction de Dieu soient sur lui). Abou Bakr acheta Zinnirah et l’affranchit, mais tous ces
évènements ne qu’augmenter la crainte et la férocité des Qoreïchites. Ils utilisèrent donc
tous les moyens pour empêcher les pèlerins et les marchands de prendre contact avec les
musulmans, de crainte qu’ils ne se convertissent. Ils dépêchèrent également des émissaires
à toutes les tribus pour les prévenir contres dangers de la nouvelle religion. Ils allèrent même
jusqu’à charger l’oncle de Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui)
de lui faire les offres les plus alléchantes pour qu’il abandonne sa mission, mais le Prophète
(Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) répondit :
« Par Dieu mon oncle ! Même s’ils apportaient le soleil dans la main droite et la lune dans la
main gauche pour que j’abandonne cette mission, je ne le ferais point jusqu’à ce que Dieu la
fasse disparaître ou que je meurs auparavant ».
Lorsque la persécution devint trop forte, certains parmis les musulmans furent contraints de
s’exiler en Abyssinie. Khadija resta toujours aux côtés de son mari pour le réconforter, le
soulager, l’encourager et faire en sorte qu’il ne manque d’aucun confort chez lui. C’est alors
que la bonne nouvelle de l’entrée au paradis de Khadija arriva comme le rapporte Al
Boukhari : « Abou Horeira (Que Dieu soit satisfait de lui) rapporte que le Messager de Dieu
(Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) a dit : Gabriel m’est apparu et il m’a dit :
« Ô Messager de Dieu ! Voilà Khadija qui vient te voir avec un plat contenant de la nourriture
ou une boisson. Quand elle arrivera, tu la salueras de la part de son Seigneur et de la
mienne et tu lui annonceras la bonne nouvelle d’une demeure en osier au paradis où elle ne
trouvera ni ennui, ni fatigue ».
Khadija lui dit : « Dieu est la paix, et de Lui la paix vient et paix sur Gabriel ».
Cette demeure a été décrite en détail plus tard par le Prophète (Que la paix et la bénédiction
de Dieu soient sur lui) à sa fille Fatima-Zahra comme étant un palais en osier serti de perles
et de diamants, destiné non seulement à Khadija, mais également à toutes les croyantes de
tous temps et de tous les lieux. C’est une promesse de Dieu, et Dieu ne faillit jamais à Ses
promesses.
La persécution des musulmans battait son plein, conduite notamment par Abou Lahab, le
propre oncle du Prophète (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) et sa femme
Oum Jamil qui était, comme l’ont décrite plusieurs ouvrages, une femme borgne, hideuse et
de petite taille. C’était l’une des pires femmes de Qoreïch, connue pour sa méchanceté et sa
médisance, n’ayant aucun respect pour son voisin, jalouse de toute femme ayant une
certaine beauté. Personne ne la respectait à cause de sa mauvaise langue de vipère ; elle
avait pour habitude d’accueillir chez elle des salons de débauche. Elle éprouvait donc une
grande haine pour Khadija qui était réputée pour sa pureté, qui ne participait jamais à ses
séances de débauche et enfin parce qu’elle était l’épouse d’un messager de Dieu.
Ainsi, lorsque furent révélées les paroles de Dieu : « Mets en garde tes parents les plus
proches » (Sourate les Poètes, verset 214), le Prophète (Que la paix et la bénédiction de
Dieu soient sur lui) réunit les clans des Banou Abd El Mouttalib et des Banou Hachim pour
leur transmettre qu’il n’était qu’un « avertisseur annonçant un terrible châtiment » (Sourate
Saba, verset 46). Abou Lahab fut furieux. Il répondit : « Malheur à toi ! Ne nous as-tu réunis



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que pour nous dire cela ? » C’est à cette occasion que Dieu révéla la Sourate « Le
Chanvre » annonçant l’enfer à Abou Lahab et à son épouse. Ce ne fut pas pour les calmer.
Au contraire, leur haine augmenta à tel point qu’ils enjoignirent leurs deux fils de divorcer
d’avec les deux filles du Messager (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui),
Roqayya et Oum Kalthoum.
Quant à la femme de Abou Lahab, elle ordonna à ses fils d’insulter le Prophète (Que la paix
et la bénédiction de Dieu soient sur lui), ce que n’hésita pas à faire l’un de ses fils, Ataba. Le
Prophète fut si en colère contre les insultes qu’il venait d’entendre qu’il formula la prière
suivante : « Seigneur ! Envoie sur lui l’un de tes chiens ! ». Quelques temps après, Abou
Lahab, accompagné de son fils Ataba, décida de se rendre en Syrie en compagnie d’une
caravane de commerçants. Abou Lahab n’était pas tranquille car il craignait les effets de la
prière du Messager de Dieu Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui).
En cours de route, ils firent halte au pied d’une tour où vivait un moine. Lorsque ce dernier vit
les caravaniers s’installer, il descendit pour les avertir de la présence de bêtes sauvages
dans les environs. Abou Lahab se souvint alors de la prière du Prophète (Que la paix et la
bénédiction de Dieu soient sur lui) et sa peur grandit. Il s’adressa à tous ses compagnons de
voyage pour leur demander :
« Ô peuple de Qoreïch : Venez-moi en aide cette nuit, car je crains pour mon fils les effets
de la prière de Mohammed. Rassemblez toutes vos affaires et installez-vous à l’intérieur de
la tour. Vous mettrez mon fils au milieu des vôtres et en récompense je vous offre mille
dinars ». Les marchands firent comme il leur avait été demandé et ils se couchèrent de façon
à ce que Ataba soit protégé de toutes parts. Au milieu de la nuit, une bête sauvage arriva et
après avoir reniflé les visages des dormeurs, fondit sur Ataba et déchiqueta son corps,
séparant la tête du tronc. A leur réveil, les commerçants furent horrifiés par le spectacle qui
se présenta alors à eux et Abou Lahab ne put que faire le commentaire suivant : « Je savais
par Dieu qu’il ne pouvait éviter les effets de la prière de Mohammed ».
Après le divorce de ses deux filles, Khadija fut très malheureuse, mais elle ne le laissa pas
paraître, convaincue que Dieu ne les abandonnerait pas. En effet, Roqayya ne tarda pas à
se remarier avec Othmane Ibn Affane.
Pendant ce temps, les complots contre le Prophète (Que la paix et la bénédiction de Dieu
soient sur lui) ne faisaient qu’augmenter et prendre toutes les formes, alors que l’étendue et
l’importance de l’Islam prenait de plus en plus d’ampleur. Hamza Ibn Abd El Mouttalib s’était
converti à son tour et certains des croyants s’étaient exilés en Abyssinie. Le Prophète (Que
la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) et quelques-uns de ses compagnons, malgré
tous les obstacles, avaient pu entrer en contact avec les pèlerins venus de toutes parts. Les
Qoreïchites commencèrent alors à craindre sérieusement pour leur avenir, et c’est pourquoi
tous les hommes influents se réunirent pour décider de couper tout contact avec les Banou
Hachim et les Banou Abd Al Mouttalib et de les exclure vers les collines des environs de La
Mecque. Personne ne devait plus chercher ni à commercer, ni à se lier avec ces deux
familles par un quelconque lien matrimonial. Ils allèrent même jusqu’à menacer toutes les
autres tribus des pires représailles au cas où le blocus total ne serait pas respecté. Le pacte
fut rédigé sur un document que l’on afficha bien en vue à l’intérieur de la Kaaba.




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LE BLOCUS
Les Banou Hachim et les Banou Abd El Mouttalib furent donc contraints de quitter la ville,
acceptant l’exil et le blocus, alors qu’ils étaient les véritables seigneurs de Qoreïch et ses
plus grands commerçants, plutôt que d’abandonner Mohammed (Que la paix et la
bénédiction de Dieu soient sur lui) et de le livrer à ses ennemis, rejetant toutes les offres
alléchantes faites par Qoreïch. Parmi les membres des deux clans, seul Abou Lahab, vaincu
et contraint par sa femme Oum Jamil, était resté à La Mecque parmi les ennemis jurés du
Prophète (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui), rejeté et déconsidéré par les
siens.
Khadija, fille de Khouaylid, fidèle, avait accompagné son époux Mohammed (Que la paix et
la bénédiction de Dieu soient sur lui) dans cet exil. Son courage, sa foi et sa résignation
l’avaient aidée à sacrifier sa vaste demeure, sa vie aisée, ses ustensiles de grande valeur,
son commerce florissant pour mener, aux côtés de son mari et en compagnie de tous ceux
qui avaient été victimes des injustices de Qoreïch, une vie plus difficile, faite de privations, en
vue de répandre la bonne parole, de rétablir la justice, le droit et l’unicité de Dieu. Elle était
venue s’installer dans ces lieux déserts où il n’y avait que sable et pierres, chaleur et froid,
faim et soif ; elle supportait cette vie pénible malgré son âge qui dépassait la soixantaine,
tant elle avait la conviction et la foi en une victoire prochaine. C’était une rude épreuve
qu’elle devait supporter avec ses deux filles Oum Kalthoum et Fatima-Zahra (Que Dieu soit
satisfaits d’elles), comme les épreuves que doivent supporter tous les croyants de tous
temps et en tous lieux pour forger leur foi. Quand à Zaynab, elle était chez Abou Al’as et
Roqayya s’était exilée en Abyssinie en compagnie de son mari Othmane Ibn Affane (Que
Dieu soit satisfait d’eux).
La première année d’exil s’écoula. Tout le groupe d’exilés avait pu résister grâce à la
solidarité de tous, chacun dépensant du peu qu’il avait pu sauver lors de son départ forcé.
Khadija également avait contribué avec tout ce qu’elle possédait. Mais le blocus avait duré
plus longtemps que ce qu’ils possédaient tous, du plus pauvre au plus riche, et ils se
retrouvèrent complètement démunis. Les quelques parents restés à La Mecque
commencèrent à envoyer en cachette de la nourriture, par solidarité, par gratitude et en
reconnaissance de tout ce qu’avait fait pour eux Khadija. C’est ainsi que les proches des
Banou Hachim et des Banou Abd El Mouttalib restaient fidèles bien qu’ils ne se fussent pas
convertis à l’Islam. Pendant ce temps, le désaccord commençait à prendre de l’ampleur
parmi les ennemis des musulmans, car une grande partie des exilés étaient les
commerçants de la ville, ce qui n’était pas sans effet sur les activités commerciales de la ville.
Certains trouvaient que le blocus avait trop duré, car ils voyaient les leur souffrir de toutes les
privations, comme ce fut le cas du clan de Khadija, les Banou Assad. On découvrit un jour
qu’un cousin de Khadija, lui avait fait parvenir de la nourriture en cachette, et le conflit éclata
entre les persécuteurs. Une assemblée se réunit et certains décidèrent de plus tenir compte
du blocus et de passer outre l’accord établi. Mohammed (Que la paix et la Bénédiction de
Dieu soient sur lui) fut informé de la réunion et il envoya l’un des hommes annoncer aux
Mecquois que le document avait été dévoré par les mites et qu’il n’en restait plus que les
noms de Dieu et de Mohammed. Les tortionnaires s’empressèrent d’aller vérifier, les plus
favorables à la fin du blocus étant contents de pouvoir déchirer enfin le document, mais ils
ne trouvèrent que ce que l’ambassadeur du Prophète (Que la paix et la bénédiction de Dieu
soient sur lui) leur avait dit. Ils durent se rendre à l’évidence et croire en ce que Mohammed
leur avait transmis. Ce fut alors la fin du blocus qui avait duré trois ans.




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LE RETOUR ET LE DECES
La nouvelle de la fin du blocus fut accueillie avec bonheur par les exilés, car c’étaient enfin
pour eux le signal du retour dans leurs familles, l’occasion de retrouver leurs maisons, leurs
foyers, leurs biens. De cette épreuve, les musulmans sortirent plus déterminés à poursuivre
leur combat, leur foi en Dieu renforcée, et prêt à supporter toutes les difficultés futures pour
être au service de l’Islam. Khadija avait alors atteint les soixante-cinq ans et les privations
qu’elle avait dû endurer pendant son exil l’avaient rendu malade, mais elle se sentait plus
forte par sa foi et son acceptation du destin que Dieu lui avait réservé. Elle retrouva donc
avec joie sa maison et ouvrit ses portes à tous, comme cela avait toujours été le cas. La
révélation continua à illuminer sa maison, ajoutant éclat sur éclat, ce qui ne faisait que
raffermir sa générosité, sa foi et son endurance. Elle ne regrettait ni sa santé, ni sa fortune,
toutes dépensées au service de Dieu. Mais les séquelles du blocus l’avaient minée et malgré
tous ses efforts pour tantôt supporter la maladie, tantôt se soigner, elle finit par se trouver
dans l’obligation de garder le lit. Le prophète resta à ses côtés pour la veiller et lui tenir
compagnie pendant que ses filles et d’autres croyantes s’occupaient du foyer et se mettaient
à son service. La fin approcha cependant et son âme se retourna, satisfaite, auprès de Son
créateur, heureuse de voir se réaliser la promesse du paradis faite par Dieu.
La nouvelle de sa mort se répandit aussitôt dans La Mecque et elle fit le même effet qu’une
tornade. Khadija avait été en effet pour tous les musulmans, hommes et femmes, d’un grand
soutien et d’un grand réconfort, soulageant les uns avec sa fortune, les autres avec sa
sagesse et sa gestion raisonnée des affaires des croyants. Le jour de sa mort fut une
journée noire pour tous les croyants dont les cœurs furent attristés et dont les yeux versèrent
de chaudes larmes. Quant à la tristesse du Messager de Dieu (Que la paix et la bénédiction
de Dieu soient sur lui), elle fut immense et la perte de son épouse le marqua à tel point qu’il
parla « d’année du malheur ». En effet, c’est au cours de la même période qu’il vit mourir son
oncle qui l’avait toujours soutenu, puis ce fut le tour de Khadija qui avait été son premier
lieutenant, celle qui l’avait aidé à supporter le poids du combat incessant qu’il avait dû mener
jusqu’àlors.
La dépouille de Khadija fut transportée par les croyant jusqu’au cimetière d’Al Hajoune. Le
Messager de Dieu (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) mit lui-même la pure
dépouille de son épouse dans le tombeau. C’était par une triste journée mémorable du mois
de Ramadan de la dixième année depuis le début de la mission du Prophète (Que la paix et
la bénédiction de Dieu soient sur lui). Khadija avait soixante-cinq ans, dont vingt-cinq avaient
été vécus aux côtés de l’être le plus béni. Jamais, au cours de ces années de vie commune,
le Prophète (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) n’avait remarqué de
défaillance, de manquement à ses devoirs ni de défaut chez cette femme parfaite,
exemplaire. C’est ce qui explique pourquoi, à la différence des habitudes de Qoreïch, il n’a
jamais pensé à se marier une seconde fois, alors que ces concitoyens avaient deux ou trois
épouses à la fois. Comment pouvait-il en effet penser à trouver plus parfait que cette femme
dévouée qui l’avait soutenu avec sa fortune, au point qu’il en disposait comme la sienne
propre, distribuant aux pauvres, aux nécessiteux et aux proches ? Ces vingt-cinq années de
vie commune restèrent à tout jamais gravées dans sa mémoire, et jamais plus il n’oublia
cette femme admirable dont il parlait très souvent. A ce sujet, Ibn Ishaq affirme :
« Khadija, fille de Khouaylid, et Abou Talib moururent au cours de la même année et les
malheurs se succédèrent sur le Messager de Dieu (Que la paix et la bénédiction de Dieu
soient sur lui) à la suite de la disparition de Khadija qui avait été un véritable ministre fidèle à
l’Islam, et à la suite de la mort de son oncle Abou Talib, son soutien et son défenseur ; cela
arriva trois ans avant l’exil (l’Hégire) ».




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LES FASTES DE KHADIJA
1- Un jour, Khaoula, fille de Hakim dit au Prophète (Que la paix et la bénédiction de Dieu
soient sur lui) :
« Ô Messager de Dieu ! C’est comme si la perte de Khadija, fille de Khouaylid, te faisait
souffrir ! » Le Prophète (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) lui répondit :
« Certes, c’était la maîtresse du foyer et la mère des croyants ». Après cette réponse, elle lui
proposa de se remarier, mais le Messager de Dieu (Que la paix et la bénédiction de Dieu
soient sur lui) répondit : « Et qui pourrait venir après elle ? », comme pour dire qu’aucune
femme comme elle ne pouvait exister au monde.
2- Selon Abdallah Ibn Abbas (Que Dieu soit satisfait de lui), le Messager de Dieu (Que la
paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) traça un jour quatre traits sur le sol, puis il
demanda : « Savez-vous ce que cela signifie ? » Nous répondîmes : « Dieu seul et son
Messager sont ceux qui savent ». Il dit : « Les meilleures femmes de tous les mondes sont
au nombre de quatre : Marie, fille de Imrane, Assya, fille de Mouzahim, épouse de Pharaon,
Khadija, fille de Khouaylid et Fatima, fille de Mohammed ».
3- Selon Ali Ibn Abou Talib, (Que Dieu honore son visage), le Messager de Dieu (Que la paix
et la bénédiction de Dieu soient sur lui) a dit : « La meilleure des femmes a été Marie et la
meilleure des femmes est Khadija », rapporté par Al Boukhari.
4- Selon Abou Zar’aa, Abou Horeira a rapporté que le Prophète (Que la paix et la
bénédiction de Dieu soient sur lui) a dit : « Gabriel m’est apparu et il m’a dit : « Ô Messager
de Dieu ! Voilà Khadija qui vient te voir avec un plat contenant de la nourriture ou une
boisson. Quand elle arrivera, tu la saluera de la part de son Seigneur et de la mienne et tu lui
annonceras la bonne nouvelle d’une demeure en osier au paradis, où elle n’éprouvera ni
ennui, ni fatigue ». Rapporté par Al Bahyaqi.
5- Ibn Razin a rapporté que le Messager de Dieu (Que la paix et la bénédiction de Dieu
soient sur lui) a dit : « Il y eut beaucoup d’hommes parfaits, mais il n’y a eu que quatre
femmes parfaites : Marie, fille de Imrane, Assya, épouse de Pharaon, Khadija, fille de
Khouaylid, Fatima, fille de Mohammed, et le mérite de Aïcha sur toutes les femmes est
comme le mérite du « thérid » sur tout les mets », rapporté par Moslim, Al Boukhari et Tirmidi.
6- On rapporte que Aïcha (Que Dieu soit satisfait d’elle) a dit : « Le messager de Dieu (Que
la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) était à peine sorti de la maison qu’il parlait
Khadija dans les termes les plus élogieux. Un jour qu’il la mentionna, j’en ressentis quelque
jalousie et je dis : « Ce n’était qu’une vieille femme et Dieu t’a doté d’une meilleure épouse ».
Il fut alors tellement en colère que je sentis le devant de ses cheveux frémir de colère. Il
répondit : « Par Dieu, que non, Dieu ne l’a pas remplacée par une meilleure, car elle a cru en
moi quand les autres me traitaient de menteur, elle m’a soutenu avec sa fortune quand les
gens m’ont privé de tout et Dieu Tout-Puissant a permis qu’elle me donne un fils, ce que
d’autres femmes ne m’ont pas donné ». Au fond de moi-même, ajoute Aïcha, je me promis
de ne plus jamais en parler en mal ».
7- Alors qu’il était à Médine, Le Messager de Dieu (Que la paix et la bénédiction de Dieu
soient sur lui) reçut la visite de Oum Zafar qui avait été la coiffeuse de Khadija et il lui
réserva le meilleur accueil puis il dit : « Cette femme nous coiffait du temps de Khadija et la
fidélité est un acte de foi ».
8- Aïcha rapporte : « Jamais je n’ai été jalouse d’aucune femme du Prophète (Que la paix et
la bénédiction de Dieu soient sur lui) comme je l’ai été de Khadija que je n’avais jamais vue
mais que le Prophète citait constamment et parfois il égorgeait un mouton et le découpait en
morceaux qu’il distribuait pour le bien de l’âme de Khadija, au point que je dis un
jour : « C’est comme s’il n’y avait eu au monde que Khadija. Il me répondit : « Elle fut ceci et
cela et d’elle j’eus un fils ». Rapporté par Al Boukhari.



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9- Un jour, une vieille femme se rendit auprès du Prophète (Que la paix et la bénédiction de
Dieu soient sur lui) à Médine alors qu’il se trouvait chez Aïcha. Il l’accueillit chaleureusement
et il étala sa couverture sur laquelle il la fit s’asseoir, puis il fut très généreux avec elle.
Quand elle fut partie, Aïcha voulut savoir qui était cette femme et le Messager de Dieu (Que
la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) lui répondit : « Cette femme rendait souvent
visite à Khadija ».
Ainsi, Khadija a été la bien-aimée du Prophète (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient
sur lui), la femme qu’il a tellement aimée qu’il a déclaré que Dieu lui avait fait don de son
amour. Que Dieu soit satisfait d’elle durant sa vie et après sa mort et qu’Il lui fasse profiter de
son palais au paradis auprès de son époux Mohammed (Que la paix et la bénédiction de
Dieu soient sur lui).
                                                           Ce résumé a été achevé avec l’aide et par la grâce
                                                            de Dieu Maître de l’univers au mois de mars 2001
                                                                      à Paris par Fdal Haja Al Hassani Al fijiji.




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                                            Table des matières

Préface .............................................................................................................................. 4
DES MERITES DE LA MERE DES CROYANTS ............................................................... 5
LA PERIODE DES PREMIERS MARIAGES ...................................................................... 7
  La personnalité de Khadija ............................................................................................. 7
  Le mariage ..................................................................................................................... 7
VOYAGE DE NEGOCE ..................................................................................................... 9
  La rencontre avec Mohammed ....................................................................................... 9
LE MARIAGE AVEC MOHAMMED...................................................................................13
LES ENFANTS .................................................................................................................16
LA REVELATION..............................................................................................................17
LE BLOCUS .....................................................................................................................24
LE RETOUR ET LE DECES .............................................................................................25
LES FASTES DE KHADIJA ..............................................................................................26




                                                               28/29
KHADIJA, épouse du Prophète Mohammed




                Khadija,
           La Femme Pure
  Ce livre donne un aperçu sur la
     vie d’une Grande Femme
   Khadija, épouse du Prophète
 Mohammed, à qui Dieu a fait don
   de son Amour. C’est la Sage,
     l’Intelligente et la Belle, la
Maîtresse des Dames des Qoreïch,
 celle a qui Dieu promet un Palais
         en osier au Paradis.
   La première femme de l’Islam
               Orthodoxe.




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  • 1. KHADIJA, épouse du Prophète Mohammed 1/29
  • 2. KHADIJA, épouse du Prophète Mohammed ْ ‫ـ ـــ‬ ‫اـ‬ ّ ‫ـ ـــــ ﷲ ا‬ Au nom de Dieu le miséricordieux par essence et par excellence 2/29
  • 3. KHADIJA, épouse du Prophète Mohammed IBN AL-HASSAN Khadija Epouse du Prophète Mohammed Que Dieu lui accorde la grâce et la paix Traduction : Benhamza Mohammed Avertissement : Le texte de ce document a été recopié sur Word d’après l’édition de février 2003, aux éditions Universel. 3/29
  • 4. KHADIJA, épouse du Prophète Mohammed Préface L’histoire de l’islam est florissante en femmes admirables qui ont marqué la vie de la nation islamique, d’est en ouest. Toutes se sont distinguées dans divers domaines et le rôle qu’elles ont joué a été prépondérant dans la direction de la nation, aux côtés d’hommes remarquables. Elles se sont également particularisées par leur grande sagesse, leur immense foi et leur volonté de combattre le mal. Au sommet de la pyramide constituée par ces femmes illustres, figure la plus grande femme qu’ait jamais connue l’Humanité, celle qui a épousé le grand et le plus illustre parmi tous les hommes : Mohammed Ibn Abdallah (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui = ), le Messager de Dieu, qui a changé le cours de l’Histoire et qui a eu plus de fidèle que jamais aucun messager ni penseur n’en a eu. Cette femme qui a soutenu la mission de son époux depuis les premiers moments par sa foi, son courage, son endurance, son abnégation et ses sacrifices a énormément contribué à la réussite de la mission de son époux et fait que l’Humanité bénéficie, jusqu’au Jour du jugement dernier, des bienfaits de l’islam. Cette femme illustre est Khadija, fille Khouaylid, de la tribu de Assad, descendante directe d’Ismaël, fils d’Abraham (Que le salut de Dieu soit sur eux). Cette femme a toujours été connue pour sa sagesse, sa noblesse de cœur et d’esprit, sa droiture et sa pureté. Elle a vécu pendant les vingt-cinq dernières années de sa vie aux côtés de Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui = ), dont dix ans durant la période de la révélation du message qui allait sortir l’Humanité de l’obscurité vers la lumière. Tout au long de sa vie avec son mari, elle fut toujours pour lui le plus grand soutien, l’ultime réconfort humain, tant sur le plan moral que matériel ; elle mit en effet toute sa fortune et toute sa force au service de Dieu oeuvrant en parallèle avec son époux à appeler à la conversion à l’Islam, à l’unicité de Dieu. Elle eut l’insigne honneur de vivre chez elle la révélation du Coran, ce qui n’a fait qu’augmenter son prestige et l’estime qui lui étaient dus. Quant à sa fortune, à sa santé et à son honneur,elle a préféré les sacrifier au service de Dieu, s’exilant avec son mari dans les collines avoisinantes de La Mecque,par solidarité avec les Banou Abd Al- Moutalib et Banou Hachem et les quelques musulmans qui avaient été contraints de subir le blocus imposé par leurs persécuteurs Qoreïchites ; et pendant les trois dernières années de sa vie, elle du supporter la faim, la soif, et toutes sortes de privations qu’elle supporta avec résignation et courage. Pour toutes les femmes croyantes, Khadija est le modèle parfait du sacrifice et du combat pour la bonne cause, l’exemple à suivre pour la foi et la fidélité, et c’est parce qu’elle avait toujours été une femme accomplie et parfaite que Dieu lui a promis un palais au paradis. Ce modeste travail est un résumé de sa vie, inspiré de nombreux ouvrages consacrés à cette grande femme, et bien que nous ne puissions prétendre avoir tout dit, nous osons souhaiter avoir contribué à la faire connaître de façon simple. Notre souhait est que Dieu fasse que ce travail soit utile à nos frères musulmans, qu’Il nous fasse bénéficier de Ses bienfaits et qu’enfin Il soit satisfait de Khadija de toutes croyantes, jusqu’à la fin des temps. FDAL HAJA 4/29
  • 5. KHADIJA, épouse du Prophète Mohammed DES MERITES DE LA MERE DES CROYANTS KHADIJA, FILLE DE KHOUAYLID (Que Dieu soit satisfait d’elle) 1- Elle fut la première épouse du Prophète ; 2- Elle fut le premier humain sur terre à attester qu’il n’y a de divinité qu’Allah et que Mohammed est Son Messager ; 3- Elle fut l’honorable descendante des fils de Qossay, descendants d’Ismaël, fils d’Abraham (Que le salut de Dieu soit sur eux) ; 4- Ce fut celle que les femmes de La Mecque surnommaient « La maîtresse des dames de Qoreïch » ; 5- Ce fut celle que les Mecquois qualifiaient de « La pure » ; 6- Ce fut la femme courageuse et généreuse qui dépensait de sa fortune pour assister les pauvres et les nécessiteux parmi les habitants de la Mecque ou tous ses visiteurs ; 7- Ce fut une femme réputée pour sa beauté et son éclat ; 8- Ce fut la femme la plus sage parmi les siens celle que l’on respectait et estimait beaucoup pour sa sagesse et sa fierté ; 9- Ce fut celle que le Messager de Dieu a qualifiée de Maîtresse des dames de l’Univers ; 10- Elle fut l’une des quatre femmes parfaites avec Marie, Assya et Fatima ; 11- Ce fut celle dont le Prophète a dit : « La meilleure femmes du Paradis est Khadija, fille de Khouaylid ; 12- Ce fut celle à laquelle l’Ange Gabriel a annoncé la bonne nouvelle d’un palais en osier au paradis où il n’y ni fatigue, ni ennui ; 13- Ce fut celle qui reçut le salut de Dieu depuis les sept cieux, ainsi que celui de l’Ange Gabriel ; 14- Ce fut celle qui a perpétué sa descendance, jusqu’au Jour du Jugement dernier, par le biais de sa fille Fatima ; 15- C’est elle qui est qualifiée pour l’éternité de « Mère des croyants » ; 16- Ce fut le premier être humain à avoir cru e le message de l’Islam, au moment où les autres niaient ce message, et la première qui ait accordé foi au Prophète quand tout le monde le traitait de menteur, et ce fut elle qui apporta son soutien financier avec toute sa fortune, au moment où tout le monde avait décidé de la priver de tout ; 17- Ce fut celle qui confirma la bonne nouvelle au Messager de Dieu qu’il était bien le Prophète de cette Nation en disant : « Dieu nous préservera, ô Abou Al Qassîm, réjouis-toi, ô mon cousin et sois calme, par Celui qui détient entre Ses mains la vie de Khadija, je souhaite que tu sois le prophète de cette Nation » ; 18- Elle fut la première femme avoir fait ses ablutions ainsi que la première femme à se prosterner devant Dieu ; 19- Ce fut la combattante émérite et endurante durant le blocus, elle qui dépensa tout ce qu’elle possédait pour les personnes extradées ; 20- Ce fut celle dont le Messager de Dieu ne cessa de citer les mérites après sa mort ; 5/29
  • 6. KHADIJA, épouse du Prophète Mohammed 21- Elle fut un phare géant dans la période ant-islamique et la première femme de l’Islam orthodoxe ; 22- Ce fut d’elle que le Messager de Dieu parla en disant : « Dieu m’a fait don de son amour » ; 23- Ce fut la seule femme qui fut l’unique épouse du Prophète pendant vingt-cinq dont quinze avant la révélation et dix après ; 24- Ce fut la seule épouse à avoir donné au Messager de Dieu une progéniture qui se perpétue jusqu’à nos jours ; 25- Elle est l’aïeul de l’honorable descendance de Fatima-Zahra et la grand-mère des deux seigneurs des jeunes du Paradis, Al-Hassan et Al-Housseïn ; 26- Elle fut celle qui eut l’insigne honneur d’avoir le plus illustre et le meilleur des êtres humains depuis Adam jusqu’à la fin du monde, Mohammed Ibn Abdallah, le Messager de Dieu à l’Humanité tout entière ; 27- Elle est considérée comme la première Croyante au monde ; 28- Elle fut orthodoxe avant l’Islam et jamais elle ne se prosterna devant une idole quelconque, ni jamais n’assista à une assemblée de débauche ; 29- Elle fut l’épouse du Prophète sur Terre et elle sera son épouse au Paradis, l’élue parmi toutes les femmes de l’univers. Mais, qui pourrais-je bien être pour tenter de citer les qualités d’une personne dont les mérites sont aux nombres des gouttes d’eau dans un océan et des grains de sable du désert ? Fdal HAJA 6/29
  • 7. KHADIJA, épouse du Prophète Mohammed LA PERIODE DES PREMIERS MARIAGES De tous temps, il y eut des êtres qui, tels des phares, ont éclairé la voie de l’Humanité. Parmi ces êtres exceptionnels, figure en bonne place une très grande et remarquable femme qui a vécu avec le plus grand Homme que l’Humanité ait jamais connu, depuis Adam et jusqu’à la fin de l’existence sur Terre, le sceau des messagers, Mohammed Ibn Abdallah. Cette femme exemplaire est Khadija, fille de Khouaylid Ibn Assad Ibn Abd Uzza, dont la filiation remonte jusqu'à Ismaël, le fils d’Abraham, que la bénédiction de Dieu soit sur eux, et de Fatima fille de Za’ida descendante de Lou’ay et de Ismaël, fils d’Abraham (Que la bénédiction de Dieu soit sur eux deux). Elle est née en l’an 555 ou 556 de l’ère chrétienne, et il n’est pas aisé de cerner tous les aspects de la vie de cette grande dame. Tout ce qui a été dit et écrit à son sujet ne représente qu’une partie infime de ce qui pourrait être rapporté. De ce que ses biographes ont rapporté, on apprend qu’elle a appartenu à une grande, glorieuse et riche famille de dignitaire de la Mecque. La personnalité de Khadija Khadija était une femme d’une grande beauté et, moralement, elle se caractérisait par les meilleures qualités. Cette beauté morale et physique lui valut le surnom de LA PURE, car jamais personne ne l’aperçut dans les endroits de plaisir où l’on s’adonnait à la boisson, et jamais non plus on ne la vit en compagnie d’hommes dans des lieux de débauche. Au contraire, c’était l’une des rares femmes respectées pour leur sagesse et leur grande intelligence ; les femmes allaient la consulter dans les moments de crise, ce qui lui valut le qualificatif de « Maîtresse des dames de Qoreïch ». Elle venait en aide à tous ceux qui étaient dans le besoin, libérait des captifs, nourrissait les gens qui avaient faim. De son père mort durant la guerre des Libertins qui opposa la tribu des Qoreïch, Qayss et ‘Illane, elle avait en effet hérité d’une importante somme d’argent qu’elle avait su faire fructifier grâce à son intelligence, sa clairvoyance, sa sagesse et ses hautes qualités morales, à tel point qu’elle était devenue la femme qui possédait les plus grandes caravanes qui faisaient le commerce avec la Syrie au Nord et le Yémen au Sud, et par conséquent une femme qui avait son poids dans la vie quotidienne de La Mecque. Le mariage Dès qu’elle fut en âge de se marier, les meilleurs partis de Qoreïch se bousculèrent à sa porte : c’étaient des jeunes gens parmi les plus beaux, les plus riches descendants des plus grandes familles. Mais presque tous enviaient soit sa fortune et sa beauté, soit recherchaient une alliance avec l’une des familles les plus glorieuses. C’est pourquoi Khadija élut le plus racé et le meilleur d’entre eux, et ce fut Atiq Ibn Aïd de la tribu de Makhzoum, mais leur union fut de courte durée car elle fut totalement interrompue par le décès précoce de l’époux. Dès que la période légale de deuil se fut achevée, à nouveau les meilleurs partis se présentèrent à elle. Cependant, ce n’est que plus tard, quand elle eut commencé à oublier son premier mari, que Khadija accepta de se lier à Abou Hala Ibn Zourara, de Tamim, l’un des hommes les plus honorables à Qoreïch. Ils vécurent heureux et elle lui donna Hala et Hind pour enfants, mais une nouvelle fois la mort se trouva au rendez-vous et cette seconde union fut interrompue. Une fois encore, les plus beaux partis se présentèrent à elle, mais elle les refusa tous et préféra fermer sa porte au mariage, préférant se consacrer à l’éducation de ses enfants et à la fructification de son commerce, ignorant cependant que le destin lui réservait un sort qu’elle n’avait jamais imaginé. En effet, son cousin Ouaraqa Ibn Naoufal qui s’était converti avec les gens du Livre, lui faisait souvent l’annonce heureuse de la prochaine révélation du dernier des prophètes dans 7/29
  • 8. KHADIJA, épouse du Prophète Mohammed la péninsule Arabique, probablement dans le milieu orthodoxe de ceux qui vivaient près de la Kaâba, érigée par Abraham et par son fils Ismaël, l’aïeul des Qoreïchites. Ainsi, Khadija s’occupait de son commerce et de ses caravanes qui se rendaient en été et en hiver en Syrie et au Yémen. Faisaient partie de ses caravanes ceux qu’elle choisissait parmi les commerçants de Qoreïch qui avaient la plus grande expérience, ainsi que certains de ses esclaves, tel que Mayssara et d’autres. Pendant ce temps, elle était restée sans se remarier, comme si Dieu Tout-Puissant l’avait privée de tout homme et interdite à tout être humain de sexe masculin, à l’exception d’un seul que Dieu lui avait préparé, le plus parfait des hommes et le dernier des Messagers : Mohammed (Que la Paix et la Bénédiction de Dieu soient sur lui). 8/29
  • 9. KHADIJA, épouse du Prophète Mohammed VOYAGE DE NEGOCE La rencontre avec Mohammed (Que la Paix et la Bénédiction de Dieu soient sur lui). Quand elle eut atteint ses quarante ans, que vint le moment du départ des caravanes et qu’elle eut commencé à recevoir les candidatures des commerçants désireux de faire le voyage et à négocier avec chacun son salaire, elle entendit parler d’un homme dont tout le monde parlait dans les salons de la Mecque. Il n’était question que de sa droiture, son autorité, son honnêteté. Tous ceux qui avaient eu l’occasion de faire le voyage pour la Syrie en sa compagnie pouvaient apprécier sa patience, son comportement admirable avec ses compagnons de voyage, sa grande sagesse dans la gestion des difficultés rencontrées. Quant à ceux qui ne quittaient pas de la Mecque, ils pouvaient attester que jamais il ne fréquentait les endroits de débauche où se rendaient les jeunes Mecquois pour s’amuser et boire. Khadija apprit tout cela et elle prit la décision de faire appel à lui pour qu’il fasse partie de la prochaine expédition qu’elle organisait pour la Syrie. Elle envoya donc un émissaire à l’oncle de cet homme honnête et probe, Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) et lui fit demander d’intervenir auprès de son neveu pour que ce dernier accepte de faire partie de la caravane. Abou Talib accepta de faire la démarche : il convoqua donc Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) pour lui dire : « Ô mon neveu ! Je suis un homme pauvre et je me trouve actuellement dans la gêne, mais il se présente à moi une issue qui me permettrait de te donner ce que je ne puis t’offrir actuellement. Khadija fille de Khouaylid, t’a fait demander pour son commerce. Le salaire n’est pas très grand, mais il permettrait de faire face aux besoins quotidiens. J’ai entendu dire que si tu acceptais, tu recevrais comme salaire deux chameaux moyens ». Le neveu répondit favorablement et accepta avec le plus grand respect l’offre de son oncle. Il se rendit donc chez Khadija qui lui réserva le meilleur accueil possible, elle, la femme connue pour sa grande sagesse et sa beauté restée intacte malgré ses quarante ans, car la quiétude et la fortune protègent le corps. Ils s’installèrent donc l’un en face de l’autre, dans le plus grand respect et la plus grande humilité. Khadija prit la parole : « Ô Mohammed ! Ce qui m’a poussée à faire appel à toi est ce que j’ai entendu dire au sujet de ta droiture, ta sincérité, ta probité et ta bonne éducation. Je t’accorde donc le double de ce que j’offre habituellement aux autres hommes de ton peuple ». Il répondit simplement : « J’accepte ton offre ». Cette rencontre s’était déroulée sans discussion ni complaisance. Khadija fut très touchée par ce qu’elle avait noté chez cet homme : la politesse, la bonne éducation, la modestie et la beauté physique, elle avait eu l’occasion de voir beaucoup de type d’hommes : ceux avides de gain, ceux qui enviaient les honneurs et la beauté ou encore ceux qui se mettaient fièrement en valeur par leurs capacités, leur personnalité ou leur appartenance sociale. Chez cet homme, elle n’avait absolument rien remarqué de tout cela. L’impression qu’il lui fit fut si forte qu’elle l’aima tout de suite et elle fut heureuse de cette rencontre. Quelques jours après, la caravane fut prête à partir. Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) participa activement aux préparatifs et il montra une grande habilité dans la répartition des marchandises. Il était très actif et aidait les esclaves et les assistants dans leurs tâches, alors que d’habitude le responsable évite de se fatiguer et d’accomplir les basses besognes. Ce fut là un premier signe. Au moment du départ de la caravane, Khadija recommanda à son plus fidèle esclave Mayssara de ne désobéir à aucun ordre de Mohammed (Que la paix et la bénédiction de 9/29
  • 10. KHADIJA, épouse du Prophète Mohammed Dieu soient lui) et de ne jamais le contrarier dans un achat ou une vente de marchandises. Il devait simplement écouter et obéir jusqu’au retour. Comme à l’accoutumée, tous les habitants de La Mecque étaient venus assister au départ de la caravane et saluer un proche ami. Abou Talib était présent pour dire au revoir à son neveu et lui recommander de faire preuve de courage et de patience durant le voyage. Il fit également des recommandations à tous les chameliers. Khadija assistait, elle aussi, au départ pour saluer tout le monde et elle resta jusqu’à ce que le dernier chameau eut disparu de la vue des mecquois. La caravane était cependant poursuivie ; tout au long du voyage, un nuage faisait de l’ombre à Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui). Quand on faisait halte, le nuage s’arrêtait également. Mayssara observait avec étonnement mais sans rien dire. Un jour, vers midi, alors que toute la caravane s’était arrêtée pour faire une pause, Mohammed s’installa à l’ombre d’un arbre près d’une tour où vivait un moine. Ce dernier, qui s’appelait Nestor, jeta un coup d’œil par une ouverture de la tour. Il aperçut l’homme assis à l’ombre d’un arbre et lança un appel aux chameliers. Ce fut Mayssara qui lui répondit. Le moine lui demanda : « Qui est cet homme assis à l’ombre de cet arbre ? » Mayssara lui dit que c’était un Qoreïchite. Nestor dit alors : « Il n’y a qu’un prophète qui puisse s’asseoir sous cet arbre ? - Certes, répondit Mayssara. - Alors, ne le quitte point ! C’est un prophète, et ce sera le dernier des prophètes, affirma Nestor de façon catégorique. La caravane reprit sa route et ils atteignirent la ville en Syrie. Après s’être reposés, les marchands se rendirent au marché où Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) écoula tout la marchandise en faisant preuve de la plus grande indulgence, de l’ultime bienséance, d’éloquence, de sincérité et de franchise. A un certain moment, il advint un désaccord entre lui et un acheteur quand celui-ci lui demanda de jurer par « Llat » et « ‘Uzza », deux divinités adorées par les Arabes. Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) répondit fermement : « Jamais je ne l’ai fait et ne le ferai. Faites-en donc de même ». Le marchand ne discuta plus et affirma : « Il sera fait comme vous dites », puis il se tourna vers Mayssara et lui dit : « Par Dieu, cet homme est le prophète dont nos prêtres trouvent la description dans leurs livres ». Lorsque toutes les transactions furent achevées et la totalité des marchandises écoulées avec un profit double par rapport à ce qu’on gagnait habituellement, Mohammed (que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) acheta tout ce qu’il jugea nécessaire pour les Mecquois, pour la caravane reprit la route du retour avec les bêtes chargées de marchandises. Il faisait très chaud alors. Tout au long du parcours, le nuage accompagnait Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) pour lui procurer de l’ombre. Bien que la route fût très longue, les voyageurs ne ressentirent aucune fatigue, et aucun malentendu n’eut lieu entre eux, tant leur chef, Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) était bon avec ses compagnons, modeste dans ses attitudes, accordant toujours aux autres la priorité sur lui-même. Tous furent donc très heureux de ce voyage et formulèrent le vœu que tous leurs déplacements futurs en soient de même. Quand ils furent parvenus à la vallée d’où ils pouvaient apercevoir La Mecque, Mayssara recommanda : « Ô Mohammed ! Rends-toi chez Khadija et fais-lui part de ce que Dieu a permis que tu fasses pour elle ». La caravane entra dans La Mecque et les chameliers firent s’agenouiller leurs montures. Tous les hommes de Qoreïch étaient venus accueillir leurs marchands. Parmi eux se trouvait l’oncle de Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui), venu accueillir son neveu et le féliciter de son retour en bonne santé. Pendant ce temps, les femmes étaient montées sur les toits pour pouvoir admirer le spectacle. Khadija, quant à elle, se trouvait sur la terrasse la plus élevée de ses appartements, ce qui lui permit de voir Mohammed sur son 10/29
  • 11. KHADIJA, épouse du Prophète Mohammed petit chameau rouge. Elle put également voir le nuage qui lui faisait de l’ombre, ainsi son esclave Mayssara et tous les chameaux de la caravane. Ce spectacle lui fit très plaisir, car elle avait pu remarquer que tout le monde était rentré sain et sauf. La première visite qu’effectua Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) fut pour la Kaâba autour de laquelle il accomplit le rituel du Tawaf tout en glorifiant Dieu, en Le remerciant et en formulant des prières. Pendant ce temps, Mayssara s’était rendu chez Khadija sa maîtresse, très heureux, frais et dispos, ne montrant aucun signe de fatigue malgré le long voyage qu’il venait d’accomplir. Le voyant dans un tel état d’excitation, Khadija s’empressa de lui en demander raison. Il se mit alors à lui raconter tous les phénomènes extraordinaires qu’il avait eu l’occasion de remarquer tout au long du voyage. Ce fut d’abord l’affaire du nuage qui n’avait jamais quitté Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui), ni pendant l’aller, ni pendant le retour, puis il rapporta la bonne nouvelle annoncée par le moine Nestor, l’habitant de la tour, à savoir que Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) avait toutes les caractéristiques du futur prophète ; ensuite Mayssara fit part à sa maîtresse du comportement exemplaire de Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) avec les commerçants de Syrie et de son refus de commercer avec ceux qui lui avaient demandé de jurer par « Llat »et « ‘Uzza », ainsi que des commentaires que ces commerçants firent sur Mohammed ; enfin il aborda la question du comportement de Mohammed avec ses compagnons de voyage, le respect que ces derniers lui témoignèrent et leur gratitude envers lui. Il n’oublia pas non plus de mentionner le fait que Mohammed avait supporté toutes les difficultés et toutes les fatigues sans jamais se plaindre et qu’il avait toujours su choisir les bonnes marchandises avec aisance. Pendant tout le temps que parlait Mayssara, Khadija l’écoutait avec très grande attention avide de connaître la suite du récit, tout comme un malade qui se verrait guérir d’une maladie longtemps supportée. Elle gardait le silence non seulement pour ne pas interrompre son interlocuteur, mais surtout pour avoir la possibilité de se concentrer sur le récit que lui faisait son esclave et d’analyser profondément, avec sa sagesse coutumière et son intelligence aiguë, les éléments qui lui étaient rapportés. Elle fut donc très impressionnée par les informations fournies par son esclave et quand ce dernier eut fini, elle lui demanda : « Et où est-il maintenant ? » Il accomplissait le Tawaf autour de la Kaâba en remercient Dieu pour Sa bonté qui avait permis que toutes les marchandises soient vendues à grand profit. Dès que le Tawaf fut achevé, Mohammed se rendit auprès de Khadija et il lui rendit les comptes sur les marchandises vendues et celles achetées, ainsi que les bénéfices. Elle releva la grande différence entre les gains réalisés par Mohammed et ceux qui l’avaient précédé. Elle fut donc grandement marquée par la probité, l’honnêteté et la décence de Mohammed. Cette nouvelle rencontre fut pour elle un évènement des plus heureux, à tel point qu’elle vécut cette journée comme étant le jour le plus heureux de son existence. Un sentiment nouveau et inhabituel s’était insinué dans son cœur, ce qui lui faisait vivre le grand bonheur des retrouvailles avec Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui). Quand les comptes furent faits, elle lui remit sa part, beaucoup plus importante que ce qui avait été convenu et que ce qu’elle avait jamais donné à ses prédécesseurs. Cependant, malgré tout ce qu’elle venait d’entendre et de vivre, certaines interrogations persistaient en elle et elle ne parvenait pas à se déclarer satisfaite. Angoissée, elle se rendit donc chez son oncle Ouaraqa Ibn Naoufal à qui elle fit part de tout ce qu’elle avait entendu et vu. A ces nouvelles, l’oncle fondit en larmes car il eut la conviction que cet homme dont il était question était celui dont parlaient les livres saints des religions divines. Il vit en lui les signes d’une future révélation et l’on affirme qu’à cette occasion. Il composa quelques vers dans lesquels non seulement il reprenait certaines informations communiquées par sa nièce Khadija, mais surtout où il annonçait les difficultés qu’allait rencontrer Mohammed (Que la 11/29
  • 12. KHADIJA, épouse du Prophète Mohammed paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) dans les premiers temps de la révélation et surtout sa victoire finale. Tranquillisée, Khadija rentra chez elle et elle se remit à réfléchir à tous les évènements : ce que lui avait rapporté Mayssara, les paroles de son oncle, le cas de cet homme qui deviendrait bientôt le prophète tant attendu de sa nation. Sa perception de Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) en fut totalement transformée et elle se mit à se demander si leur relation allait se terminer avec le marché qu’ils venaient de conclure, ou bien si au contraire c’était plutôt le début d’une longue route commune. De plus en plus, sa droiture, sa probité, sa sincérité et sa foi l’impressionnaient. C’était un homme hors du commun, qui n’adorait pas les idoles, ne s’intéressait ni à l’argent ni aux amusements auxquels se livraient tous les hommes de Qoreïch, aussi bien les jeunes que les moins jeunes. Il avait également un physique attirant, un corps élancé, ce qui la fit penser au mariage, elle qui avait une quarantaine d’année, avec ce jeune homme qui ne dépassait pas les vingt-cinq printemps, elle la femme très riche – sachant que de tous les temps, la fortune a eu une grande importance dans toutes les sociétés -, elle qui avait été demandée en mariage par les plus riches et les plus puissants de Qoreïch, avec ce jeune homme pauvre, désargenté. Comment faire pour qu’une femme de son rang, à qui on venait présenter des demandes, devienne une personne qui demande à son tour ? 12/29
  • 13. KHADIJA, épouse du Prophète Mohammed LE MARIAGE AVEC MOHAMMED (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) De nombreuses autres questions se posaient à elle, auxquelles elle cherchait une réponse. Cependant, Dieu avait tracé son destin, et elle décida de proposer le mariage à Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui). Dans ce but, elle fit venir sa sœur Hala pour la charger de formuler la demande de mariage, mais cette dernière n’en eut pas le courage. Ce fut donc Ammar qui accepta la mission d’aborder cette question avec Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui). La mission fut couronnée de succès, mais Khadija ne fut pas convaincue par la réponse de son messager, et c’est pourquoi elle convoqua son amie intime Nafissa à qui elle divulgua son secret et qu’elle pria de la représenter auprès de Mohammed (que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) pour formuler la demande. Nafissa était une ambassadrice digne de confiance qui accepta avec joie la mission qui lui était confiée. Elle se rendit donc chez Abou Talib où elle rencontra Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui). Elle entreprit de préparer le terrain en lui disant qu’il devait penser à se marier , à fonder un foyer, maintenant qu’il avait un travail avec Khadija, ce qui lui assurait un bon avenir dans le domaine du commerce. Elle tenta également de le persuader du fait qu’il était également devenu un homme plus respecté de ce fait, et que par conséquent il ne lui restait qu’à choisir la femme qui lui conviendrait pour partager sa vie avec elle. Pendant tout ce temps, Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) écoutait attentivement et avec humilité l’exposé de son interlocutrice. Quand elle eut fini, il lui répondit en toute sagesse : « Mais je n’ai point de quoi me marier ! - Et si on venait t’offrir beauté, honneurs, fortune et intelligence, accepterais-tu ? - Et qui serait cette personne ? demanda à son tour Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui). - Khadija, fille de Khoualid, affirma l’émissaire. - Et comment cela pourrait-il se réaliser ?demanda-t-il encore. - Du moment que tu acceptes l’offre, je me charge de tout », affirma Nafissa. Satisfaite de la réussite de sa démarche, Nafissa s’empressa de retourner auprès de son amie Khadija, très heureuse de lui annoncer la bonne nouvelle : Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) était d’accord pour conclure le mariage avec Khadija. Il fallait cependant éviter que des personnes envieuses et malfaisantes puissent intervenir et détruire ce qui avait été entrepris. Il fut donc décidé par les deux amies que tout devait aller très vite. C’est pourquoi Mohammed fut immédiatement invité chez Khadija. Dès qu’il arriva, elle l’accueillit dignement et lui dit : « Ô mon cousin ! Je t’ai choisi non seulement parce que tu es un proche, mais surtout pour ta probité, ton honnêteté et ton intégrité ». C’est en effet une action digne qu’une femme se propose ainsi, par émissaire interposé, en mariage à un homme qu’elle aime et qu’elle juge digne et pieux. Après cet entretien, Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) se rendit chez son oncle Abou Talib et il lui fit part de tout ce qui venait de se passer. L’oncle fut très heureux de l’offre de Khadija, car il était au courant de tout le prestige dont jouissait cette dernière auprès des siens. Les deux familles se mirent donc d’accord sur le jour des fiançailles, c’est-à-dire le moment où la demande serait officiellement présentée, au vu et au su de tout le monde. Ce fut une journée mémorable que vécut La Mecque. Toute la ville fut au courant de l’heureux évènement et tout le monde approuva cette union. Lorsque vint le jour des fiançailles, la délégation qui accompagnait Mohammed et constituée de Abou Talib, Hamza, Al Abbas, Zoubayr, Ammar ainsi que de quelques proches et amis, prit contact avec les représentants de Khadija, qui comprenaient son oncle Amr Ibn Assad, son cousin Ouaraqa 13/29
  • 14. KHADIJA, épouse du Prophète Mohammed Ibn Naoufal, Hakim Ibn Hazm, accompagnés de quelques-uns des dignitaires de La Mecque. Ce fut Abou Talib, l’oncle de Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) qui présenta officiellement la demande en mariage en disant : « Louanges à Dieu qui a fait de nous les descendants d’Abraham et d’Ismaël, les descendants de Maâd et Moudar. Glorifions Dieu pour avoir fait de nous les gardiens de sa maison (la Kaâba), ce havre de paix et de sécurité. Remercions également Dieu pour avoir fait de nous des seigneurs qui commandent aux autres. Quant à mon neveu Mohammed fils de Abdallah que voici, nul ne peut l’égaler en honneur, en noblesse en qualités. S’il possède peu d’argent, c’est que la fortune est une ombre éphémère qu’on perdre et reprendre. Quant à son appartenance sociale, vous connaissez tous la famille dont il est issu. Je proclame donc que Mohammed demande officiellement en mariage Khadija fille de Khouaylid et lui présente comme dot ma fortune que voici. De plus, vous savez tous quel brillant avenir l’attend ». (La dot présentée par l’oncle se composait de vingt chamelles). Ce fut l’un des oncles de Khadija, Amr Ibn Assad ou son cousin Ouaraq Ibn Naoufal qui prit la parole pour répondre à la demande de mariage : « Louanges à Dieu qui a fait que nous soyons comme ce que tu as dit. Nous remercions Dieu de nous avoir préférés aux autres en faisant de nous les seigneurs de toutes les tribus d’Arabie et votre famille n’est pas moins digne. Nul Arabe ne conteste ni la gloire de votre famille, ni la reconnaissance que nous lui devons tous. Nous sommes donc très heureux de lier nos deux familles et ce lien nous honore. Je vous fais témoin, ô membre de la famille de Qoreïch, que je donne comme épouse Khadija fille de Khouaylid à Mohammed fils de Abdallah ». Ainsi fut conclu le contrat de mariage et tout le monde fêta cet évènement capital qui marquait l’union des deux personnes les plus estimées de La Mecque. A l’occasion, Khadija fit don à Halima Essaadia, la nourrice de Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui), d’un troupeau de quarante têtes d’ovins en reconnaissance du service qu’elle avait rendu à Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) en l’allaitant quand il était enfant et pour lui être restée fidèle. De même, elle fit de nombreuses offrandes aux plus pauvres et aux déshérités. Au moment du mariage, Mohammed était âgé de 25 ans alors que son épouse en avait 40, comme le confirme Hakim Ibn Hazm, neveu de Khadija : « Le prophète (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) s’est marié à l’âge de 25 ans, Khadija était plus vieille que moi de deux ans. Elle est née un an avant l’année de l’éléphant et je suis venu au monde treize ans après cette date ». C’est ainsi que les deux époux menèrent une vie heureuse et paisible. L’entente et la sérénité régnaient en maîtres sur leur foyer. La fortune du couple s’accroissait par la grâce de Dieu et par la présence de Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) qui fut toujours une bénédiction pour l’Humanité, depuis sa naissance, et qui le restera jusqu’au Jour du Jugement dernier. Ce que rapporte à ce sujet Halima Essadia, la nourrice du Prophète (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) au sujet et de son lait dont le flot s’était accru, de la vitesse de sa monture qui avait considérablement augmenté, de la générosité de ses brebis en lait, ne fait que confirmer la présence bénéfique de Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui). De même, Abou Talib, l’oncle du Prophète (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) raconte que lorsque Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) fut de retour chez lui après un séjour à la campagne chez sa nourrice, il avait coutume de recommander à son épouse, lui qui avait peu de fortune mais beaucoup d’enfants, de ne jamais présenter la nourriture qu’en présence de Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient lui), car il était béni. Les époux s’occupèrent donc de leur commerce qui ne cessait de s’étendre et de croître, ce qui fit augmenter par la même occasion leur générosité envers les pauvres et les nécessiteux, à tel point que leur domicile devint le havre de tous les étrangers, tout comme le nombre de parents, d’amis et de serviteurs ne cessait d’augmenter. C’est ainsi que Zayd Ibn Haritha, Baraka l’éthiopienne, Mayssara, Ali Ibn Abi Talib, parmi beaucoup d’autres, 14/29
  • 15. KHADIJA, épouse du Prophète Mohammed fréquentaient régulièrement le domicile de Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui). 15/29
  • 16. KHADIJA, épouse du Prophète Mohammed LES ENFANTS Alors le couple vivait dans la paix et le bonheur, un premier enfant, une fille Zaynad, vint illuminer de sa présence le foyer du couple. Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) en fut très heureux, alors que les tribus arabes avaient pour coutume de préférer la progéniture mâle. Le Prophète (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui), au contraire, accueillit avec bonheur cette fille et il en félicita sa femme. La petite fille remplissait de joie le foyer lorsqu’un garçon naquit, Al Qassim, surnommé Abou Al Qassim. Il fut suivi de Roqayya, puis de Oum Kalthoum, puis Abdallah, puis Tayeb et enfin Fatima- Zahra. Les garçons moururent cependant à bas âge, alors que leurs sœurs grandirent, se marièrent et certaines d’entre elles eurent à leur tour des descendants qui continuent à se reproduire jusqu’à nos jours, comme ce fut le cas pour Fatima-Zahra, pour ses fils Al-Hassan et Al-Houssein (Que la bénédiction de Dieu soit sur elle et sur toute la famille du Messager de Dieu que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui). 16/29
  • 17. KHADIJA, épouse du Prophète Mohammed LA REVELATION Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) avait pour habitude de préférer la solitude ; il s’isolait donc souvent pour avoir l’occasion de méditer sur ce que Dieu avait créé, comme le faisait tout un groupe d’hommes de La Mecque pendant le mois de Ramadan, tels Amar Ibn Naoufal, Abdallah Ibn Abi Rabi‘a at Thakafi et plusieurs autres sages de la ville. Pour cet période de retrait, Khadija préparait pour son mari les provisions nécessaires et il se retirait dans la grotte de Hiraa pendant toute la durée du mois de Ramadan, réfléchissant à la Création divine, à la Puissance de Dieu, créateur de cet univers. La Kaaba était considérée par les Arabes comme un lieu sacré en raison du fait qu’elle représentait les vestiges légués par leur aïeul Ismaël, fils d’Abraham. C’est la raison pour laquelle de nombreux Arabes venaient accomplir le pèlerinage et présenter leurs offrandes. On y entrait alors tout nu, comme au Jour du Jugement Dernier. Avec le temps, les pierres qui en constituaient les murs commencèrent à s’effriter et il devint nécessaire de restaurer la Kaaba. Cependant, lorsque les restaurateurs parvinrent à la Pierre noire, un désaccord survint : chacun voulut avoir l’honneur de remettre la pierre en place. Comme personne ne voulut faire de concession, la tension augmenta puis atteignit son paroxysme, à tel point qu’on évita une guerre fratricide que de justesse. Au quatrième jour du conflit, Abou Houdayfa Ibn Al Moughira parvint à calmer les esprits en proposant : « Ô peuple ! Je vous propose de considérer comme juge qui nous départagera la première personne qui franchira la porte de la mosquée ». Tout le monde accepta la proposition et on se mit à attendre avec impatience l’arrivée du premier visiteur. Ce fut Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) qui se présenta et tous s’écrièrent de joie : « C’est l’homme le plus digne de confiance, l’Intègre. Nous nous soumettrons tous à son jugement ». On s’empressa donc de lui expliquer l’affaire et il demanda : « Qu’on me donne un tissu ». On lui remit un grand morceau de tissu qu’il étala par terre, puis il prit la Pierre noire au milieu de la pièce de tissu et il demanda qu’un homme de chaque tribu prenne un par du tissu pour soulever la pierre. Dès qu’ils eurent soulevé le tissu, il prit la pierre qu’il remit lui- même en place. Toutes les personnes présentes furent satisfaites de cette solution. Lorsque Mohammed eut atteint l’âge de 40 ans, la révélation commença par des visions et des inspirations et par la rencontre de l’Ange Gabriel chargé de la révélation à tous les Envoyés de Dieu (Que le salut de Dieu soit sur eux). C’est ainsi que vint le mois de Ramadan. Il s’était retiré comme à son habitude dans la grotte de Hiraa pour réfléchir et méditer, et cette fois-çi son retrait dura plus que d’habitude, à tel point que Khadija commença à s’inquiéter. Elle envoya donc des gens s’informer de son état et ils le trouvèrent en bonne santé, ce qui tranquillisa son épouse. A l’époque, les prêtres et les moines des gens du livre attendaient la venue d’un nouveau Messager de Dieu comme de nombreux signes l’avaient laissé entendre. Alors que Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui), se trouvait dans la grotte, il reçut la première révélation de Dieu par l’intermédiaire de l’Ange Gabriel (Que le salut soit sur lui). L’Ange Gabriel se présenta à lui et lui demanda de lire, mais Mohammed (Que la paix et bénédiction de Dieu soit sur lui) lui répondit : « Je ne suis point de ceux qui lisent ». Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) raconte par la suite : « L’Ange Gabriel me prit alors et me serra à tel point que je manquai de force. Il me libéra et me demanda une seconde fois : Lis ! Je répondis encore que je n’étais point de ceux qui lisent. L’ange me saisit pour la troisième fois et il me pressa tant que je manquais de force puis il me relâcha et me demanda : Lis au nom de ton Seigneur qui a créé ; Il a créé l’homme de sang coagulé ; lis et ton Seigneur est le Très Généreux ; qui a enseigné avec la plume ; a enseigné à l’Homme ce qu’il ne savait pas ». Cela s’était passé pendant le mois de Ramadan, au cours de la nuit de la valeur, comme l’atteste le verset coranique : 17/29
  • 18. KHADIJA, épouse du Prophète Mohammed « Le mois de où a été descendu le Coran comme bonne direction pour les Humains et comme preuves évidentes de bonne direction pour les Humains, comme preuves évidentes de bonne direction et du discernement parfait ». (Sourate La Vache, verset 185), ainsi que « Nous l’avons fait descendre (le Coran) dans la nuit de la valeur ; et d’où peux-tu savoir ce qu’est la nuit de la valeur ? La nuit de la valeur vaut mieux que mille mois ». (Sourate La valeur, versets 1 à 3). Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) fut très effrayé par ce qu’il venait de vivre et il s’empressa de rentrer chez lui, fiévreux. Khadija l’accueillit avec bonheur et lui souhaita la bienvenue, mais elle remarqua aussitôt que son époux était perturbé, inquiet et tremblant de peur, à la différence des autres retours de sa retraite. Il demanda aussitôt : « Enveloppez-moi ! Enveloppez-moi ! », Ce qui fut fait sur le champ, jusqu’à ce que sa frayeur se fût dissipée. Ce n’est qu’alors que Khadija le questionna au sujet de ce qui était arrivé et il lui raconta tout en détail. Pendant tout le récit, Khadija était très calme, heureuse d’entendre ce qui lui était rapporté. Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) acheva son récit en disant : « J’ai cru que j’en mourrais ! » « Que non ! Certes, jamais Dieu ne t’infligera d’affronts ; car tu es uni avec tes proches, tu soutiens les faibles, tu donnes à ceux qui n’ont rien, tu héberges les hôtes et tu secours les victimes des vicissitudes du droit ». Elle ajouta : « Sois heureux de la bonne nouvelle, ô mon cousin ! Par celui qui détient l’âme de Khadija, je formule le vœu que tu sois le prophète de cette nation ». Puis elle se rendit chez son oncle Ouaraqa Ibn Naoufal à qui elle fit part de ce que son époux venait de vivre et de voir, et de sa rencontre avec l’Ange Gabriel. Ouaraqa écouta attentivement, puis il déclara : « C’est un saint ! C’est un saint ! Par celui qui détient entre Ses mains l’âme de Ouaraqa, tu dois me croire, ô Khadija ! C’est le grand Confident qu’il a vu, celui qui a été autrefois envoyé par Dieu à Moïse ! Et j’affirme qu’il est le prophète de cette nation ! Rapporte-lui cette nouvelle et qu’il se rassure ». Après cet événement, Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient lui) sortit pour se rendre à la Kaaba autour de laquelle il entreprit d’accomplir le Tawaf rituel ; alors qu’il avait fait quelques tours, il rencontra Ouaraqa qui lui dit : « Ô mon neveu ! Informe-moi au sujet de ce que tu as vu et entendu ! » Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) le mit au courant de tout ce qu’il avait vécu, et alors Ouaraqa lui répéta ce qu’il avait déjà dit à Khadija : « Par celui qui détient entre Ses mains l’âme de Ouaraqa, tu es assurément le prophète de cette nation ! Cet Ange que tu as vu, c’est le Confident Suprême qui a été autrefois envoyé par Dieu à Moïse ; tu dois lui accorder foi, ne point le renvoyer ni le combattre ! Ah que je voudrais encore être vivant à l’époque où tes concitoyens te banniront ! - Ils me chasseront donc, s’écria le Prophète (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) ? - Oui, reprit Ouaraqa. Jamais un homme n’a apporté ce que tu apportes sans être persécuté ! Si je vis encore ce jour-là, je t’aiderai de toutes mes forces ». Puis il prit la tête de Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) qu’il embrassa au sommet du crâne. Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) rentra chez lui et Ouaraqa ne tarda pas à mourir quelques temps après. Quant à Khadija, elle avait beaucoup entendu parler son oncle Ouaraqa de la Révélation, de l’Ange Gabriel, de la prochaine arrivée du dernier des prophètes ainsi que des signes et description de ce dernier. Après une interruption qui dura, selon les exégètes, près de trois années, la Révélation reprit alors que la Prophète (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) se trouvait chez lui, en compagnie de Khadija. La sueur commença d’abord à couler sur son front que Khadija essuyait, puis il demanda à deux reprises : « Couvrez-moi ! Couvrez-moi ! ». 18/29
  • 19. KHADIJA, épouse du Prophète Mohammed C’est alors que Dieu révéla les versets suivants : « Ô toi qui te blottis sous tes couvertures ! Lève-toi et avertis ! » (Sourate Celui qui se blottit sous ses couvertures, versets 1 et 2). Quand Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) se fut calmé, Khadija l’interrogea sur ce qu’il venait de vivre. Il lui répondit : « C’est l’Ange Gabriel qui est venu et il m’a appris cette sourate ». Khadija voulut avoir le cœur net et s’assurer qu’il s’agissait bien de l’Ange Gabriel. Elle demanda donc à son époux. « La prochaine fois que l’Ange Gabriel viendra te voir, avertis-moi ». Lorsque l’Ange Gabriel se présenta une nouvelle fois devant Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui), il en informa Khadija : « Voilà l’Ange Gabriel qui se présente à moi ! dit-il. - Est-ce que tu le vois ? demanda-t-elle. - Certes, répondit Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui). - Mets-toi à ma droite, puis à ma gauche ! Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) s’exécuta. A chaque fois qu’il changeait de place, Khadija demandait si son époux voyait toujours l’Ange Gabriel. La réponse de Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) était toujours affirmative. Elle prit donc son voile et se découvrit la tête, puis elle réitéra sa demande : « Tu le vois toujours ? Cette fois-ci, la réponse fut négative. Elle dit alors : « Ce n’est point démon, c’est bien l’Ange Gabriel ! Ô mon cousin, rassure-toi et accepte la bonne nouvelle ! Dans une autre version, il est rapporté : « S’il avait été question d’un démon, il n’aurait point eu de pudeur (en la voyant la tête découverte) ». A partir de jour-là, la foi de Khadija s’accrut, et elle devint plus calme, moins inquiète pour son mari. Elle eut donc l’insigne honneur d’être la première la première, parmi tous les êtres vivants qui crut en Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) en tant que prophète. C’est ce qui en fait pour toujours et jusqu’au Jour du Jugement Dernier la plus grande dame qu’ait connue l’Humanité. C’est en effet la femme qui jamais ne s’est prosternée devant des statues durant la période anté-islamique, ni jamais n’a présenté d’offrandes aux idoles adorées alors. Jamais non plus elle ne fit de promesse, ni ne prit d’engagement envers les divinités auxquelles croyaient ses concitoyens, tout comme elle ne prit jamais part aux assemblées de débauches auxquelles assistaient ses congénères. Au contraire, elle fit toujours preuve de la plus grande pureté, et fut dénuée de tous les défauts des gens de son époque, comme si elle avait été préparée pour assumer aux côtés de son mari le poids du message divin, message qui a transformé le cours de l’Histoire de l’Humanité tout entière et qui a fait sortir les êtres humains de l’obscurité vers la lumière. La révélation a en effet permis de prévenir l’être humain du sort qui l’attend. « Ô Khadija ! L’ère du sommeil et du repos s’est achevée. J’ai reçu l’ordre de mettre au grand jour ce qui m’est révélé ». Ibn Ishak a affirmé à ce sujet : « [Khadija] fut la première femme à croire en Dieu et en son messager et elle accorda foi à ce qui avait été révélé. Cette foi fut un soulagement pour le Prophète (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) car son épouse le réconfortait chaque fois qu’il était profondément blessé par les médisances et les attaques de ses ennemis, de même qu’elle lui apportait constamment son soutien pour que son courage ne fléchisse jamais et qu’il poursuive sa mission et ait toujours la force de supporter les attaques de ceux qui voyaient en lui un ennemi (Que Dieu ait pitié de son âme). Après Khadija, ce furent bientôt tous les occupants de sa maison, qu’il s’agisse des plus jeunes comme Ali, Zayd, ou de toutes les filles du Prophète (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) qui se convertirent à l’islam. Ibn Ishak ajoute : 19/29
  • 20. KHADIJA, épouse du Prophète Mohammed « L’Ange Gabriel (Que le salut de Dieu soit sur lui) se présenta une nouvelle fois devant le Messager de Dieu (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) lorsque l’accomplissement de l’office devint obligatoire ; il frappa un coup sur un monticule près de la vallée et une source jaillit. L’Ange Gabriel accomplit ses ablutions, puis Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) fit comme lui. Gabriel accomplit alors un office de deux rak’aa, à savoir quatre prosternations, puis le Messager de Dieu (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) fit de même. Il rentra ensuite chez lui, plus calme, plus rasséréné par les versets qui venaient de lui être révélés. Il prit la main de Khadija et ils restèrent ainsi jusqu’à ce qu’ils soient tous les deux totalement calmés, puis il fit ses ablutions comme avait fait Gabriel et il accomplit un office de deux rak’aa et quatre prosternations, accompagné par Khadija, car cet accomplissement de l’office se faisait dans le plus grand secret. Selon une autre version, le Messager de Dieu (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) s’était rendu sur la montagne qui surplombe La Mecque, et là il reçut la visite de l’Ange Gabriel qui lui apprit comment faire ses ablutions et comment accomplir l’office. Ce dernier fit ses ablutions devant le Messager de Dieu (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui), puis il accomplit l’office alors que Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) l’observait, et quand il eut terminé, le Prophète fit exactement comme il venait d’apprendre. Il rentra ensuite chez lui et demanda à Khadija qu’elle lui apportât de l’eau. Quand ce fut fait, il répéta les ablutions qu’il venait d’apprendre, puis demanda à Khadija de faire comme lui ; Quand elle eut achevé ses ablutions, il accomplit l’office sous son regard, puis elle fit comme lui. Ce fut là le premier office accompli avant que les cinq offices ne soient prescrits durant la nuit de l’ascension et Khadija eut l’insigne honneur d’être la première croyante sur terre à s’incliner et à se prosterner devant Dieu, Le Maître de l’univers. Il n’était alors question que de deux offices quotidiens : L’un avant le lever du soleil et l’autre au coucher du soleil. Khadija fut également la première femme à apprendre à ses filles l’accomplissement de l’office. Quant au premier garçon qui accomplit l’office, ce fut Ali (Que Dieu soit satisfait de lui). Khadija fut également d’une aide précieuse pour le Prophète (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) car elle entreprit de répandre l’islam parmi les femmes qoreïchites en les invitant à abandonner l’adoration des idoles et à se tourner vers Dieu, et c’est ainsi que bientôt la rejoignit la femme de Al Abbas Ibn Abi Talib. A ce propos, Afif Al-Hakim raconte : « J’étais alors commerçant et je m’étais rendu à La Mecque pour le pèlerinage. J’en profitais pour rendre visite à Al-Abbas Ibn Abd El Mouttalib pour lui acheter quelques marchandises ; mon ami se faisait en effet parvenir du parfum du Yémen, qu’il revendait pendant la période du pèlerinage. Alors que Al-Abbas et moi-même nous trouvions dans l’enceinte du temple sacré, un homme d’âge mûr sortit par une porte dérobée, puis il se dirigea vers la Kaâba et il se mit à accomplir l’office. Il fut bientôt rejoint par un jeune garçon qui se plaça sur son côté et entreprit également d’accomplir l’office ; enfin, une femme arriva et se plaça derrière eux, puis elle les suivit dans leur pratique. L’homme s’inclina, le garçon le suivit pour la femme en fit de même à son tour. Je demandai alors : « Qu’est-ce que c’est, ô Al-Abbas ? » Il me répondit : « C’est Mohammed Ibn Abdallah, mon neveu. Il prétend que Dieu l’a envoyé comme messager ; quant au garçon que voici, c’est Ali Ibn Abi Talib et la femme est Khadija, la fille de Khouaylid, épouse de Mohammed. Personne d’autre ne l’a suivi, excepté son épouse et son cousin et je jure que sur terre il n’existe personne qui ait adopté cette religion en dehors de ces trois-là ». Rapporté par Tabari. C’est pour cette raison que Ali (Que Dieu soit satisfait de lui) se glorifiait en récitant ces vers : « Je vous ai tous précédés dans l’Islam Enfant, avant que d’avoir atteint ma puberté ». De même, Kaab Ibn Zoheir immortalisa ce fait en récitant des vers. Petit à petit, la lumière de l’Islam commença à poindre et à illuminer la terre. Le Prophète (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) prit contact avec son fidèle compagnon Abou Bakr Ibn Qohafa qui jouissait parmi les siens d’une très grande estime non seulement 20/29
  • 21. KHADIJA, épouse du Prophète Mohammed pour sa sagesse et sa probité, mais aussi pour sa sincérité et sa franchise, et il lui demanda d’adorer Dieu sans rien Lui associer, puis il lui récita quelques versets du Coran. Abou Bakr écouta très attentivement les douces paroles qui sortaient de la bouche de Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) et son cœur s’ouvrit pour accueillir la foi en Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) et le message qu’il apportait. Il se convertit à l’islam et prononça l’acte de foi, la « chahada », en attestant qu’il n’y a de Dieu qu’Allah et que Mohammed est Son messager. Le Prophète (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) fut très heureux de cette conversion immédiate du premier homme qui avait appelé à l’islam, à tel point qu’il dit : « Je n’ai point appelé quelqu’un à l’islam sans que son visage ne se rembrunisse, à l’exception de Abou Bakr ». Abou Ishak, quant à lui, affirme : « Quand Abou Bakr se fut converti, il afficha aussitôt son islamisme et il commença à appeler à la conversion et au retour à Dieu. Abou Bakr jouissait en effet de beaucoup d’estime parmi les siens, car c’était un homme très sociable, d’un abord facile ; il était issu de la meilleure souche de Qoreïch et il savait mieux que quiconque les qualités et les défauts des Qoreïchites. C’était également un commerçant très honnête et bien instruit des faits de négoce, ce qui faisait venir à lui ses connaissances pour lui demander conseil ou simplement le consulter pour tout ce qui le touchait, tant on avait confiance en lui pour son savoir et son accueil chaleureux. Il profita donc de ces contacts pour répandre l’Islam parmi tous ceux qui le côtoyaient ou venaient le voir ». A ce propos, on demanda un jour à Ibn Al-Abbas qui avait été le premier homme à se convertir à l’Islam et il répondit : « N’avez-vous point entendu Hassan Ibn Thabit réciter ces vers où il affirme que le frère qui mérite le plus le crédit est Abou Bakr, le meilleur des hommes, le plus croyant et le plus juste après le Prophète et le plus croyant, le plus fidèle, le second dans la foi et le premier à avoir accordé sa confiance au Messager de Dieu (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) ? » De son côté, dès que Khadija entendit parler de la conversion de Abou Bakr, elle ressentit une grande joie car elle le savait digne de confiance, honnête et sincère dans son commerce, très estimé dans la ville. Grâce à ses efforts à elle, la conversion de Abou Bakr fut suivie de celle de Soumaya, fille de Khoubat, Fatima , la sœur de Omar Ibn Al Khattab, Oum Al Fadl Loubana, fille de Al Harith et épouse de Al-Abbas, Asmaa’, la fille de Abou Bakr, Soua’da fille de Karzid et tante maternelle de Othmane Ibn Affane, ainsi que d’autres femmes. Le Prophète (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui), pour sa part, était très actif au sein des hommes. Et pendant qu’il affrontait les obstacles que lui dressaient des ennemis, Khadija devait, parmi les femmes, combattre les associatrices comme Oum Jamil, la femme de Abou Lahab, qui menait, parmi les femmes qoreïchites, une campagne féroce et soutenue contre elle, afin qu’aucune femme ne se rende chez elle ni auprès de son époux Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui), cherchant ainsi à éviter toute nouvelle conversion et toute foi en un dieu unique. Ainsi, l’appel à l’Islam venait d’entrer dans une nouvelle phase et il était passé du secret au grand jour, comme en témoigne les versets suivants : « Expose donc clairement ce qu’on t’a demandé et détourne-toi des associateurs ».(Sourate Al Hijr, verset 94) et « Ô Messager ! Transmets ce qui t’a été descendu de ton Seigneur et si tu ne le fais pas tu n’as point fait parvenir Son message. Dieu te préserve des Humains. Dieu ne guide certainement pas la gent mécréante ». (Sourate Le festin, verset 67). Les Qoreïchites commencèrent à voir le poids et la dimension de l’Islam grandir de jour en jour en constatant qu’aussi bien leurs maîtres, leurs femmes que leurs esclaves se convertissaient les uns après les autres. Ils entreprirent par conséquent de torturer tous ceux qu’ils pouvaient essayer de dissuader de suivre la nouvelle religion monothéiste. Ils commencèrent par la famille de Yassir, et c’est ainsi que l’Islam connut sa première femme martyre : Soumaya, la mère de Ammar Ibn Yassir Al Ansi, tuée par Abou Jahl. C’est à cette femme (Que Dieu soit satisfait d’elle) que revient l’insigne mérite d’honorer toutes les femmes croyantes pour avoir été la première femme victime de la persécution des 21/29
  • 22. KHADIJA, épouse du Prophète Mohammed Qoreïchites. Elle fut bientôt rejointe par Yassir, ces deux personnes à qui le Messager de Dieu (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) annonça la bonne nouvelle de l’accès au paradis. Khadija fut très touchée par la mort de ces deux êtres chers, mais le nombre de persécutés ne cessa d’augmenter. Ce fut bientôt le tour de Zinnirah qui perdit la vue sous la torture. Ce fut un évènement marquant car son tortionnaire, Abou Jahl, la voyant devenue aveugle, lui dit : « Ce sont Llat et ’Uzza qui t’ont aveuglée ! » Cette femme courageuse lui répondit : « Llat et ’Uzza ignorent même qui les adore ; ce qui m’arrive est par la volonté de Dieu et Il peut me rendre la vue ». Elle adressa des prières à Dieu et elles furent exaucées le soir même. Les Qoreïchites prétendirent alors que ce n’était qu’un effet de la magie de Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui). Abou Bakr acheta Zinnirah et l’affranchit, mais tous ces évènements ne qu’augmenter la crainte et la férocité des Qoreïchites. Ils utilisèrent donc tous les moyens pour empêcher les pèlerins et les marchands de prendre contact avec les musulmans, de crainte qu’ils ne se convertissent. Ils dépêchèrent également des émissaires à toutes les tribus pour les prévenir contres dangers de la nouvelle religion. Ils allèrent même jusqu’à charger l’oncle de Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) de lui faire les offres les plus alléchantes pour qu’il abandonne sa mission, mais le Prophète (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) répondit : « Par Dieu mon oncle ! Même s’ils apportaient le soleil dans la main droite et la lune dans la main gauche pour que j’abandonne cette mission, je ne le ferais point jusqu’à ce que Dieu la fasse disparaître ou que je meurs auparavant ». Lorsque la persécution devint trop forte, certains parmis les musulmans furent contraints de s’exiler en Abyssinie. Khadija resta toujours aux côtés de son mari pour le réconforter, le soulager, l’encourager et faire en sorte qu’il ne manque d’aucun confort chez lui. C’est alors que la bonne nouvelle de l’entrée au paradis de Khadija arriva comme le rapporte Al Boukhari : « Abou Horeira (Que Dieu soit satisfait de lui) rapporte que le Messager de Dieu (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) a dit : Gabriel m’est apparu et il m’a dit : « Ô Messager de Dieu ! Voilà Khadija qui vient te voir avec un plat contenant de la nourriture ou une boisson. Quand elle arrivera, tu la salueras de la part de son Seigneur et de la mienne et tu lui annonceras la bonne nouvelle d’une demeure en osier au paradis où elle ne trouvera ni ennui, ni fatigue ». Khadija lui dit : « Dieu est la paix, et de Lui la paix vient et paix sur Gabriel ». Cette demeure a été décrite en détail plus tard par le Prophète (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) à sa fille Fatima-Zahra comme étant un palais en osier serti de perles et de diamants, destiné non seulement à Khadija, mais également à toutes les croyantes de tous temps et de tous les lieux. C’est une promesse de Dieu, et Dieu ne faillit jamais à Ses promesses. La persécution des musulmans battait son plein, conduite notamment par Abou Lahab, le propre oncle du Prophète (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) et sa femme Oum Jamil qui était, comme l’ont décrite plusieurs ouvrages, une femme borgne, hideuse et de petite taille. C’était l’une des pires femmes de Qoreïch, connue pour sa méchanceté et sa médisance, n’ayant aucun respect pour son voisin, jalouse de toute femme ayant une certaine beauté. Personne ne la respectait à cause de sa mauvaise langue de vipère ; elle avait pour habitude d’accueillir chez elle des salons de débauche. Elle éprouvait donc une grande haine pour Khadija qui était réputée pour sa pureté, qui ne participait jamais à ses séances de débauche et enfin parce qu’elle était l’épouse d’un messager de Dieu. Ainsi, lorsque furent révélées les paroles de Dieu : « Mets en garde tes parents les plus proches » (Sourate les Poètes, verset 214), le Prophète (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) réunit les clans des Banou Abd El Mouttalib et des Banou Hachim pour leur transmettre qu’il n’était qu’un « avertisseur annonçant un terrible châtiment » (Sourate Saba, verset 46). Abou Lahab fut furieux. Il répondit : « Malheur à toi ! Ne nous as-tu réunis 22/29
  • 23. KHADIJA, épouse du Prophète Mohammed que pour nous dire cela ? » C’est à cette occasion que Dieu révéla la Sourate « Le Chanvre » annonçant l’enfer à Abou Lahab et à son épouse. Ce ne fut pas pour les calmer. Au contraire, leur haine augmenta à tel point qu’ils enjoignirent leurs deux fils de divorcer d’avec les deux filles du Messager (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui), Roqayya et Oum Kalthoum. Quant à la femme de Abou Lahab, elle ordonna à ses fils d’insulter le Prophète (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui), ce que n’hésita pas à faire l’un de ses fils, Ataba. Le Prophète fut si en colère contre les insultes qu’il venait d’entendre qu’il formula la prière suivante : « Seigneur ! Envoie sur lui l’un de tes chiens ! ». Quelques temps après, Abou Lahab, accompagné de son fils Ataba, décida de se rendre en Syrie en compagnie d’une caravane de commerçants. Abou Lahab n’était pas tranquille car il craignait les effets de la prière du Messager de Dieu Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui). En cours de route, ils firent halte au pied d’une tour où vivait un moine. Lorsque ce dernier vit les caravaniers s’installer, il descendit pour les avertir de la présence de bêtes sauvages dans les environs. Abou Lahab se souvint alors de la prière du Prophète (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) et sa peur grandit. Il s’adressa à tous ses compagnons de voyage pour leur demander : « Ô peuple de Qoreïch : Venez-moi en aide cette nuit, car je crains pour mon fils les effets de la prière de Mohammed. Rassemblez toutes vos affaires et installez-vous à l’intérieur de la tour. Vous mettrez mon fils au milieu des vôtres et en récompense je vous offre mille dinars ». Les marchands firent comme il leur avait été demandé et ils se couchèrent de façon à ce que Ataba soit protégé de toutes parts. Au milieu de la nuit, une bête sauvage arriva et après avoir reniflé les visages des dormeurs, fondit sur Ataba et déchiqueta son corps, séparant la tête du tronc. A leur réveil, les commerçants furent horrifiés par le spectacle qui se présenta alors à eux et Abou Lahab ne put que faire le commentaire suivant : « Je savais par Dieu qu’il ne pouvait éviter les effets de la prière de Mohammed ». Après le divorce de ses deux filles, Khadija fut très malheureuse, mais elle ne le laissa pas paraître, convaincue que Dieu ne les abandonnerait pas. En effet, Roqayya ne tarda pas à se remarier avec Othmane Ibn Affane. Pendant ce temps, les complots contre le Prophète (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) ne faisaient qu’augmenter et prendre toutes les formes, alors que l’étendue et l’importance de l’Islam prenait de plus en plus d’ampleur. Hamza Ibn Abd El Mouttalib s’était converti à son tour et certains des croyants s’étaient exilés en Abyssinie. Le Prophète (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) et quelques-uns de ses compagnons, malgré tous les obstacles, avaient pu entrer en contact avec les pèlerins venus de toutes parts. Les Qoreïchites commencèrent alors à craindre sérieusement pour leur avenir, et c’est pourquoi tous les hommes influents se réunirent pour décider de couper tout contact avec les Banou Hachim et les Banou Abd Al Mouttalib et de les exclure vers les collines des environs de La Mecque. Personne ne devait plus chercher ni à commercer, ni à se lier avec ces deux familles par un quelconque lien matrimonial. Ils allèrent même jusqu’à menacer toutes les autres tribus des pires représailles au cas où le blocus total ne serait pas respecté. Le pacte fut rédigé sur un document que l’on afficha bien en vue à l’intérieur de la Kaaba. 23/29
  • 24. KHADIJA, épouse du Prophète Mohammed LE BLOCUS Les Banou Hachim et les Banou Abd El Mouttalib furent donc contraints de quitter la ville, acceptant l’exil et le blocus, alors qu’ils étaient les véritables seigneurs de Qoreïch et ses plus grands commerçants, plutôt que d’abandonner Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) et de le livrer à ses ennemis, rejetant toutes les offres alléchantes faites par Qoreïch. Parmi les membres des deux clans, seul Abou Lahab, vaincu et contraint par sa femme Oum Jamil, était resté à La Mecque parmi les ennemis jurés du Prophète (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui), rejeté et déconsidéré par les siens. Khadija, fille de Khouaylid, fidèle, avait accompagné son époux Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) dans cet exil. Son courage, sa foi et sa résignation l’avaient aidée à sacrifier sa vaste demeure, sa vie aisée, ses ustensiles de grande valeur, son commerce florissant pour mener, aux côtés de son mari et en compagnie de tous ceux qui avaient été victimes des injustices de Qoreïch, une vie plus difficile, faite de privations, en vue de répandre la bonne parole, de rétablir la justice, le droit et l’unicité de Dieu. Elle était venue s’installer dans ces lieux déserts où il n’y avait que sable et pierres, chaleur et froid, faim et soif ; elle supportait cette vie pénible malgré son âge qui dépassait la soixantaine, tant elle avait la conviction et la foi en une victoire prochaine. C’était une rude épreuve qu’elle devait supporter avec ses deux filles Oum Kalthoum et Fatima-Zahra (Que Dieu soit satisfaits d’elles), comme les épreuves que doivent supporter tous les croyants de tous temps et en tous lieux pour forger leur foi. Quand à Zaynab, elle était chez Abou Al’as et Roqayya s’était exilée en Abyssinie en compagnie de son mari Othmane Ibn Affane (Que Dieu soit satisfait d’eux). La première année d’exil s’écoula. Tout le groupe d’exilés avait pu résister grâce à la solidarité de tous, chacun dépensant du peu qu’il avait pu sauver lors de son départ forcé. Khadija également avait contribué avec tout ce qu’elle possédait. Mais le blocus avait duré plus longtemps que ce qu’ils possédaient tous, du plus pauvre au plus riche, et ils se retrouvèrent complètement démunis. Les quelques parents restés à La Mecque commencèrent à envoyer en cachette de la nourriture, par solidarité, par gratitude et en reconnaissance de tout ce qu’avait fait pour eux Khadija. C’est ainsi que les proches des Banou Hachim et des Banou Abd El Mouttalib restaient fidèles bien qu’ils ne se fussent pas convertis à l’Islam. Pendant ce temps, le désaccord commençait à prendre de l’ampleur parmi les ennemis des musulmans, car une grande partie des exilés étaient les commerçants de la ville, ce qui n’était pas sans effet sur les activités commerciales de la ville. Certains trouvaient que le blocus avait trop duré, car ils voyaient les leur souffrir de toutes les privations, comme ce fut le cas du clan de Khadija, les Banou Assad. On découvrit un jour qu’un cousin de Khadija, lui avait fait parvenir de la nourriture en cachette, et le conflit éclata entre les persécuteurs. Une assemblée se réunit et certains décidèrent de plus tenir compte du blocus et de passer outre l’accord établi. Mohammed (Que la paix et la Bénédiction de Dieu soient sur lui) fut informé de la réunion et il envoya l’un des hommes annoncer aux Mecquois que le document avait été dévoré par les mites et qu’il n’en restait plus que les noms de Dieu et de Mohammed. Les tortionnaires s’empressèrent d’aller vérifier, les plus favorables à la fin du blocus étant contents de pouvoir déchirer enfin le document, mais ils ne trouvèrent que ce que l’ambassadeur du Prophète (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) leur avait dit. Ils durent se rendre à l’évidence et croire en ce que Mohammed leur avait transmis. Ce fut alors la fin du blocus qui avait duré trois ans. 24/29
  • 25. KHADIJA, épouse du Prophète Mohammed LE RETOUR ET LE DECES La nouvelle de la fin du blocus fut accueillie avec bonheur par les exilés, car c’étaient enfin pour eux le signal du retour dans leurs familles, l’occasion de retrouver leurs maisons, leurs foyers, leurs biens. De cette épreuve, les musulmans sortirent plus déterminés à poursuivre leur combat, leur foi en Dieu renforcée, et prêt à supporter toutes les difficultés futures pour être au service de l’Islam. Khadija avait alors atteint les soixante-cinq ans et les privations qu’elle avait dû endurer pendant son exil l’avaient rendu malade, mais elle se sentait plus forte par sa foi et son acceptation du destin que Dieu lui avait réservé. Elle retrouva donc avec joie sa maison et ouvrit ses portes à tous, comme cela avait toujours été le cas. La révélation continua à illuminer sa maison, ajoutant éclat sur éclat, ce qui ne faisait que raffermir sa générosité, sa foi et son endurance. Elle ne regrettait ni sa santé, ni sa fortune, toutes dépensées au service de Dieu. Mais les séquelles du blocus l’avaient minée et malgré tous ses efforts pour tantôt supporter la maladie, tantôt se soigner, elle finit par se trouver dans l’obligation de garder le lit. Le prophète resta à ses côtés pour la veiller et lui tenir compagnie pendant que ses filles et d’autres croyantes s’occupaient du foyer et se mettaient à son service. La fin approcha cependant et son âme se retourna, satisfaite, auprès de Son créateur, heureuse de voir se réaliser la promesse du paradis faite par Dieu. La nouvelle de sa mort se répandit aussitôt dans La Mecque et elle fit le même effet qu’une tornade. Khadija avait été en effet pour tous les musulmans, hommes et femmes, d’un grand soutien et d’un grand réconfort, soulageant les uns avec sa fortune, les autres avec sa sagesse et sa gestion raisonnée des affaires des croyants. Le jour de sa mort fut une journée noire pour tous les croyants dont les cœurs furent attristés et dont les yeux versèrent de chaudes larmes. Quant à la tristesse du Messager de Dieu (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui), elle fut immense et la perte de son épouse le marqua à tel point qu’il parla « d’année du malheur ». En effet, c’est au cours de la même période qu’il vit mourir son oncle qui l’avait toujours soutenu, puis ce fut le tour de Khadija qui avait été son premier lieutenant, celle qui l’avait aidé à supporter le poids du combat incessant qu’il avait dû mener jusqu’àlors. La dépouille de Khadija fut transportée par les croyant jusqu’au cimetière d’Al Hajoune. Le Messager de Dieu (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) mit lui-même la pure dépouille de son épouse dans le tombeau. C’était par une triste journée mémorable du mois de Ramadan de la dixième année depuis le début de la mission du Prophète (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui). Khadija avait soixante-cinq ans, dont vingt-cinq avaient été vécus aux côtés de l’être le plus béni. Jamais, au cours de ces années de vie commune, le Prophète (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) n’avait remarqué de défaillance, de manquement à ses devoirs ni de défaut chez cette femme parfaite, exemplaire. C’est ce qui explique pourquoi, à la différence des habitudes de Qoreïch, il n’a jamais pensé à se marier une seconde fois, alors que ces concitoyens avaient deux ou trois épouses à la fois. Comment pouvait-il en effet penser à trouver plus parfait que cette femme dévouée qui l’avait soutenu avec sa fortune, au point qu’il en disposait comme la sienne propre, distribuant aux pauvres, aux nécessiteux et aux proches ? Ces vingt-cinq années de vie commune restèrent à tout jamais gravées dans sa mémoire, et jamais plus il n’oublia cette femme admirable dont il parlait très souvent. A ce sujet, Ibn Ishaq affirme : « Khadija, fille de Khouaylid, et Abou Talib moururent au cours de la même année et les malheurs se succédèrent sur le Messager de Dieu (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) à la suite de la disparition de Khadija qui avait été un véritable ministre fidèle à l’Islam, et à la suite de la mort de son oncle Abou Talib, son soutien et son défenseur ; cela arriva trois ans avant l’exil (l’Hégire) ». 25/29
  • 26. KHADIJA, épouse du Prophète Mohammed LES FASTES DE KHADIJA 1- Un jour, Khaoula, fille de Hakim dit au Prophète (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) : « Ô Messager de Dieu ! C’est comme si la perte de Khadija, fille de Khouaylid, te faisait souffrir ! » Le Prophète (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) lui répondit : « Certes, c’était la maîtresse du foyer et la mère des croyants ». Après cette réponse, elle lui proposa de se remarier, mais le Messager de Dieu (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) répondit : « Et qui pourrait venir après elle ? », comme pour dire qu’aucune femme comme elle ne pouvait exister au monde. 2- Selon Abdallah Ibn Abbas (Que Dieu soit satisfait de lui), le Messager de Dieu (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) traça un jour quatre traits sur le sol, puis il demanda : « Savez-vous ce que cela signifie ? » Nous répondîmes : « Dieu seul et son Messager sont ceux qui savent ». Il dit : « Les meilleures femmes de tous les mondes sont au nombre de quatre : Marie, fille de Imrane, Assya, fille de Mouzahim, épouse de Pharaon, Khadija, fille de Khouaylid et Fatima, fille de Mohammed ». 3- Selon Ali Ibn Abou Talib, (Que Dieu honore son visage), le Messager de Dieu (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) a dit : « La meilleure des femmes a été Marie et la meilleure des femmes est Khadija », rapporté par Al Boukhari. 4- Selon Abou Zar’aa, Abou Horeira a rapporté que le Prophète (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) a dit : « Gabriel m’est apparu et il m’a dit : « Ô Messager de Dieu ! Voilà Khadija qui vient te voir avec un plat contenant de la nourriture ou une boisson. Quand elle arrivera, tu la saluera de la part de son Seigneur et de la mienne et tu lui annonceras la bonne nouvelle d’une demeure en osier au paradis, où elle n’éprouvera ni ennui, ni fatigue ». Rapporté par Al Bahyaqi. 5- Ibn Razin a rapporté que le Messager de Dieu (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) a dit : « Il y eut beaucoup d’hommes parfaits, mais il n’y a eu que quatre femmes parfaites : Marie, fille de Imrane, Assya, épouse de Pharaon, Khadija, fille de Khouaylid, Fatima, fille de Mohammed, et le mérite de Aïcha sur toutes les femmes est comme le mérite du « thérid » sur tout les mets », rapporté par Moslim, Al Boukhari et Tirmidi. 6- On rapporte que Aïcha (Que Dieu soit satisfait d’elle) a dit : « Le messager de Dieu (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) était à peine sorti de la maison qu’il parlait Khadija dans les termes les plus élogieux. Un jour qu’il la mentionna, j’en ressentis quelque jalousie et je dis : « Ce n’était qu’une vieille femme et Dieu t’a doté d’une meilleure épouse ». Il fut alors tellement en colère que je sentis le devant de ses cheveux frémir de colère. Il répondit : « Par Dieu, que non, Dieu ne l’a pas remplacée par une meilleure, car elle a cru en moi quand les autres me traitaient de menteur, elle m’a soutenu avec sa fortune quand les gens m’ont privé de tout et Dieu Tout-Puissant a permis qu’elle me donne un fils, ce que d’autres femmes ne m’ont pas donné ». Au fond de moi-même, ajoute Aïcha, je me promis de ne plus jamais en parler en mal ». 7- Alors qu’il était à Médine, Le Messager de Dieu (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) reçut la visite de Oum Zafar qui avait été la coiffeuse de Khadija et il lui réserva le meilleur accueil puis il dit : « Cette femme nous coiffait du temps de Khadija et la fidélité est un acte de foi ». 8- Aïcha rapporte : « Jamais je n’ai été jalouse d’aucune femme du Prophète (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) comme je l’ai été de Khadija que je n’avais jamais vue mais que le Prophète citait constamment et parfois il égorgeait un mouton et le découpait en morceaux qu’il distribuait pour le bien de l’âme de Khadija, au point que je dis un jour : « C’est comme s’il n’y avait eu au monde que Khadija. Il me répondit : « Elle fut ceci et cela et d’elle j’eus un fils ». Rapporté par Al Boukhari. 26/29
  • 27. KHADIJA, épouse du Prophète Mohammed 9- Un jour, une vieille femme se rendit auprès du Prophète (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) à Médine alors qu’il se trouvait chez Aïcha. Il l’accueillit chaleureusement et il étala sa couverture sur laquelle il la fit s’asseoir, puis il fut très généreux avec elle. Quand elle fut partie, Aïcha voulut savoir qui était cette femme et le Messager de Dieu (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui) lui répondit : « Cette femme rendait souvent visite à Khadija ». Ainsi, Khadija a été la bien-aimée du Prophète (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui), la femme qu’il a tellement aimée qu’il a déclaré que Dieu lui avait fait don de son amour. Que Dieu soit satisfait d’elle durant sa vie et après sa mort et qu’Il lui fasse profiter de son palais au paradis auprès de son époux Mohammed (Que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui). Ce résumé a été achevé avec l’aide et par la grâce de Dieu Maître de l’univers au mois de mars 2001 à Paris par Fdal Haja Al Hassani Al fijiji. 27/29
  • 28. KHADIJA, épouse du Prophète Mohammed Table des matières Préface .............................................................................................................................. 4 DES MERITES DE LA MERE DES CROYANTS ............................................................... 5 LA PERIODE DES PREMIERS MARIAGES ...................................................................... 7 La personnalité de Khadija ............................................................................................. 7 Le mariage ..................................................................................................................... 7 VOYAGE DE NEGOCE ..................................................................................................... 9 La rencontre avec Mohammed ....................................................................................... 9 LE MARIAGE AVEC MOHAMMED...................................................................................13 LES ENFANTS .................................................................................................................16 LA REVELATION..............................................................................................................17 LE BLOCUS .....................................................................................................................24 LE RETOUR ET LE DECES .............................................................................................25 LES FASTES DE KHADIJA ..............................................................................................26 28/29
  • 29. KHADIJA, épouse du Prophète Mohammed Khadija, La Femme Pure Ce livre donne un aperçu sur la vie d’une Grande Femme Khadija, épouse du Prophète Mohammed, à qui Dieu a fait don de son Amour. C’est la Sage, l’Intelligente et la Belle, la Maîtresse des Dames des Qoreïch, celle a qui Dieu promet un Palais en osier au Paradis. La première femme de l’Islam Orthodoxe. 29/29