La Médiation dans les processus de paix. Manuel pratique pour l’Union Africai...
Le programme solaire mondiale
1. IEPF
Le Programme
solaire mondial
une nouvelle
dynamique pour les EnR
INSTITUT DE L ÉNERGIE ET DE L ENVIRONNEMENT DE LA FRANCOPHONIE
NUMÉRO 46 – 1er TRIMESTRE 2000
Organisation Internationale de
La Francophonie
Le Programme
solaire mondial
une nouvelle
dynamique pour les EnR
2. Sommaire
Numéro 46
1er
trimestre 2000
est publié trimestriellement par l’Institut de l’énergie et de l’en-
vironnement de la Francophonie (IEPF).
56, rue Saint-Pierre, 3e
étage
Québec G1K 4A1 Canada
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Directeur de la publication:
El Habib Benessahraoui
Rédacteur en chef invité:
Boris Berkovski
Comité éditorial:
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Dibongué A. Kouo
Boufeldja Benabdallah
Jean-Pierre Ndoutoum
Sory I. Diabaté
Carole Grass-Ramalingum
Édition et réalisation graphique:
Caractéra inc.
Photo de la couverture:
PhotoDisc Imaging
Photos des pages 21 et 23:
tirées de la brochure de la Commission
Solaire Mondiale, 1er
mai 1998
ISSN 0840-7827
Tirage: 4000 exemplaires
Dépôt légal:
Bibliothèque nationale du Québec
Bibliothèque nationale du Canada
Les textes et les opinions n’engagent que leurs auteurs.
Les appellations, les limites, figurant sur les cartes
de LEF n’impliquent de la part de l’Institut de l’énergie et
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380 000 Dongs vietnamiens
Poste-publications – Convention
No
155 7440
INSTITUT DE L ÉNERGIE ET DE L ENVIRONNEMENT DE LA FRANCOPHONIE
Le Programme solaire mondial:
une nouvelle dynamique pour les EnR
MOT DU DIRECTEUR EXÉCUTIF 3
ÉDITORIAL 4
L’énergie propre et renouvelable pour
une meilleure qualité de vie par Boris Berkovski
1) AUX SOURCES DU PROGRAMME SOLAIRE MONDIAL
Les énergies renouvelables et l’ONU par Luis G. Marques 6
Déclaration de Harare 10
2) LE PROGRAMME SOLAIRE MONDIAL EN AFRIQUE
Vers une utilisation à grande échelle des énergies 14
renouvelables en Afrique par Jacques-Césaire Mba-Nze
Le développement des énergies renouvelables 20
en Tunisie par Faïza Kéfi
Les énergies renouvelables au Niger par Yahaya Saleye 24
Petite centrale hydroélectrique de Nyakabanda (Rwanda) 29
3) LES INSTITUTIONS SE MOBILISENT
France: vers un développement durable 30
des énergies renouvelables par Jean-Louis Bal
Énergies renouvelables pour la construction 34
de l’avenir des îles par Cipriano Marin
Électrification rurale décentralisée de cinq îles au Vanuatu 38
L’énergie rurale au service du développement par B. Benabdallah 39
Biomasse 42
Logiciel RETScreen MC version 99 42
Coopération EDF – CSM 43
Programme d’action 1998-2005 44
4) DIMENSIONS TECHNOLOGIQUES DES ENR
L’énergie éolienne par Maxime Kleinpeter 45
5) EnR: préparer l’avenir
Éducation et formation sur les énergies renouvelables 51
par Osman Benchikh
3. EL HABIB BENESSAHRAOUI
Le Programme solaire mondial: une nouvelle dynamique pour les EnR 3
Le rôle des énergies renouvelables
pour le développement durable et
pour l’amélioration de l’accès à
l’énergie moderne, notamment au
profit des populations rurales et
démunies, a été mis en exergue
solennellement lors du Sommet
de la planète Terre.
Les négociations internationales
autour du changement climatique
et en faveur de la lutte contre la
désertification montrent un large
consensus quant à l’intérêt de l’uti-
lisation des ÉnR et de la promotion
de l’efficacité énergétique tant
pour réduire les émissions de gaz
à effet de serre que pour limiter
la déforestation.
Force est de constater cependant
que le développement des ÉnR a
connu des fortunes diverses, plus en
raison de conditions réglementaires,
législatives, institutionnelles ou
de courte vue économique que
de difficultés techniques.
Il faudrait, pour remédier à cela, une
autre façon de dire et de faire les
choses, en somme une dynamique
nouvelle pour les ÉnR. Le Processus
solaire mondial initié par l’UNESCO
en 1993 participe directement de
cette dynamique. Il exprime surtout
une volonté: celle de créer des
conditions à même de fédérer des
initiatives, toutes les initiatives, dans
ce domaine et de les organiser vers
un même objectif, celui d’une utili-
sation généralisée des ÉnR, pour
qu’elles jouent pleinement leur rôle
dans la construction d’un dévelop-
pement humain propre et durable.
Des hommes d’État ont accepté
de s’engager pour créer cette dyna-
mique nouvelle. La déclaration
de Harare exprime leur volonté de
mobiliser la communauté interna-
tionale et de la mettre en mouvement
autour de et vers cet objectif. Les
Nations Unies cautionnent la
démarche dans une résolution de
l’Assemblée générale. Des institu-
tions, certes encore peu nombreuses,
s’impliquent et traduisent leur adhé-
sion au projet par des chantiers
résolument inscrits dans le processus.
Nous avons voulu rendre compte
de tout ce foisonnement d’idées, de
bonnes volontés et d’actes concrets
dans ce numéro spécial de LEF. En
allant aux sources de l’information.
En donnant la parole à ceux qui ont
pensé le processus et agissent au
quotidien pour sa mise en action.
Puisse cette modeste contribution
renforcer les échanges et créer de
nouvelles collaborations, dans le
sens des objectifs visés.
El Habib Benessahraoui
Directeur exécutif
Mot du directeur exécutif
4. L’ÉNERGIE PROPRE
ET RENOUVELABLE
POUR UNE MEILLEURE
QUALITÉ DE VIE
Tout au long de l’histoire du monde,
les questions de pouvoir ou d’indé-
pendance, de richesse ou de pau-
vreté, de privilèges ou d’égalité,
de survie ou de faillite ont été étroi-
tement liées à l’accès aux sources
d’énergie. C’est ainsi que ni le succès
des pays industrialisés, ni l’échec
des pays en voie de développement
ne peuvent être expliqués sans que
lon se réfère à l’efficacité de leurs
systèmes énergétiques. Aujourd’hui,
plus que jamais, l’énergie est le
moteur du développement écono-
mique et social.
Toutefois, le recours massif aux
combustibles d’origine fossile, qui
a permis à l’humanité de satisfaire
pendant le XXe
siècle sa demande
énergétique, a posé un certain
nombre de problèmes, dont les
atteintes à l’environnement, la
pollution et la dépendance énergé-
tique. Ceci a eu pour conséquence
que, progressivement, un consensus
se soit fait autour de la notion de
développement durable, consacrée
par la Conférence des Nations Unies
sur l’Environnement et le Dévelop-
pement, connue aussi sous le nom
de «Sommet de la terre» (Rio de
Janeiro, 1992). C’est à la lumière
des conclusions et recommandations
de cette Conférence que les condi-
tions ont été réunies pour donner
une nouvelle impulsion à l’utilisa-
tion accrue des énergies renouve-
lables (solaire, éolienne, biomasse,
des marées, océanique, géothermale,
petite hydraulique, etc.) qui per-
mettent de fournir les services
énergétiques nécessaires au déve-
loppement sans porter atteinte à
l’environnement.
Le temps où le développement était
mesuré en termes économiques est
révolu, deux autres dimensions étant
désormais présentes: la dimension
environnementale et la dimension
sociale. Il s’agit là d’une nouvelle
donne, qui bouleverse les critères
de choix de la politique énergétique
au niveau mondial: d’une part, il
faut assurer la production de l’éner-
gie indispensable au développement
sans mettre en danger l’écosystème
et, d’autre part, il est essentiel d’ap-
porter les services énergétiques
nécessaires au groupe formé de plus
d’un tiers de la population mondiale
qui n’y a pas accès, notamment les
hommes et les femmes qui vivent
dans les zones rurales et/ou d’accès
difficile, surtout dans les pays en
développement.
La situation du monde serait sans
nul doute encore plus préoccupante
en l’absence des efforts que l’huma-
nité déploie pour utiliser l’énergie
renouvelable à une plus grande
échelle. Des possibilités d’emploi
nouvelles, un environnement
propre, l’indépendance énergétique,
l’édification de la paix et la durabi-
lité du développement sont autant
de facteurs qui poussent à faire de
l’énergie renouvelable un élément
important des sources mondiales
d’énergie. Les connaissances tech-
niques en matière d’énergie renou-
velable sont très inégalement
réparties.
Il convient donc de faciliter et
de promouvoir le processus de
4 Liaison Énergie-Francophonie • N° 46
BORIS BERKOVSKI
Rédacteur en chef invité
Secrétaire général
de la Commission
solaire mondiale,
Directeur de la Division
des sciences
de l’ingénieur et
de la technologie,
UNESCO
Éditorial
5. Le Programme solaire mondial: une nouvelle dynamique pour les EnR 5
transfert et de diffusion des techno-
logies en se fondant sur le principe
que la sélection des technologies les
plus appropriées et leur adaptation
aux conditions locales devraient
avoir la priorité en matière de coopé-
ration technologique. Cela conduira
à renforcer au niveau local la capa-
cité de choisir, d’adapter, puis de
perfectionner lesdites technologies.
Il est nécessaire d’accroître sensible-
ment l’accès à l’énergie des popula-
tions des pays en développement
afin que des approvisionnements en
énergie suffisants puissent améliorer
les conditions de vie, diminuer la
pauvreté, améliorer la santé et
l’éducation, promouvoir les petites
entreprises et créer des activités
génératrices de revenus, en particu-
lier dans les zones rurales et isolées,
réduisant ainsi les migrations des
populations rurales vers les centres
urbains.
Un vrai coup de pouce à cet égard
a été donné par la 19e
session
extraordinaire de l’Assemblée géné-
rale de l’ONU (New York, 1997)
consacrée au suivi du Sommet de la
terre après cinq ans, qui a reconnu
notamment que:
– l’accroissement de l’utilisation
des énergies renouvelables peut
réduire la dégradation de l’envi-
ronnement résultant d’activités
humaines dommageables telles
que la pollution industrielle et
la déforestation.
– le contrôle des émissions de gaz
à effet de serre et autres gaz et
substances dans l’atmosphère
rend nécessaire le recours à des
systèmes énergétiques rationnels
et efficaces, notamment ceux
faisant appel à l’énergie propre
et renouvelable.
En 1995, à l’occasion du processus
de préparation du Sommet solaire
mondial tenu à Harare (Zimbabwe),
dix-huit chefs d’État et de gouver-
nement ont décidé de donner une
nouvelle impulsion au développe-
ment et à l’utilisation des sources
d’énergie renouvelables, tant dans
les pays en développement que
dans les pays industrialisés, en
créant la Commission solaire mon-
diale. Cette Commission offre une
autorité et une orientation au plus
haut niveau au Programme solaire
mondial 1996-2005, qu’elle a
approuvé en 1997.
Le Programme solaire mondial
1996-2005 (PSM), une initiative
majeure en matière de développe-
ment durable – qui comprend
toutes les énergies propres et
renouvelables – , est mis en œuvre
avec la participation active des
Institutions spécialisées et des
Programmes des Nations Unies,
ainsi qu’avec la Commission euro-
péenne. L’un des objectifs de ce
Programme est de développer un
climat politique favorable pour
l’utilisation à grande échelle des
énergies propres et renouvelables,
en démontrant notamment la viabi-
lité économique et l’acceptabilité
sociale des projets du PSM. Visant
à créer une stratégie industrielle
capable de satisfaire les besoins
d’un marché estimé à 200 milliards
de dollars en l’an 2005, le PSM
présente un grand intérêt, à la fois
pour les pays en développement et
les pays industrialisés.
L’Assemblée générale de l’ONU
a adopté en 1998 et 1999 deux
résolutions en faveur du Programme
solaire mondial 1996-2005 (référen-
ces: A/RES/53/7 et A/RES/54/215
respectivement). La Conférence
générale de l’UNESCO a égale-
ment adopté en 1997 et 1999
deux résolutions en faveur de ce
Programme (29 C/Résolution 14 et
30 C/Résolution 19). La Commis-
sion européenne, dans son «Livre
Blanc» établissant une stratégie et
un plan d’action communautaires:
Énergies pour l’Avenir – Les Sources
d’Énergie Renouvelables – COM
(97) 599 final (26/11//97), a parti-
culièrement souligné son attache-
ment et son soutien au Programme
solaire mondial 1996-2005.
Le financement du Programme
solaire mondial 1996-2005 est
considéré comme un grand défi
de la Commission solaire mondiale.
La mise en place de deux ou trois
projets d’énergie propre et renou-
velable à large échelle dans chaque
pays comporterait un investissement
de quelques 200 milliards de dollars
américains d’ici l’an 2005. Or,
aucun instrument de financement
n’est encore disponible pour satis-
faire ces besoins. Il est impératif
que de nouveaux instruments soient
mis en place et que les mécanismes
existants soient renforcés pour
assurer le financement des projets
d’énergie propre et renouvelable.
Une des premières idées a été de
créer un Fonds solaire mondial.
Cette idée n’a pas encore été
concrétisée.
Je suis persuadé que, parmi les
mesures pour favoriser l’utilisation
accrue des énergies renouvelables,
la suppression progressive des
subventions aux énergies d’origine
fossile, les allégements fiscaux aux
producteurs et utilisateurs des éner-
gies renouvelables et l’élimination
des barrières douanières et autres
qui rendent difficiles le transfert
de technologie seraient les plus
efficaces.
En tout cas, l’amélioration de la
qualité de vie des deux milliards
d’êtres humains n’ayant pas encore
accès aux services énergétiques de
base devrait être l’objectif principal
de l’utilisation accrue des énergies
renouvelables dans les années à
venir.
Boris Berkovski
6. l ne suffit pas qu’une idée soit bonne en soi pour qu’elle s’impose à ceux
qui pourraient en bénéficier; ce qui importe c’est qu’elle soit lancée au
moment opportun. Il est bien connu que, pendant très longtemps, l’énergie
d’origine fossile étant à très bon marché, les scientifiques et les ingénieurs
qui travaillaient dans le domaine de certaines énergies renouvelables (solaire,
éolienne, biomasse, océanique, etc.) étaient considérés comme des
«professeurs Tournesol» qui n’avaient pas les pieds sur terre. En outre,
ces énergies n’ayant pas d’applications militaires, les sommes consacrées à
leur recherche et développement sont restées très modestes. Ce n’est que
grâce à la prise de conscience progressive des conséquences négatives de la
combustion des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) sur l’environnement
que l’intérêt pour les énergies renouvelables s’est éveillé chez l’opinion
publique, les politiques et les spécialistes.
Les organisations internationales du système des Nations
Unies, notamment l’Organisation des Nations Unies pour
l’éducation, la science et la culture (UNESCO), s’étaient
penchées depuis assez longtemps sur l’utilisation des
énergies renouvelables. C’était le cas du Programme
de l’UNESCO pour les zones arides, qui s’est étendu de
1952 à 1969, puis du Congrès international « Le Soleil au
service de l’humanité » organisé par l’UNESCO en 1973.
De leur côté, le Programme des Nations Unies pour le
Développement (PNUD) et la Banque mondiale avaient
mis en œuvre pendant le période 1978-1990 un projet
global de pompage solaire, et l’Organisation des Nations
Unies, suite aux deux chocs pétroliers, avait organisé à
Nairobi, Kenya, en 1981, une Conférence sur les sources
d’énergie nouvelles et renouvelables, qui avait approuvé
un plan d’action visant l’utilisation accrue de ces sources.
Le prix du baril de pétrole étant retombé par la suite,
la mise en œuvre du Plan d’action de Nairobi n’a pas eu
le succès escompté.
Les énergies renouvelables
et l’ONU
6 Liaison Énergie-Francophonie • N° 46
I
Luis G. MARQUES,
consultant auprès
de la Commission
solaire mondiale.
LUIS G. MARQUES
7. La Conférence de Rio de 1992
Sur le plan international, le grand
tournant a été la Conférence des
Nations Unies sur l’environnement
et le développement, tenue à Rio
de Janeiro, Brésil, en 1992. En effet,
la constatation avait été faite que,
compte tenu de l’augmentation
prévisible de la demande énergé-
tique dans les décennies à venir, la
production d’énergie, telle qu’elle
existe actuellement, risquerait de
causer des dommages irréversibles
à l’écosystème de la planète, portant
ainsi atteinte aux droits des généra-
tions futures.
Ce sont les pays industrialisés, où
des graves problèmes de pollution
atmosphérique et de contamination
de l’eau sont apparus, qui les premiers
ont compris que le modèle actuel de
développement était incompatible
avec la protection de l’environne-
ment; le concept de développement
durable aura été la conséquence de
cette prise de conscience.
La Conférence de Rio a bien insisté
sur le rôle primordial que joue
l’énergie dans la réalisation des
objectifs économiques, sociaux et
environnementaux du développe-
ment durable et souligné que les
ressources et techniques énergé-
tiques doivent être utilisées sur le
plan social. Mais, pour des raisons
politiques ayant trait notamment à
la nécessité d’arriver à un consensus,
la Conférence de Rio ne s’est pas
occupé de manière approfondie
de deux questions qui constituent
autant de défis à court et à moyen
terme: l’eau et l’énergie. Toutefois,
en ce qui concerne cette dernière,
au chapitre 9 du Programme 21
qu’elle a approuvé, la Conférence
de Rio a souligné avec force que
«L’énergie joue un rôle essentiel
dans le développement économique
et social et dans l’amélioration de la
qualité de la vie. Une grande partie
de l’énergie mondiale est toutefois
produite et consommée d’une
manière qui ne serait pas viable à
long terme si la technologie
n’évoluait pas et si les quantités
totales devaient augmenter considé-
rablement. La nécessité de contrôler
l’émission des gaz à effet de serre
et autres gaz et substances dans
l’atmosphère devra se fonder
davantage sur l’efficacité en matière
de production, de transport, de
distribution et de consommation et
sur le recours croissant à des systè-
mes énergétiques écologiquement
rationnels, notamment aux sources
d’énergie nouvelles et renouvelables.
Toutes les sources d’énergie devront
être utilisées de manière à respecter
l’atmosphère, la santé humaine et
l’environnement dans son ensemble.»
Si je me suis étendu sur la Confé-
rence de Rio, c’est parce que les
politiques, programmes et activités
actuellement menés par les orga-
nismes des Nations Unies en
matière d’énergie s’inscrivent, pour
la plupart, dans le prolongement de
cette Conférence et, dans un degré
moindre, dans celui de la Confé-
rence des Nations Unies sur les
sources d’énergie nouvelles et
renouvelables, tenue à Nairobi en
1981. C’est ainsi que l’UNESCO
a donné en juillet 1993 une suite
concrète aux recommandations
de la Conférence de Rio avec
l’organisation à son siège de Paris,
avec quelques autres partenaires
dont l’ONU, l’ONUDI, la Banque
mondiale, la Commission euro-
péenne, l’Agence internationale
de l’énergie (AIE), l’Association
européenne pour l’énergie solaire
(EUROSOLAR), la Société inter-
nationale d’énergie solaire (ISES),
et l’Agence française de l’environne-
ment et de la maîtrise de l’énergie
(ADEME), d’une réunion de
spécialistes de haut niveau intitulée
– comme le congrès tenu dix ans
plus tôt – «Le soleil au service
de l’humanité». Cette réunion,
à laquelle ont participé quelques
350 spécialistes de 53 pays, qui
avaient préparé 66 études appro-
fondies sur les différents aspects
des énergies renouvelables, a
recommandé, notamment, que
l’UNESCO prépare pendant les
trois années suivantes la tenue d’un
sommet mondial sur les énergies
renouvelables au niveau des chefs
d’État et de gouvernement, afin
de donner une impulsion politique
conséquente à l’utilisation accrue
de ces énergies. Ce processus prépa-
ratoire, accompli par le truchement
d’une vingtaine de réunions régio-
nales et sous-régionales dans les
différentes régions du monde, a
culminé avec la tenue à Harare,
Zimbabwe, en septembre 1996,
du Sommet solaire mondial*
.
Il y a lieu de signaler ici que le
Conseil exécutif de l’UNESCO
avait décidé en 1994 qu’il convenait
de créer un organe pouvant orienter
et piloter le processus de préparation
du Sommet; cet organe, intitulé la
Commission solaire mondiale, a été
placé sous la présidence de S.E.
Robert G. Mugabe, président de la
République du Zimbabwe, qui avait
proposé d’accueillir le Sommet dans
la capitale de son pays. La Commis-
sion a été constituée début 1995,
comprenant les chefs d’État de
l’Afrique du Sud, Chine, Costa Rica,
Espagne, Géorgie, Indonésie,
Pakistan, Sénégal, Tunisie et
Zimbabwe, des chefs de gouver-
nement de l’Australie, Autriche,
Inde, Israël, Jamaïque et Malaisie,
et du président de l’Autorité pales-
tinienne. Il va sans dire qu’il n’y a
pas de précédent dans le système
des Nations Unies d’un programme
scientifique ayant un organe direc-
teur d’un tel niveau.
La Commission solaire mondiale,
qui a tenu sa première session deux
jours avant l’ouverture du Sommet,
a approuvé et transmis à ce dernier
un projet de déclaration et l’esquisse
d’un programme décennal pour la
Le Programme solaire mondial: une nouvelle dynamique pour les EnR 7
* Le terme «solaire» est employé au sens
large; il s’agit en l’occurrence de toutes
les énergies renouvelables (thermosolaire,
photovoltaïque, éolienne, énergie issue de
la biomasse, énergie des marées, énergie
des mers, énergie micro-hydraulique, etc.,
et également énergie géothermique).
8. promotion des énergies renouve-
lables. Au terme de ses travaux, le
Sommet solaire mondial a approuvé
la Déclaration de Harare sur l’éner-
gie solaire et le développement
durable, et a décidé de lancer la
préparation d’un Programme solaire
mondial 1996-2005, sur la base de
l’esquisse présentée par la Commis-
sion solaire mondiale. Ce Programme
a été approuvé par la Commission
en juin 1997, lorsqu’elle a tenu sa
deuxième session à New York, à
l’occasion de la dix-neuvième session
extraordinaire de l’Assemblée géné-
rale de l’ONU, consacrée à faire
le point du suivi de la Conférence
de Rio cinq ans après.
Le Programme solaire
mondial 1996-2005
Comme indiqué ci-dessus,
l’UNESCO a été à l’origine de
la préparation du Sommet solaire
mondial, dans le cadre du suivi de
la Conférence de Rio, et le Sommet
de Harare a décidé que le Secré-
tariat de la Commission solaire
mondiale ferait partie de la Division
des Sciences de l’ingénieur et de
la Technologie de l’UNESCO. Mais
le Programme solaire mondial 1996-
2005 ne doit pas pour autant être
considéré comme un programme
de l’UNESCO. En fait, il est devenu
un instrument au service de la
communauté internationale pour
la promotion des sources d’énergies
renouvelables et la diffusion de
la technologie nécessaire.
Le Programme comprend une série
de recommandations basées sur les
engagements pris dans la Déclara-
tion de Harare, adressées à tous les
acteurs de la scène internationale,
sur les mesures qu’il convient de
prendre aux niveaux national et
international. Il comprend égale-
ment cinq projets majeurs à échelle
mondiale et quelques 500 projets
nationaux faisant appel aux énergies
renouvelables, présentés par les
gouvernements et par la Commission
européenne.
Les cinq projets majeurs sont les
suivants:
a) Programme mondial d’éducation
et de formation en matière
d’énergies renouvelables;
b) Système international d’informa-
tion et de communication sur les
énergies renouvelables;
c) Les énergies renouvelables au
service de l’électrification rurale;
d) Les énergies renouvelables pour
le dessalement et le traitement
de l’eau;
e) Politique industrielle, pénétration
du marché et transfert de
technologies pour les énergies
renouvelables.
Depuis l’approbation du Programme
solaire mondial 1996-2005, la
Commission solaire mondiale a été
en mesure de mobiliser environ
600 millions de dollars américains
d’aide internationale pour l’exé-
cution de plus de 400 projets
prioritaires relatifs à l’exploitation
des énergies renouvelables dans
les pays en développement. Le
Programme comprend également
des projets présentés par les pays
développés, dont bon nombre ont
été mis en œuvre grâce à des fonds
de sources nationales. En outre,
la Commission solaire mondiale,
par le truchement du collège de
représentants personnels de ses
membres et de son Secrétariat
général, a continué d’organiser dans
les différentes régions du monde
toute une série de réunions mettant
l’accent sur le financement et les
possibilités d’investissement du
secteur privé dans la diffusion de la
technologie des énergies renouve-
lables. Par ailleurs, et conformément
aux engagements contenus dans la
Déclaration de Harare sur l’énergie
solaire et le développement durable,
plusieurs pays ont adopté des
mesures législatives en faveur du
développement et de l’utilisation
de techniques d’exploitation des
énergies renouvelables.
La Conférence générale de
l’UNESCO et l’Assemblée générale
de l’ONU – c’est-à-dire les organes
législatifs suprêmes de ces deux
entités – ont appuyé à plusieurs
reprises le Programme solaire
mondial 1996-2005, en faisant
appel à leurs États membres et aux
organismes de financement, aux
organisations non gouvernementales
et au secteur privé pour qu’ils
contribuent au succès de sa mise
en œuvre. Au niveau de l’ONU,
l’Assemblée générale a adopté
une première résolution lors de sa
53e
session (1998) et une deuxième
à sa 54e
session (1999). Dans cette
dernière (Résolution 54/215)1
,
adoptée après avoir pris connais-
sance du rapport sur le Programme
solaire mondial 1996-2005 qui lui
avait été présenté par le Secrétaire
général de l’ONU,2
l’Assemblée
générale a renouvelé son appro-
bation du Programme en tant que
contribution au processus général
de développement durable, et elle
a invité tous les gouvernements à
encourager toutes les parties
prenantes intéressées, y compris
le secteur privé, à participer à la
promotion des activités de recher-
che sur les sources d’énergie renou-
velables et à leur mise en valeur, et
en particulier à la mise en œuvre du
Programme solaire mondial 1996-
2005. Enfin, l’Assemblée générale
de l’ONU a engagé toutes les
institutions de financement et les
donateurs bilatéraux et multilatéraux
concernés, ainsi que les institutions
régionales de financement et les
organisations non gouvernementales,
à appuyer les efforts actuellement
déployés pour développer le secteur
de l’énergie renouvelable dans les
pays en développement en s’ap-
puyant sur des sources d’énergie
renouvelables non polluantes dont
la viabilité a été démontrée.
8 Liaison Énergie-Francophonie • N° 46
1
Document de l’Assemblée générale
A/RES/54/215
2
Document A/54/212
9. Il y a lieu de préciser ici que la
Commission du développement
durable de l’ONU, créée à la suite
de la Conférence de Rio, consacrera
sa neuvième session, en 2001,
à examiner le thème de l’énergie.
La résolution susmentionnée de
l’Assemblée générale invite le
Groupe de travail inter-organisations
sur l’énergie (instance de coordina-
tion des organismes du système
de l’ONU ayant des activités en
matière d’énergie) à veiller à ce
que les travaux menés au titre du
Programme solaire mondial 1996-
2005 aident la Commission du
développement durable à examiner
le thème de l’énergie à sa neuvième
session.
APERÇU DES ACTIVITÉS
DES ORGANISMES DU SYSTÈME
DES NATIONS UNIES EN MATIÈRE
D’ÉNERGIE RENOUVELABLE
Les entités des Nations Unies
participent à diverses activités de
coopération technique selon les
demandes et priorités des pays
auxquels elles apportent leur appui.
Ces activités visent à promouvoir
l’utilisation rationnelle de l’énergie
et la gestion de la demande, les
techniques d’énergie non polluantes,
le développement et l’application à
plus grande échelle des techniques
d’exploitation des énergies renou-
velables, un meilleur accès des
populations rurales à des services
énergétiques modernes, le renforce-
ment des capacités et le développe-
ment institutionnel, la planification
et la gestion du secteur de l’énergie
afin d’atteindre les objectifs écono-
miques, sociaux et environnementaux
du développement durable, et la
promotion des écotechnologies. À
la suite de l’adoption du Programme
solaire mondial 1996-2005, de
nombreuses entités du système des
Nations Unies ont modifié leurs
programmes et projets respectifs de
manière à y inclure dans la mesure
du possible les activités relevant de
ce Programme.
Organisation des Nations Unies
(ONU)
Le Département des affaires écono-
miques et sociales du Secrétariat
de l’ONU a pris plusieurs initiatives
concernant le développement et
l’utilisation des sources d’énergie
renouvelables. Il a notamment orga-
nisé des séminaires de formation,
des ateliers et des colloques sur:
a) la création d’entreprise et les
méthodes novatrices de financement
de la commercialisation de systèmes
d’énergie renouvelable; b) l’électri-
fication décentralisée des zones
rurales; c) l’utilisation décentralisée
des énergies de substitution,
conjointement avec l’Université
Columbia des États-Unis; d) le
renforcement des capacités des
municipalités à fournir aux zones
rurales des services énergétiques
viables, avec le Centre de dévelop-
pement de l’Asie-Pacifique;
e) l’énergie de la biomasse et la
production d’hydroélectricité à
petite échelle; et f) les obstacles à
l’exploitation viable des sources
d’énergie dans les pays en dévelop-
pement – notamment en Afrique –
à organiser conjointement avec le
PNUE. Plusieurs voyages d’étude
ont été organisés aux Pays-Bas et
au Royaume-Uni à l’intention des
fonctionnaires des pays en dévelop-
pement, afin de les familiariser aux
applications technologiques nova-
trices (énergie tellurique, solaire et
éolienne). Le Département des
affaires économiques et sociales
exécute actuellement un projet
quinquennal en Chine, financé par
le Fonds pour l’environnement
mondial, les Pays-Bas et l’Australie
et destiné à supprimer les obstacles
à la commercialisation rapide des
énergies renouvelables et à démon-
trer certaines applications techno-
logiques importantes. Dans les États
arabes, un projet régional, qui vise à
renforcer les capacités institution-
nelles en matière de développement
durable de l’énergie, y compris la
création d’entreprises, l’établisse-
ment de normes et l’adoption des
meilleurs pratiques, est en cours
d’exécution. Grâce aux ressources
d’un fonds d’affectation spécial créé
par l’Italie, plusieurs petits États
insulaires mettent en application
des techniques d’exploitation des
énergies renouvelables pour la
production d’électricité – énergie
solaire, photovoltaïque, éolienne,
énergie de la biomasse, énergie
thermique des mers.
Organisation des Nations Unies
pour l’Agriculture et l’Alimentation
(FAO)
Les activités de la FAO en matière
d’énergie visent à aider les pays en
développement à satisfaire leurs
besoins énergétiques dans l’agricul-
ture, la sylviculture et la pêche,
afin d’atteindre un développement
rural durable. Dans ce but, la FAO
a mis l’accent sur la nécessité de
promouvoir des sources d’énergie
renouvelable adaptées aux besoins
socio-économiques des populations
rurales, ainsi que sur l’utilisation
plus efficace des énergies conven-
tionnelles.
Si l’utilisation plus rationnelle de la
biomasse (surtout du bois) est le but
principal des activités de la FAO,
elle s’est aussi intéressée au dévelop-
pement des énergies solaire, éolienne
et géothermale, notamment pour le
pompage de l’eau et le chauffage
des serres par la géothermie. La pro-
motion et diffusion des cuisinières
à bois et à charbon plus efficaces
a été depuis plusieurs années une
activité soutenue.
Organisation des Nations Unies
pour le Développement industriel
(ONUDI)
Le thème «énergie et environne-
ment» est l’une des priorités du
programme de travail de l’ONUDI.
À ce sujet, la mise en œuvre des
accords internationaux est l’une des
activités principales, comprenant
l’aide aux engagements découlant
de la Convention-cadre des Nations
Unies sur le changement climatique
Le Programme solaire mondial: une nouvelle dynamique pour les EnR 9
10. Nous, chefs d’État et de gouvernement, réunis ou officiellement représentés à Harare, à l’occasion du
Sommet solaire mondial, tenu à l’invitation du gouvernement du Zimbabwe et à l’initiative de l’Organisation
des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture, en collaboration avec des institutions et
organisations internationales, pour lancer un programme d’activités solaires à l’échelle du globe intitulé
Programme solaire mondial 1996-2005,
1. Reconnaissons l’importance du rôle que les sources d’énergie renouvelables, solaire et autres, telles que l’énergie
éolienne, géothermique, hydraulique, de la biomasse et des océans, ainsi que l’efficacité énergétique devraient
jouer dans la fourniture de services énergétiques et dans l’utilisation durable des ressources de l’environnement
pour le bien-être de l’humanité;
2. Réitérons notre appui aux principes et actions visant à promouvoir les systèmes énergétiques pour un dévelop-
pement durable recommandés par la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement,
tenue du 3 au 14 juin 1992 à Rio de Janeiro, Brésil, en particulier la Déclaration de Rio sur l’environnement et
le développement, le Programme Action 21, ainsi que les engagements pris dans la Convention-cadre des Nations
Unies sur les changements climatiques;
3. Reconnaissons que la fourniture suffisante de services énergétiques à des prix abordables, ainsi que l’adoption
de mesures d’économie d’énergie, sont essentielles pour que tous les pays, développés ou en développement,
parviennent peu à peu à satisfaire les besoins actuels et à répondre à leur accroissement futur, tout en réduisant
les risques de dégradation de l’environnement, et à exploiter tout le potentiel des sources d’énergie renouvelables;
4. Reconnaissons qu’il est nécessaire d’accroître sensiblement l’accès à l’énergie des pays en développement et que
des approvisionnements en énergie suffisants peuvent améliorer les conditions de vie, diminuer la pauvreté,
améliorer la santé et l’éducation, promouvoir les petites entreprises et créer des activités génératrices de revenus,
en particulier dans les zones rurales et isolées, réduisant ainsi les migrations des populations rurales vers les
centres urbains;
5. Reconnaissons que le rôle de l’énergie solaire dans chaque pays doit être intégré et spécifié dans sa politique
nationale relative à l’énergie;
6. Reconnaissons que la mise en valeur, la diffusion et l’utilisation généralisée de l’énergie solaire rencontrent des
difficultés, en particulier en ce qui concerne la gestion, la maintenance et le financement des installations ainsi
que l’accès aux données, à l’information, aux moyens d’éducation et de formation et à la technologie dans ce
domaine;
et du Protocole de Montréal.
L’ONUDI est d’ailleurs l’une des
agences d’exécution du Fonds
multilatéral pour la mise en œuvre
de ce dernier.
Un autre thème central du travail
de l’ONUDI est celui de l’industrie
et l’énergie, dans le cadre duquel
elle fournit de l’assistance technique
pour l’amélioration de l’énergie
industrielle. Parmi les 60 projets
liés à l’énergie que l’ONUDI exé-
cute actuellement, quelques-uns
concernent l’introduction accrue de
technologies d’énergie renouvelable.
Il y a lieu de rappeler, à ce sujet,
que l’ONUDI avait créé en 1984
un Groupe consultatif sur la
recherche et les applications
de l’énergie solaire, dont l’un des
résultats a été l’établissement à
Perth, en Australie, du Centre
international pour l’application de
l’énergie solaire, avec l’appui
du gouvernement australien et
de la région d’Australie occidentale.
10 Liaison Énergie-Francophonie • N° 46
Déclaration de Harare
sur l’énergie solaire et le développement durable
(suite à la page 12)
11. 17. Reconnaissons que l’accroissement de l’utilisation de l’énergie solaire peut réduire la dégradation de
l’environnement résultant d’activités humaines dommageables telles que la pollution industrielle et la déforestation,
et qu’il incombe aux gouvernements ainsi qu’à tous les secteurs de la société civile de travailler ensemble pour
trouver des solutions viables aux problèmes menaçant le développement durable de l’humanité;
18. Soulignons le fait que le contrôle des émissions de gaz à effet de serre et autres gaz et substances dans
l’atmosphère rend nécessaire le recours à des systèmes énergétiques rationnels et efficaces, notamment ceux
faisant appel à l’énergie solaire;
19. Reconnaissons que les organisations non gouvernementales concernées jouent un rôle important dans
l’exploitation et la diffusion de l’énergie solaire;
10. Reconnaissons que les femmes ont un rôle important à jouer dans la promotion de l’énergie solaire et qu’elles
pourront largement bénéficier de son utilisation;
11. Sommes convaincus que le développement et l’utilisation durable de l’énergie solaire requièrent un renforcement
des capacités aux niveaux local et national associé à la réforme des politiques et au partage des technologies
entre les nations, en particulier grâce à des efforts cohérents visant à l’acquisition et à la mise au point de
technologies par les pays en développement.
EN CONSÉQUENCE, NOUS
12. Nous engageons à œuvrer en vue d’une utilisation accrue de l’énergie solaire pour renforcer le développement
économique et social de tous les peuples; l’appui et la promotion de ces efforts devraient être des buts très
importants pour nos gouvernements, la communauté internationale et tous les secteurs de la société, en
particulier les populations vivant dans des communautés rurales et insulaires, isolées et défavorisées;
13. Nous engageons à œuvrer pour établir des politiques et des mécanismes efficaces capables d’accélérer et
de faciliter l’utilisation de l’énergie solaire en éliminant les chevauchements d’efforts ainsi que les délais
administratifs, et en encourageant la coopération internationale, y compris la participation à des organismes
régionaux et internationaux et à des organisations scientifiques et techniques;
14. Nous engageons à utiliser plus largement l’énergie solaire en recourant à la mise en place d’une assistance
technique et de financements suffisants, à utiliser pleinement les fonds internationaux existants, et à faciliter la
participation accrue à la fois des secteurs public et privé.
POUR ATTEINDRE CES OBJECTIFS, NOUS:
15. Appelons toutes les nations à participer à la mise en place et à l’exécution du Programme solaire mondial
1996-2005;
16. Invitons la Commission solaire mondiale à continuer d’assurer à un haut niveau une autorité et une orientation
afin d’atteindre les objectifs du Sommet, et l’UNESCO à continuer de jouer un rôle prépondérant dans la mise
en place du Programme solaire mondial 1996-2005, en étroite coopération avec les organisations internationales
compétentes;
17. Invitons le secrétaire général de l’ONU et les chefs des secrétariats, des institutions spécialisées et des programmes
des Nations Unies ainsi que les gouvernements nationaux, les organisations inter-gouvernementales et non
gouvernementales, les institutions universitaires et de recherche, et le secteur privé à participer à la mise en
œuvre du Programme solaire mondial 1996-2005.
HARARE, 17 septembre 1996
Le Programme solaire mondial: une nouvelle dynamique pour les EnR 11
12. 12 Liaison Énergie-Francophonie • N° 46
Ce Centre fournit un appui et des
avis rapides et efficaces en matière
de technologies et de marchés afin
de donner aux entreprises la confiance
pour investir dans l’énergie solaire et
les autres énergies renouvelables.
Organisation Mondiale
de la Santé (OMS)
Reconnaissant que, malgré les
migrations généralisées des zones
rurales vers les centres urbains, la
population rurale, dans les années
à venir, représentera encore 50%
de celle du globe, l’OMS s’est inté-
ressée aux aspects importants de la
santé rurale, y compris les applica-
tions de technologies appropriées
pour résoudre à la fois les problèmes
liés à l’environnement et au bien-
être des populations concernées.
Il est évident que les systèmes
énergétiques décentralisés utilisant
les énergies renouvelables sont
particulièrement bien adaptés au
milieu rural. La fourniture d’élec-
tricité aux hôpitaux et dispensaires
ruraux constitue une avance
considérable dans l’amélioration
de la santé de ces populations,
permettant par exemple la produc-
tion de froid pour le stockage de
vaccins et autres produits médicaux.
C’est ainsi que, dans le cadre des
programmes d’immunisation mis en
œuvre par l’OMS, on utilise plus de
6.000 réfrigérateurs solaires. L’OMS
a effectué, en outre, une série d’études
sur l’impact sur la santé des diffé-
rentes formes d’énergie et elle a
apporté son soutien à des program-
mes de protection de la santé des
travailleurs et des communautés par
la promotion des énergies propres,
dont les énergies renouvelables.
Programme des Nations Unies
pour le Développement (PNUD)
Au sein du système des Nations
Unies, le PNUD est la source prin-
cipale de fonds pour les activités en
matière d’énergie; c’est ainsi qu’il
finance des projets d’autres orga-
nismes tels que FAO, ONUDI, et
UNESCO.
Le PNUD a intensifié ses activités
dans le cadre de son Initiative pour
l’énergie durable, qui décrit les
rapports entre l’énergie et les princi-
paux objectifs de son programme,
en particulier l’élimination de la
pauvreté. L’Initiative met l’accent sur
les activités en faveur des énergies
renouvelables et de l’utilisation
rationnelle de l’énergie ainsi que
sur les technologies énergétiques
modernes non polluantes. Elle
souligne, d’autre part, la nécessité
d’aborder les questions autres que
technologiques, telles que les cadres
institutionnel, juridique et fiscal et
le renforcement des capacités. Le
PNUD a reconnu que de nombreux
projets qui figurent en priorité
dans le Programme solaire mondial
1996-2005 concordent avec l’Initia-
tive pour l’énergie durable, et que
leur financement pourrait être
imputé sur les montants ciblés pour
l’allocation des ressources de base,
les ressources du Fonds pour l’envi-
ronnement mondial ou les contribu-
tions au titre de participation aux
coûts de tiers, selon la situation des
pays et en fonction des priorités
gouvernementales.
Programmes des Nations Unies
pour l’Environnement (PNUE)
Le PNUE, dont le siège est à
Nairobi, dispose d’un budget
alimenté par des contributions
volontaires qui a subi dernièrement
les conséquences de la diminution
généralisée de l’aide officielle au
développement. Il n’est pas un
organisme d’exécution, car son rôle
est plutôt catalytique et de coordi-
nation. Le PNUE a récemment mis
au point un Programme sur les
politiques d’énergie dont le but
principal est de contribuer au
changement vers des systèmes
énergétiques produisant moins de
CO2
et d’autres gaz à effet de serre,
afin de réduire leur impact sur
l’environnement; dans le cadre de
ce Programme figure notamment
l’utilisation accrue des énergies
renouvelables. Il est intéressant de
signaler que l’un des projets majeurs
de ce Programme est celui de la
promotion du financement commer-
cial de l’efficacité énergétique et des
investissements dans les énergies
renouvelables; ce projet vise surtout
les pays en développement et ceux
des économies en transition. Un
autre projet, intitulé «Développe-
ment des entreprises d’énergie
renouvelable en Afrique», a pour
but de faciliter la création de petites
entreprises privées, basées dans les
technologies des énergies renouve-
lables. Enfin, le PNUE met en
œuvre un certain nombre de projets
financés par le GEF ayant trait au
changement climatique et, toujours
en partenariat avec le GEF, prépare
actuellement une étude globale sur
le potentiel d’ajouter des systèmes
photovoltaïques aux usines hydro-
électriques existantes.
Le Fonds pour l’Environnement
mondial (GEF)
Plus connu par son sigle anglais
GEF (“Global Environment Facility“)
ce Fonds a été créé par le PNUD,
le PNUE et la Banque mondiale en
1990, c’est à dire deux ans avant la
Conférence de Rio, en tant que
programme expérimental fournissant
des fonds pour l’amélioration de
l’environnement à l’échelle mondiale
dans quatre domaines: changement
climatique, diminution de la couche
d’ozone, biodiversité et pollution
des eaux internationales. En mars
1994 le GEF a été transformé en
mécanisme financier permanent
avec un fonds en dépôt de 2 milliards
de dollars, ce qui représentait le
premier suivi financier important
de la Conférence de Rio.
Le PNUD, le PNUE et la Banque
mondiale sont les agents d’exécution
des projets financés par le GEF,
dont 80% concernent le changement
climatique et la biodiversité. Pour
ce qui est des énergies renouvelables,
l’action du GEF s’est orientée surtout
vers leur promotion par l’élimination
des barrières législatives et fiscales
et la réduction des coûts.
(suite de la page 10)
13. Le Programme solaire mondial: une nouvelle dynamique pour les EnR 13
Coordination des activités
Au cours des dernières années, des
organes tels que la Commission du
Développement durable, le Conseil
économique et social de l’ONU,
le Comité sur les Sources d’énergie
nouvelles et renouvelables (devenu
depuis 1999 le Comité de l’Énergie
et des Ressources naturelles pour
le Développement), la Deuxième
Commission de l’Assemblée
générale de l’ONU et divers autres
organes délibérants relevant des
organismes concernés du système
des Nations Unies, ont souligné à
maintes reprises la nécessité d’inciter
ces organismes à resserrer leur liens
de coopération et à coordonner
leurs activités, notamment dans le
domaine de l’énergie. Bien que des
améliorations aient été constatées,
il faut reconnaître que ces activités
sont quelque peu ponctuelles,
qu’elles souffrent de l’absence d’une
stratégie commune – car bon nom-
bre d’entre elles sont menées au
niveau national – , que les organismes
concernés coopèrent peu entre eux
pour ce qui est de la mise au point
et de la mise en œuvre d’activités qui
tiennent compte de la conjoncture
locale et qu’ils auraient tout intérêt
à mettre davantage en commun
leurs expériences respectives.
Au niveau du Secrétariat de l’ONU,
le fait que les trois départements
qui s’occupaient auparavant des
questions économiques et sociales
aient fusionné en un seul, le Dépar-
tement des Affaires économiques et
sociales, a permis de regrouper les
moyens politiques, normatifs et
techniques, et ainsi d’enrichir les
politiques menées par le système
des Nations Unies. En 1996, un
Groupe spécial interorganisations
des sources d’énergie nouvelles et
renouvelables a été créé, dont
les réunions successives se sont
penchées sur la nécessité d’améliorer
les échanges d’information, ainsi
que sur l’élaboration et la mise en
œuvre conjointe de projets et de
programmes. Plus récemment, en
1999, a été créé un Groupe spécial
interorganisation sur l’énergie, dans
le cadre de la préparation de la
neuvième session, en 2001, de la
Commission du Développement
durable.
En ce qui concerne les énergies
renouvelables, je persiste à croire
que c’est autour du Programme
solaire mondial 1996-2005 que la
coordination interorganisations
devrait se faire. Ceci semble avoir
été l’avis de l’Assemblée générale de
l’ONU dans sa résolution 54/215,
lorsqu’elle a pris note «que le Groupe
de travail interorganisations sur
l’énergie a été créé afin de coordon-
ner les activités menées par tous les
organismes compétents des Nations
Unies pour préparer la neuvième
session de la Commission du Déve-
loppement durable, qui doit se tenir
en 2001, et de contribuer au déve-
loppement durable, en tenant
compte des recommandations du
Programme solaire mondial 1996-
2005».
Conclusion
L’utilisation de l’énergie pour le
développement a trois dimensions:
économique, environnementale et
sociale. Par le passé le monde a
accordé plus d’importance à la
première mais, plus récemment,
les phénomènes de réchauffement
planétaire, de pollution urbaine, de
pluies acides et autres conséquences
négatives de la production éner-
gétique par combustibles fossiles,
ont attiré l’attention de l’opinion
publique et des décideurs (surtout
des pays industrialisés) sur la néces-
sité de préserver l’environnement
afin de ne pas causer des dommages
irréversibles à l’écosystème. Au sein
du système des Nations Unies,
plusieurs agences et programmes
s’occupent de l’environnement:
PNUE, PNUD, GEF, etc. Reste
donc la dimension sociale, c’est-
à-dire comment apporter les services
énergétiques de base au tiers de
la population de la planète qui n’y
a pas accès. Seule la diffusion à
grande échelle de systèmes éner-
gétiques décentralisés utilisant les
énergies renouvelables (solaire,
éolienne, biomasse, mini-hydraulique)
permettra, notamment, d’apporter
l’électricité aux communautés vivant
dans les zones rurales et/ou éloignées,
dans des petites îles ou dans des
zones d’accès difficile. C’est cette
dimension sociale que je souhaiterais
voir davantage mise en relief con-
cernant la contribution des énergies
renouvelables au développement
durable. Apporter ainsi l’énergie à
ceux qui en sont dépourvus contri-
buerait à l’éradication de la pauvreté,
à l’intégration des communautés
concernées dans la société du pays
dont elles font partie, à libérer les
femmes et les enfants des corvées
découlant de la recherche de l’eau
et du bois de feu, à l’amélioration
de la santé en fournissant du froid
pour les dispensaires ruraux, à dis-
poser d’éclairage pour des cours du
soir, à donner accès à la radio et la
télévision, à disposer de cuisinières
solaires et de séchoirs pour les
produits agricoles et, en général, à
améliorer la qualité de vie des popu-
lations concernées. À ce sujet, il me
semble que l’UNESCO est l’insti-
tution spécialisée des Nations Unies
la mieux placée pour défendre cette
dimension, dont les aspects éducatifs,
scientifiques, sociaux, culturels et
de communication relèvent de sa
compétence constitutionnelle.
14. A- Contexte général de l’Afrique et objectifs
Le continent africain a une population de 708 millions d’habitants qui se
caractérise par un taux de croissance élevé de 2,7% l’an, soit un doublement
tous les 26 ans. Le revenu moyen par habitant est faible, de l’ordre 500 $ US
par an.
À l’aube du 21e
siècle, le continent présente encore des signes patents de
sous-développement dont les plus importants sont:
• la prédominance des communautés rurales. 66 % de la population
africaine, soit environ 467 millions d’habitants, vit en milieu rural;
• le faible taux d’utilisation des formes modernes d’énergie. Ce taux se
caractérise par la très faible consommation de l’énergie commerciale par
habitant (670 kep par an), le très bas taux d’accès à l’électricité (19%, ce
qui signifie que 81 % de la population vit hors de portée des réseaux
électriques) et la faible production électrique par habitant (493 kWh);
• la destruction de l’environnement pour la satisfaction des besoins
énergétiques;
L’Afrique dispose d’un important potentiel,
insuffisamment mis en valeur, d’énergies renouvelables
(hydro-électricité, solaire, éolien, biomasse, etc.)
dont une exploitation organisée et rationalisée
permettrait de répondre aux besoins
de développement du continent
dans une perspective de durabilité.
Vers une utilisation
à grande échelle
des énergies renouvelables
en Afrique
14 Liaison Énergie-Francophonie • N° 46
Jacques-Césaire Mba-Nzé,
spécialiste du Programme
à la Division des Sciences
de l’Ingénieur et de la
Technologie de l’UNESCO et
responsable pour l’Afrique
du Programme solaire mon-
dial 1996-2005.
JACQUES-CÉSAIRE
MBA-NZÉ
15. Valeurs du rayonnement solaire en Afrique
• le faible taux d’accès aux autres
services de base tels l’eau potable,
la santé, l’éducation, etc. Pour
se développer, le continent a
besoin d’une population en
bonne santé et bien alphabétisée.
Pourtant cet objectif modeste
est encore hors de portée d’un
grand nombre de pays africains
comme le soulignent les chiffres
qui suivent:
– seuls 44% de la population ont
accès à l’eau potable. Le reste,
soit 56%, est exposé aux nom-
breuses maladies transmises par
l’eau non potable (comme le
choléra, le ver de Guinée, etc.).
Certains d’entre eux doivent
parcourir des kilomètres ou tirer
à partir d’un puits profond pour
se procurer de l’eau;
– la couverture sanitaire est
inférieure à 30% dans 12 pays
du continent, se situe entre
30 et 59% dans 45 autres et
est supérieure à 60% dans
seulement 3 pays.
La couverture vaccinale, qui protège
les enfants contre les ravageuses
épidémies de maladies infantiles, est
inférieure à 50% dans 14 pays, se
situe entre 50 et 80% dans 22 autres
et est supérieure à 80% dans seule-
ment 9 pays.
I. POTENTIEL EN ÉNERGIES
RENOUVELABLES DE L’AFRIQUE
• Le continent africain est doté
d’un potentiel énorme d’énergies
renouvelables dont l’exploitation
est à peine commencée.
1. Potentiel hydroélectrique
L’énergie hydroélectrique représente
21% des puissances électriques
totales installées en Afrique, en
1992, soit 20206 sur 96904 MW.
Par ailleurs, on remarque que 77%
de l’énergie électrique sont produits
à partir des sources thermiques, ce
qui n’est pas sans conséquence sur
l’environnement, notamment concer-
nant la production des gaz nocifs
(le CO2, les NOx, le SO2, etc.). En
effet, une partie non négligeable de
l’électricité est produite à partir du
charbon dont les rejets en ces gaz
sont plus importants que pour les
centrales diesels. On ne prend pas
en compte la production électrique
de l’Afrique du Sud où le charbon
a une contribution importante.
Par contre, le continent est doté
d’un potentiel hydroélectrique im-
portant estimé à plus 436 000 MW.
Les puissances installées actuellement
ne représentent qu’à peine 5%
du potentiel disponible. Un calcul
simple montre que l’utilisation sys-
tématique du potentiel hydroélec-
trique peut, à elle seule, multiplier
la capacité de production totale
actuelle par 5,5. Par ailleurs, l’Afrique
est la région du monde où la pro-
portion d’hydroélectricité est la plus
faible: 5% contre 90% pour l’Europe,
45% pour l’Amérique du Nord,
20% pour l’Asie et l’Amérique du
Sud.
Une étude1
récente a montré qu’en
Afrique australe, le barrage de
Cahora Bassa, sur le fleuve Zambèze
au Mozambique, qui, pendant vingt
ans, n’a fonctionné qu’à 1% de sa
capacité, et le barrage d’Inga, sur
le fleuve Congo en République
Démocratique du Congo, sont à
mesure de fournir jusqu’à 10.000 MW
dans un futur proche. Cette capa-
cité, une fois mobilisée, produirait
une économie annuelle de:
– 13 millions de tonnes de CO2,
– 142 000 tonnes de SO2 et
– 60 000 tonnes de NOx.
Ce potentiel hydroélectrique cons-
titue ainsi un important terreau
favorable au développement de la
micro et mini-hydroélectricité pour
l’électrification rurale.
En terme de coût on peut rappeler
que le kWh varie de 0,04 à 0,07
dollars US pour les grandes instal-
lations. Pour les petites installations,
en terme de Watt installé, le coût
se situe entre 1,5 et 3 dollars US.
2. L’énergie solaire
La carte mondiale de gisement
solaire montre que 47% de la
surface du continent bénéficie d’un
ensoleillement annuel supérieur à
2 100 kWh/m2
, 27% entre 1 900 et
2 100, et les 26% restants entre
1 500 et 1 900. On remarque aussi
que les valeurs les plus élevées de
l’ensoleillement correspondent aux
parties les plus denses du peuplement,
excepté les déserts du Sahara et du
Kalahari. Ainsi tous les paramètres
géographiques sont favorables à une
large utilisation de l’énergie solaire.
Le Programme solaire mondial: une nouvelle dynamique pour les EnR 15
1
Pedro de Sampaio Nunes, Forum d’Affaires
et d’Investissement pour le Développe-
ment des Energies renouvelables en
Afrique, Harare, 29-31 Mars 1999.
Tableau A.1
Valeur de l’ensoleillement Supérieur à 2100 1900 à 2100 1500 à 1900
en kWh/m2
/an
Pourcentage de la surface 47% 27% 26%
Observations Régions désertiques et Régions de savane, très peuplées Régions forestières, peu peuplées
denses, périphériques
16. Productivité de l’éolienne Zones concernées
(en kWh/kW par an)
> 5 000 les côtes de l’Afrique australe (Namibie, Afrique du Sud et
Mozambique)
3 750 à 5 000 Les côtes de l’Afrique de l’ouest (Liberia, Sierra Leone, Guinée,
Guinée Bissau, Sénégal, La Gambie, Mauritanie) et du Maroc
2 250 à 3 750 Les côtes de l’Afrique du Nord (Algérie, Tunisie, Libye, Égypte),
du Soudan, de l’Érythrée, du Djibouti et de la Somalie
750 à 2 250 Tout le reste du continent excepté le noyau central
< 750 Le noyau central continental
En dépit de ces conjonctions géo-
graphiques et des besoins pressants
de la population, l’utilisation de l’éner-
gie solaire reste encore marginale.
Il existe actuellement plusieurs
modes d’utilisation de cette forme
d’énergie et les plus utilisés sont:
– l’électricité solaire photovoltaïque,
pour le pompage de l’eau, l’éclai-
rage, la réfrigération, la télé-
communication, etc.;
– les centrales thermiques utilisant
des concentrations cylindro-
parapoliques, qui sont, actuelle-
ment, le mode le plus compétitif
d’utilisation de l’énergie solaire sur
réseau;
– le séchage des produits agro-
alimentaires;
– le chauffage solaire sous forme
de chauffe-eau, de chauffage
d’habitation, etc.;
– la cuisson solaire pour laquelle
il existe plusieurs variantes d’appa-
reils. Mais la technologie la plus
prometteuse est celle de la
concentration par paraboloïde.
3. L’énergie éolienne
La carte mondiale de productivité
de l’énergie éolienne montre que
l’Afrique est constituée de trois
zones de productivité décroissante
allant de la côte vers l’intérieur du
continent, comme résumé ci-dessous:
Ainsi, on observe que, dans 50%
des régions côtières, l’utilisation à
grande échelle de l’énergie éolienne
est possible. Par rapport à l’énergie
solaire, l’énergie éolienne offre
plus de possibilité, à moindre coût,
de production, à grande échelle,
de l’énergie électrique en réseau
connecté ou isolé. Là où les condi-
tions sont moins favorables, l’énergie
éolienne s’apprête aussi à des utilisa-
tions à petites échelles pour le pom-
page de l’eau ou l’électrification de
petits villages.
Il est à signaler que la gamme de
puissance des aérogénérateurs est
très large et va de 500 kWh pour
les modèles synchrones intégrables
au réseau à 100 W à 10 kW pour
les modèles autonomes.
4. La biomasse, rationalisation et
préservation
La biomasse est actuellement la pre-
mière source d’énergie de l’Afrique.
Excepté dans les zones à fragile
équilibre écologique comme le
Sahel, le continent dispose d’un
capital appréciable de biomasse.
Mais ces ressources ne sont pas
inépuisables et le poids démogra-
phique du continent est en train
d’amenuiser leurs capacités de
régénération naturelle. Aussi dans
beaucoup de pays, le taux de prélè-
vement est de loin plus élevé que
celui de la régénération. Il est donc
impératif de prendre des mesures
appropriées pour conserver le
caractère renouvelable de cette
source d’énergie.
B- Les Projets africains
de haute priorité
Dans le cadre du Programme solaire
mondial (1996-2005) (PSM), les
pays africains ont présenté 260 pro-
jets nationaux de haute priorité
(PNHP) que l’on a classés selon les
cinq programmes globaux suivants:
• Formation et éducation en
matière d’énergies renouvelables:
15 projets ont été présentés, dont
4 concernent la création d’instituts
de formation et 11 la mise en place
de programmes de formation dans
des institutions existantes.
• Système de collecte et
de diffusion d’informations:
32 projets embrassent divers
domaines tels l’étude des gisements,
16 Liaison Énergie-Francophonie • N° 46
2
Certaines parties empruntées à
A.M. Dahouenon, GTZ-Sénégal,
et Z. Koïta, SENELEC, Sénégal
Type d’application Usage Puissance
Système individuel ou SHS Éclairage, alimentation des postes radio ou 5 à 200 Wc
téléviseur, etc.
Système PV institutionnel Électrification des centres communautaires 100 à 500 Wc
(santé, culture, éducation, culte, etc.)
Système PV de pompage Exhaure de l’eau potable ou pour irrigation 0,2 à 6 kWc
Télécommunication Alimentation des stations relais 0,2 à 25 kWc
Micro-centrale électrique Électrification d’un village 5 à 100 kWc
Applications courantes de l’électricité solaire photovoltaïque2
Tableau A.2
Zones de productivité
Tableau A.3
17. de faisabilité ou de marché des
énergies renouvelables, la mise en
place d’un plan de promotion de
l’utilisation de ces énergies ou
d’économie d’énergies tradition-
nelles, la création de banques de
données, la création ou le renfor-
cement d’un centre de collecte et
de diffusion d’informations, et
l’organisation de conférences
internationales.
• l’augmentation de la capacité
d’utilisation des énergies renou-
velables: 151 projets touchent
divers secteurs tels que l’électri-
fication rurale ou urbaine, le
village solaire intégré de démons-
tration, l’alimentation en eau
potable ou douce, l’équipement
des centres sociaux (de santé,
d’éducation ou de la culture),
l’utilisation massive des appareils
solaires thermiques (chauffe-eau,
cuiseur, séchoir), la télécommunica-
tion, le froid pour la conservation
des produits agro-alimentaires,
l’irrigation ou l’adaptation des
cultures, l’architecture solaire et
la sauvegarde de la faune sauvage.
• la création ou développement
des capacités locales industrielles
ou de recherche développement:
33 projets ont été présentés dont
11 pour le développement des
capacités industrielles et
22 en matière de recherche/
développement.
• l’initiative sur la biomasse:
29 projets figurent dans ce
domaine. Ils concernent la
production, la rationalisation ou
la substitution au bois-énergie,
la production du biogaz et l’utili-
sation des huiles végétales, de
l’alcool ou de déchets comme
source d’énergie.
C- Mécanisme
de mise en œuvre
L’exécution de ces projets nécessite
la mise en place de structures de
coordination aussi bien au niveau
national qu’au niveau interafricain
afin d’utiliser au mieux toutes les
ressources indispensables à leur
réalisation. Dans cette perspective,
les actions suivantes devraient être
réalisées ou renforcées:
• la mise en place effective d’un
Conseil Solaire Africain (CSA),
avec définition de statuts et
d’un règlement ainsi que d’un
programme d’action;
• la mise en place de structures
nationales et sous-régionales. En
effet, le Forum Solaire Africain
de Bamako (Mali), de mars 1998,
dans ses recommandations, a
invité «les pays participants à accélérer
la mise en place des Comités solaires
nationaux» et exhorté «les organismes
inter étatiques à mettre en place des
procédures de coordination suivies,
d’une part avec la Commission Solaire
Mondiale et avec le Conseil Solaire
Africain d’autre part».
Il serait judicieux d’associer les ONG
et la société civile à la réalisation
des projets du PSA afin de mieux les
sensibiliser aux possibilités qu’offre
l’énergie solaire. Les institutions de
coordination doivent également
chercher à intéresser et sensibiliser
le secteur privé pour accroître au
maximum la possibilité d’un appro-
visionnement large et régulier du
marché d’équipements d’énergie
solaire. Au besoin, ces structures
doivent aider le secteur privé à
établir des contacts avec les orga-
nismes étrangers.
Dans l’exécution des projets, la
priorité doit être accordée aux
projets pilotes et de démonstration
et une large publicité devrait être
faite autour de ces projets afin de
mieux sensibiliser tous les acteurs
concernés.
D- Mécanisme de financement
I. ÉVALUATION DES BESOINS
Pour mettre l’énergie électrique à
la portée des populations rurales,
on peut procéder par extension des
réseaux, interconnectés ou non, ou
par la méthode de «Village solaire
intégré». Cette dernière méthode,
qui a l’avantage d’être la moins
coûteuse et la plus adaptée aux
échelles des énergies renouvelables,
consiste à satisfaire les besoins
énergétiques essentiels (tel l’exhaure
de l’eau, la conservation de vaccins,
l’éclairage des centres sociaux, la
télécommunication, etc.) des commu-
nautés rurales grâce à l’énergie
solaire, généralement photovoltaïque
ou éolienne. Le coût moyen d’un un
village standard de 2.500 habitants
est de l’ordre de 86.000 dollars US.
II. BUDGET DU PROGRAMME
SOLAIRE MONDIAL (1996-2005) :
AFRIQUE (PSA)
Sur les 260 projets présentés par les
États, 188, soit 72% du total, ont
été budgétisés. Le montant global
du budget est de 1,39 milliards de
dollars US pour une moyenne par
projet budgétisé de 7,38 millions.
Sur la base d’un calcul attribuant
en moyenne 10 millions de dollars
US par pays et pour les 53 pays du
continent, le PSA s’est fixé comme
objectif réaliste la mobilisation
de 600 millions de dollars US
pour l’Afrique, durant la durée du
Programme. Cette somme modeste
représente 43% du montant global
des projets de haute priorité bud-
gétisés et seulement 4% du besoin
réel du continent. En tenant compte
de l’évolution de la population,
cette somme représente l’investis-
sement nécessaire pour satisfaire
l’accroissement des besoins en
énergie électrique d’un an et demi.
III. LIGNES D’ACTIONS
Pour réunir le montant de 600 mil-
lions de dollars US, le PSA prévoit,
pour chacun des acteurs, les actions
suivantes:
a) Gouvernements africains
Conformément aux engagements
contenus dans la déclaration de
Harare, les gouvernements africains
doivent se donner les moyens
Le Programme solaire mondial: une nouvelle dynamique pour les EnR 17
18. d’exécuter les projets inscrits dans le
PSA. Afin de tenir leurs engagements
et mieux intéresser les bailleurs de
fonds extérieurs, les plus hautes
autorités gouvernementales doivent
s’impliquer davantage en entrepre-
nant les actions suivantes:
• le recours aux énergies renouve-
lables dans les projets de dévelop-
pement nationaux ou régionaux
(agriculture, santé, éducation,
etc.) et l’inscription de ces projets
dans les plans nationaux de
développement;
• la création de fonds nationaux
des énergies renouvelables devant
servir de contrepartie aux finan-
cements extérieurs des projets;
• l’adoption de lois portant sur la
réduction des taxes d’importation
sur les équipements pour les
énergies renouvelables;
• la formulation et la constitution
des documents de projets dont
les fiches sont déjà disponibles,
selon les formats requis par les
organismes de financement;
• l’introduction de requêtes de
financement, appuyées par les
documents mentionnés ci-dessus,
auprès des bailleurs de fonds pour
les projets inscrits dans le PSA.
A cet effet, les gouvernements
doivent s’enquérir, auprès des
bailleurs de fonds, des règles et
procédures adéquates;
• la sensibilisation aux énergies
renouvelables des ONG présentes
dans les pays, afin de les amener
à s’engager dans la mise en œuvre
du PSA. En plus des rôles impor-
tants relevant des ONG, des
actions de micro crédit peuvent
avoir des effets appréciables sur
l’acquisition, par les populations
rurales et périurbaines, des équi-
pements en matière d’énergies
renouvelables et sur la formation
des techniciens de maintenance;
• la concertation et la collaboration
entre toutes les institutions afri-
caines concernées par les énergies
renouvelables pour échanger les
expériences acquises, créer en
commun des banques de données
et lancer en coopération des
programmes éducatifs ou de
recherche/développement.
b) Conseil Solaire Africain (CSA)
Conformément à son rôle de
coordination des actions des pays
africains pour la réalisation du PSA,
le CSA, conjointement avec les
Gouvernements, devrait entre-
prendre les actions suivantes:
• encourager la création des comités
solaires nationaux dans les États
africains;
• agir auprès des organismes de
financement et de développement
internationaux et régionaux
(notamment le PNUD, la BAD,
l’Union européenne, la BID, etc.)
pour faciliter les possibilités de
financement des projets du PSA;
• donner les moyens aux respon-
sables nationaux des PNHP afin
qu’ils puissent préparer et présenter
leurs projets de façon à intéresser
les organismes de financement et
les bailleurs de fonds.
c) Secrétariat de la Commission
Solaire Mondiale (CSM)
Conformément à son rôle centra-
lisateur des activités du PSM, le
Secrétariat de la Commission
Solaire Mondiale devrait collaborer
avec le CSA dans l’élaboration des
PNHP et avec les gouvernements
nationaux et les bailleurs de fonds
internationaux pour la recherche
de financement des projets dont
les documents sont disponibles.
IV. DÉMARCHES GÉNÉRALES POUR
LE FINANCEMENT DES PNHP
La procédure de financement des
projets nationaux de haute priorité
du Programme solaire mondial
1996-2005 est un processus qui
décrit le cheminement des projets
depuis leur identification jusqu’à
leur financement par les bailleurs
de fonds. Les principales étapes
sont les suivantes:
a) Identification des projets
À l’étape initiale de l’identification
et de formulation des projets natio-
naux de haute priorité peuvent
intervenir les acteurs suivants:
• les organismes publics (les
ministères, les établissements
publiques, les collectivités
territoriales, etc.);
• les organismes parapublics
(les sociétés d’État, etc.);
• le secteur privé (les sociétés
privées, les associations,
les ONG, etc.).
L’organisme initiateur du projet
doit élaborer un document de projet
consistant qui renferme toutes les
informations essentielles pour, non
seulement, attirer l’attention des
bailleurs de fonds, mais aussi, leur
donner une idée assez complète du
projet. À cet effet, il a été conçu un
guide de préparation de projet par
le secrétariat de la Commission
solaire mondiale.
b) Traitement des PNHP
au niveau national
Avant leur soumission au Secrétariat
de la Commission Solaire Mondiale,
les projets NHP doivent d’abord
avoir l’approbation des autorités
nationales afin de justifier leur
appellation de «haute priorité
nationale». Dans les pays où existe
un Comité Solaire National (CSN),
celui-ci est l’organe le plus indiqué
pour juger de l’importance au plan
national du projet. À défaut, le
Ministère ayant en charge les éner-
gies renouvelables peut valablement
accomplir ce rôle.
Pour mieux accroître ses chances
de financement, le projet doit être
inscrit dans le plan national de
développement du pays.
Il est très utile de faire apparaître
toutes ces démarches nationales
dans l’avant-propos du document de
18 Liaison Énergie-Francophonie • N° 46
19. projet afin de mieux sensibiliser les
bailleurs de fonds sur l’importance
du projet. Après quoi, le projet
doit parvenir au Secrétariat de la
Commission Solaire Mondiale qui
est assuré par la Division des
Sciences de l’Ingénieur et de la
Technologie (SC/EST) du Secteur
des Sciences Exactes et Naturelles
de l’UNESCO. Il doit être clairement
compris que l’inscription d’un projet
au Programme Solaire Mondial
1996-2005 n’est pas synonyme de
son financement. Les efforts du
Secrétariat de la CSM dans la
recherche de financements doivent
absolument être complétés par:
• des démarches nationales en
direction des bailleurs de fonds
traditionnels du pays, des ONG,
des bailleurs de fonds nationaux,
etc. Cette démarche a le double
avantage, d’une part, de mobiliser
des fonds qui sont normalement
inaccessibles à la Commission
Solaire Mondiale et, d’autre part,
d’accroître le nombre de projets
financés. Les pays membres du
groupe ACP peuvent inscrire les
projets NHP dans le Programme
Indicatif National (PIN) ou
Régional (PIR) qui lient les États
ou les régions à la Commission
Européenne;
• des actions de soutien (requêtes,
lettres, etc.) pour appuyer des
démarches du Secrétariat. Mais
ces actions de soutien n’inter-
viennent qu’à la demande du
Secrétariat.
c) Les démarches internationales
Pour le financement des projets
nationaux ou régionaux de haute
priorité, la Commission Solaire
Mondiale s’adresse aux trois types
de bailleurs de fonds suivants:
• les bailleurs de fonds institution-
nels, notamment la Commission
européenne, la Banque Mondiale,
la Banque Africaine de Dévelop-
pement (BAD), le E7, la coopé-
ration bilatérale, etc.;
• les investisseurs internationaux,
comme l’Electricité De France
(EDF), les Industriels, etc.;
• le Système des Nations Unies,
notamment l’UNESCO, le
PNUD, l’ONUDI, etc. En effet,
ces institutions peuvent, dans
l’exécution des projets relevant
de leurs propres domaines de
compétence, privilégier l’utili-
sation des énergies renouvelables
par rapport à d’autres sources
d’énergies.
Pour le cas de l’UNESCO, le Pro-
gramme de Participation peut être
un moyen, même limité, pour le
financement des projets du PSM.
Les États Membres doivent garder
à l’esprit cette opportunité dans
la formulation de leurs requêtes
relatives à ce Programme.
Concernant le PNUD, cet orga-
nisme établit périodiquement un
programme propre à chaque pays,
en collaboration les autorités
nationales. C’est là une occasion
supplémentaire où les États peuvent
inscrire l’exécution des projets à
énergies renouvelables.
Des formules de financement et
d’exécution conjoints sont égale-
ment à l’étude, sur le terrain, entre
l’UNESCO et le PNUD. Les pays
peuvent également aider à la
concrétisation de cette volonté
exprimée par les deux agences des
Nations Unies.
Le Programme solaire mondial: une nouvelle dynamique pour les EnR 19
En tant que pays ayant des besoins de développement d’une grande portée et un niveau très
élevé d’ensoleillement, l’Afrique du Sud s’est résolument engagée dans l’utilisation de l’énergie
solaire.
Notre gouvernement applique une politique favorisant l’accès aux services énergétiques durables
des foyers spécialement défavorisés, ainsi que des petites entreprises et des exploitations
agricoles. De ce fait, l’accent est fortement mis sur l’exploitation de petits systèmes d’énergie
solaire. Nous sommes engagés dans une série de projets pour la fourniture d’énergie d’origine
solaire aux industries, aux communautés urbaines et rurales, aux établissements publics tels
que les écoles et les centres médicaux, ainsi qu’aux exploitations agricoles et forestières.
Par conséquent, nous appuyons fortement le Programme Solaire Mondial visant à stimuler la diffusion des technologies
solaires au niveau mondial. Ce programme renforcera nos efforts pour améliorer la situation socioéconomique,
notamment des plus pauvres, pour créer des emplois, pour réduire les effets négatifs du secteur énergétique sur
l’environnement et pour contribuer au développement d’un système énergétique durable.
Son Excellence
Monsieur Nelson Mandela
Président de la République d’Afrique du Sud de 1994 à 1999
Afrique du Sud
20. a disponibilité des ressources énergétiques suffisantes et fiables favorise le
développement. Cependant, ce concept a été pendant longtemps à l’origine
d’une confusion qui faisait que l’énergie était considérée comme un des objec-
tifs de développement. Même les organismes internationaux considéraient la
consommation d’énergie conventionnelle par tête d’habitant comme un indi-
cateur du degré de développement d’un pays. Or l’énergie n’est qu’un moyen
qu’il faut s’efforcer de maîtriser. Un moyen certes indispensable au dévelop-
pement, mais qui engendre également des nuisances locales et globales dont
les effets négatifs sont immédiats et futurs. De ce fait, les énergies renouve-
lables ont un rôle central dans le processus de développement durable.
Convaincu de la nécessité d’un développement durable, le président Zine El
Abidine BEN ALI n’a pas tardé à accorder une place primordiale aux
questions de l’environnement de manière générale et de développement des
énergies renouvelables en particulier. Cette volonté politique s’est traduite par
la mise en place de cadres institutionnels et réglementaires favorables à la
promotion de ces secteurs, dotés des outils administratifs et des moyens
financiers et humains nécessaires. Parmi ces cadres on peut citer le ministère
de l’Environnement et de l’Aménagement du Territoire et des institutions
sous tutelle: l’Agence nationale des énergies renouvelables, l’Agence nationale
de protection de l’environnement et le Centre international des technologies
de l’environnement de Tunis.
Après l’adoption de la convention cadre des Nations Unies
sur les changements climatiques à la Conférence de Rio
sur l’environnement et le développement durable en 1992,
la Tunisie a fait sien le concept de développement durable
en intégrant les trois dimensions : économique, sociale et
environnementale. L’énergie s’est trouvée au cœur de
ce débat « environnement/développement » à la fois comme
vecteur incontournable de développement économique et
comme une des causes majeures de la dégradation de
l’environnement global à travers l’émission des gaz
à effet de serre.
Le développement
des énergies renouvelables
en Tunisie
20 Liaison Énergie-Francophonie • N° 46
Ministre de l’Environnement
et de l’Aménagement
du Territoire – Tunisie
FAÏKA KEFI
L
21. Ce à quoi s’ajoutent les bureaux
d’études spécialisés et les équipes
d’installation créées à l’échelle des
zones bénéficiaires des projets.
Consciente du rôle que les énergies
renouvelables peuvent jouer dans
le système énergétique général et
des services rendus aux usagers,
la Tunisie a accordé une priorité
aux programmes de formation et
d’éducation dans ce domaine. Ces
programmes, qui ont été basés sur
les nouvelles technologies adaptées au
contexte tunisien et sur des méthodes
modernes de formation alliant théorie
et pratique en tenant compte des
conditions locales, s’adressent
à tous les acteurs concernés afin
d’assurer le succès de l’étude, de
l’installation, du suivi et de la main-
tenance des différents projets réalisés
dans ce domaine. Parmi les acteurs
concernés figurent les décideurs
(ingénieurs, économistes, cadres
de promotion, etc.), les techniciens
locaux (pour l’installation et la main-
tenance) et les usagers. La coopération
étrangère a contribué efficacement
au développement de ces programmes
Énergies renouvelables
pour le développement
Les potentialités en matière de res-
sources d’énergies renouvelables sont
importantes en Tunisie. L’énergie
éolienne, la biomasse, l’énergie
géothermique et surtout l’énergie
solaire ont l’avantage d’être des
ressources abondantes et fiables dans
de nombreux domaines. Les techno-
logies correspondantes ont atteint
une certaine maturité au plan de
la production et de l’application
notamment dans les chauffe-eau
solaires et les systèmes solaires
photovoltaïques.
Il faut souligner la concordance de
la dimension sociale de la stratégie
de promotion des énergies renou-
velables en Tunisie avec une vision
globale du développement. Le pro-
gramme d’électrification photovol-
taïque, l’une des principales actions
de l’Agence nationale de énergies
renouvelables, s’inscrit dans le cadre
de la politique volontariste de déve-
loppement économique et social des
zones rurales les plus défavorisées.
En Tunisie, les énergies renouvelables
contribuent de manière effective et
concrète à l’amélioration des condi-
tions de vie des populations rurales
en leur apportant de l’électricité pour
l’éclairage, l’audiovisuel, l’éducation,
la conservation des médicaments, la
communication, l’approvisionnement
en eau potable d’une part, la création
d’une dynamique industrielle pour
la production, l’installation des équi-
pements économes en énergie et
utilisant les énergies renouvelables,
d’autre part.
Dans ce cadre, le secteur privé est
devenu aujourd’hui un acteur du
développement de ce domaine. Ainsi,
plus d’une dizaine d’entreprises sont
actives dans la production des équi-
pements (chauffe-eau solaires, batte-
ries solaires, quelques composants
photovoltaïques) et la commerciali-
sation (représentation des produits
étrangers dans un cadre de consor-
tium avec des sociétés locales).
notamment à travers la Commission
Européenne, l’UNESCO, les Agences
européennes chargées des énergies
renouvelables, le PNUD, des ONG,
des bureaux d’études, etc. Ainsi,
différentes compétences ont été
formées à travers tout le pays dans
plusieurs disciplines (solaire thermique
et photovoltaïque, biogaz rural et
industriel, éolien, géothermie etc.),
des nouveaux postes ont été créés,
des petits métiers ont été développés
dans les zones rurales défavorisées
permettant l’amélioration de la
productivité familiale.
3. Réalisations et perspectives
Sur le plan économique, les énergies
renouvelables sont déjà la ressource
énergétique la plus adaptée pour
certains usages et dans certaines
conditions. Prenons l’exemple de l’élec-
trification des populations rurales
dispersées. Les analyses écono-
miques montrent que l’utilisation des
énergies renouvelables, notamment
l’énergie solaire photovoltaïque,
reste le mode d’électrification le
Le Programme solaire mondial: une nouvelle dynamique pour les EnR 21
Pompage d’eau
par l’énergie éolienne
et l’énergie solaire
photovoltaïque,
Sud Tunisie.
22. moins cher, aussi bien à l’investis-
sement qu’au fonctionnement. Il en
est de même pour la desserte en eau
potable des zones rurales isolées,
où le pompage par l’énergie solaire
photovoltaïque ou parfois par
l’énergie éolienne est souvent le
moyen le plus économique.
Avec une dizaine de milliers de sys-
tèmes solaires photovoltaïques d’une
puissance unitaire de 100 watts
installés dans des habitations rurales
isolées et dispersées, dans environ
200 écoles éloignées du réseau
national et ce, dans le cadre d’un
programme national d’électrification
rurale visant l’équipement de 70 000
foyers à l’horizon 2010, la Tunisie
compte parmi les pays avancés dans
la promotion de l’énergie solaire
photovoltaïque dans le milieu rural.
C’est ce qui lui a valu une place
de choix dans la dynamique de la
coopération régionale dans le bassin
méditerranéen. Rappelons que la
Tunisie est membre de la Commission
solaire Mondiale mondiale depuis
septembre 1996 et est actuellement
le point focal du réseau africain
des énergies renouvelables, et
des éco-technologies dans le cadre
de la Convention de lutte contre
la désertification.
Dans le domaine de chauffage de
l’eau sanitaire, la fabrication des
chauffe-eau solaires a démarré depuis
une vingtaine d’années. Actuellement,
on compte plus de 50 000 m2
de
capteurs solaires installés chez les
ménages et dans le secteur tertiaire
(hôtels, hôpitaux, centres sportifs,
etc...). Vu la tendance de l’évolution
de la consommation d’eau chaude
de ces secteurs à l’horizon 2010, le
potentiel des chauffe-eau solaires
est estimé à 1,5 millions de m2
de
capteurs. Par ailleurs, il est prévu
d’installer 1 million de m2
à cette
horizon; ce qui conduira à une
économie d’énergie estimée à
100 000 tonnes équivalent pétrole
par an permettant d’éviter le
dégagement dans l’atmosphère
de 300 000 tonnes de CO2/an.
Dans le souci de préserver l’environ-
nement et de ralentir le processus
de déforestation, un programme a
été mis en place pour développer
un type de couvercle utilisé pour la
cuisson du pain dans les fours tradi-
tionnels, pratique courante dans
les foyers ruraux et qui permet de
réduire la consommation de bois
de 50%. Actuellement, des opéra-
rations de sensibilisation et de
vulgarisation, notamment avec les
organisations non gouvernementales
(ONG) et les associations actives
dans plusieurs régions de la Tunisie
sont menées afin de renforcer ce
programme.
La production de biogaz à partir de
la biomasse organique vise à protéger
l’environnement et valoriser l’apport
énergétique de ces déchets en vue
de satisfaire une part des besoins
énergétiques. Dans ce cadre, l’expé-
rience tunisienne a couvert des unités
22 Liaison Énergie-Francophonie • N° 46
En ma qualité de membre de la Commission solaire mondiale, il me plaît d’apporter mon soutien
au «Processus du Sommet solaire mondial», 1996-2005, initié par l’UNESCO, et d’exprimer mon
adhésion totale aux efforts mondiaux de développement durable, respectueux des équilibres
écologiques et fondé sur le partenariat et la solidarité internationale agissante.
Dans ce contexte mondial, et fidèle à ses principes et ses engagements, la Tunisie s’est dotée
d’une stratégie claire en matière de développement des énergies renouvelables, visant
essentiellement l’approvisionnement énergétique des zones rurales afin d’améliorer les conditions
de vie du citoyen tunisien dans ces régions.
Tout en renouvelant nos appels à la communauté internationale afin que les pays et organismes donateurs redoublent
d’efforts en apportant un soutien inconditionnel à la mobilisation des fonds requis pour mener à bien ce processus,
nous tenons à réaffirmer la volonté et l’engagement de la Tunisie à apporter son appui aux efforts entrepris par le
biais de ses compétences et ses institutions spécialisées dans les domaines scientifique et technologique.
Son Excellence,
Monsieur Zine El Abidine Ben Ali
Président de la République Tunisienne
Avril 1998
Tunisie
23. familiales au plan des fermes d’éle-
vage de bovins et des installations
industrielles, de même qu’au plan
des stations d’épuration des eaux
usées. Actuellement, un projet pilote
de production industrielle de biogaz
utilisant les fientes de volailles est
en cours de réalisation. Cette unité
pourrait être généralisée pour traiter
également les déchets d’origines
domestique, industrielle et animale.
Concernant l’énergie éolienne,
les études préliminaires réalisées
montrent les possibilités offertes
par l’exploitation de cette source
d’énergie pour l’approvisionnement
en énergie électrique et pour contri-
buer à faire face aux problèmes
inhérents aux réserves de pétrole
ainsi qu’aux moyens de production
électrique. De ce fait, l’exploitation
à grande échelle de l’énergie éolienne
constitue une alternative économique
de production d’énergie électrique.
Le projet d’installation et d’exploi-
tation d’une ferme éolienne d’une
puissance de 10 MW au nord de la
Tunisie constitue actuellement une
première expérience en attendant
sa généralisation. Dans ce sens, on
prévoit l’installation d’une dizaine
de centrales de ce type d’ici 2010,
ce qui porterait les capacités à
100 MW produisant une énergie
électrique de 250 GWh/an corres-
pondant à environ 60 000 tonnes
équivalent pétrole par an écono-
misées et à 180 000 tonnes de C02
évitées.
Enfin, par leur caractère «sobre» et
«propre», les énergies renouvelables
sont parmi celles qui sont totalement
compatibles avec un développement
respectueux de l’environnement.
Le programme de développement
de ces énergies à l’horizon 2010 en
Tunisie permettrait d’éviter l’émission
dans l’atmosphère de plus de 1 million
de tonnes de CO2 par an. Ensuite,
de par leur nature, ces énergies ont
un caractère renouvelable et illimité
dans le temps, ce qui est complè-
tement en harmonie avec l’une des
exigences fondamentales du concept
de développement durable: la garan-
tie de la satisfaction des besoins des
générations futures.
Le Programme solaire mondial: une nouvelle dynamique pour les EnR 23
Du 15 au 20 mai 2000, l’IEPF a
organisé, en collaboration avec le
CEREF (Centre d’études en régle-
mentation économique et financière
de l’Université de Sherbrooke) et la
Régie de l’énergie du Québec, une
session intensive de haut niveau
sur La réglementation économique
et financière dans l’industrie élec-
trique: les dimensions écono-
miques, juridiques et financières
de la réglementation économique.
Cette session s’adressait aux res-
ponsables et décideurs de l’indus-
trie électrique qui doivent mettre
en œuvre la fonction de contrôle
réglementaire dans leurs pays
respectifs. Vingt-cinq participants
ont suivi le programme de forma-
tion qui donnait lieu à la délivrance
d’un certificat de trois crédits
universitaires par le département
d’Économique de l’Université de
Sherbrooke. M. Dibongue Kouo
(d.kouo@iepf.org), responsable du
programme « Politiques énergé-
tiques», assurait la coordination de
cette formation. Les participants
ont par la suite assisté au Forum
mondial sur la régulation de l’éner-
gie, organisé par la Régie de
l’énergie, qui se tenait à Montréal
du 21 au 24 mai 2000. Ce forum
réunissait tout près de mille parti-
cipants provenant de quatre-vingt-
dix pays.
Brève
300 m2
de chauffe-eau solaires Hôpital Gafsa, Tunisie
24. a population du pays est d’environ 9 millions d’habitants et s’accroît assez
rapidement, au rythme de 3,2% par an. La plus grande partie de la population
(85%) vit en milieu rural où les principales activités sont l’agriculture et
l’élevage. Le taux d’urbanisation très faible (15%) croît néanmoins assez vite
à cause du taux élevé de l’exode rural, amplifié parfois par la survenue des
sécheresses.
Le Produit intérieur brut (PIB) par habitant était de 290 $ US en 1990. La
consommation énergétique est très faible et est de l’ordre de 180 kep par
habitant et par an. Cette consommation se répartit comme suit: 91% de
combustible ligneux (bois et résidus agricole), 7% de produits pétroliers et
2% d’électricité. Le taux d’accès à l’électricité de la population est de 6%.
L’électricité est importée à 54% à partir du Nigeria et produite à 39% à partir
du charbon minéral.
Fort de son avantage sur la disponibilité quasi permanente de l’énergie
solaire, le pays s’est lancé très tôt dans l’exploration de l’utilisation
de cette forme d’énergie en créant l’Office de l’énergie solaire (ONERSOL)
dans les années 60. Ainsi, plusieurs formes d’utilisation des énergies
renouvelables ont été expérimentées ou adoptées au Niger. On peut citer,
notamment, le chauffe-eau solaire, l’énergie solaire photovoltaïque pour
divers usages (pompage de l’eau, équipement des centres de santé, télécommu-
nications), l’énergie éolienne pour le pompage, le biogaz pour diverses
applications, les foyers améliorés, etc.
Le Niger est un pays continental situé dans la région
sahélienne de l’Afrique entre le 12e
et le 23e
parallèles
nord. Géographiquement, le pays est divisé en deux
parties : une partie nord désertique constituant les 3/4
du territoire et une bande sud, recevant relativement plus
de pluie, où vivent les 3/4 de la population. Dans cette
dernière zone, le climat se caractérise par une saison
de pluies qui dure en moyenne trois mois (de juillet
à septembre) et une saison sèche le reste de l’année.
Les énergies renouvelables
au Niger
24 Liaison Énergie-Francophonie • N° 46
L
Yahaya Saleye est expert
associé à la Section des
Sciences exactes et naturelles,
division Sciences de l’Ingénieur
et de la Technologie (SC/EST)
de l’UNESCO.
YAHAYA SALEYE
25. Le Programme solaire mondial: une nouvelle dynamique pour les EnR 25
I. Gisement d’énergies
renouvelables au Niger
Le gisement d’énergies renouvelables
le plus abondant et le plus unifor-
mément réparti sur le territoire
national est certainement l’énergie
solaire. Les autres formes d’énergie
renouvelable sont aussi présentes et
la situation se présente globalement
comme suit:
– L’ensoleillement est assez régulier
sauf au mois d’août, où il est
fortement réduit par la présence
des nuages. Ainsi les valeurs
moyennes mensuelles observées
varient de 5 à 6 kWh/m2 par jour
et la durée moyenne d’insolation
est de 8,5 heures par jour;
– Bien que n’ayant pas beaucoup de
cours d’eau permanents, le pays
dispose néanmoins de quelques
sites importants propices à la
construction de barrages hydro-
électriques. Ces sites sont situés
sur le fleuve Niger et ses affluents
et sont notamment: le site de
Kandadji avec une potentialité
annuelle de 1,322 GWh, le site de
Gambou avec 360 GWh et celui
de Dyodyonga avec 75 GWh;
– Le gisement de l’énergie éolienne
se caractérise, d’une part, par sa
disponibilité à travers tout le pays
et, d’autre part, par la modestie de
son ampleur. Ainsi les moyennes
du vent varient de 2,5 à plus de
5 m/s selon les localités. En général
dans la zone nord désertique, la
vitesse du vent est plus élevée;
– Le pays étant situé aux 3/4 dans
une zone désertique, son potentiel
forestier est, par conséquent, très
réduit. Il se pose alors, à l’image
de tous les pays sahéliens, un
problème de gestion du capital
forestier, qui tout en étant très
faible constitue aussi la principale
source d’énergie de ces pays
(91% pour le cas du Niger).
L’énergie géothermique, bien que
disponible dans certains sites de
la zone nord du pays, reste encore
non exploitée.
II. Situation actuelle de
l’utilisation des énergies
renouvelables
Toutes les sources d’énergies renou-
velables citées dans les paragraphes
précédents, à l’exception de la
géothermie, connaissent un début
d’exploitation, mais restent encore
largement sous-utilisées.
2.1. L’UTILISATION DE L’ÉNERGIE
SOLAIRE
Les deux principales applications
de l’énergie solaire directe, photo-
voltaïque et thermique, dépassent
largement le stade de démonstration
ou d’application pilote. Mais le niveau
d’utilisation atteint reste insignifiant
par rapport aux potentialités et aux
besoins du pays.
2.1.1. L’ÉNERGIE SOLAIRE
PHOTOVOLTAÏQUE
Les premières utilisations à grande
échelle de l’énergie solaire photo-
voltaïque ont commencé au milieu
des années 1970 avec l’installation
de 1 370 postes téléviseurs, alimentés
par des modules solaires photovol-
taïques, sur toute l’étendue du terri-
toire. À la fin de l’année 1993, la
puissance totale installée était de
280 kWc (voir tableau 1).
Comme le montre le tableau 1,
l’utilisation la plus importante
concerne l’exhaure de l’eau (44%),
suivi de la télécommunication (31%).
La prépondérance de l’exhaure de
l’eau s’explique, d’une part, par la
fiabilité des équipements et leur
degré d’automatisation et, d’autre
part, par l’importance du secteur
hydraulique pour un pays sahélien
où l’eau de surface est très rare.
Le secteur des télécommunications
bénéficie aussi largement du
développement de l’énergie solaire
photovoltaïque pour alimenter des
relais qui se situent naturellement
en brousse, très éloignés de toute
agglomération. En considérant les
télécommunications au sens large
(télévision, radio émetteur-récepteur),
on s’aperçoit que celles-ci représen-
tent plus de 47% des puissances
installées. L’électricité solaire photo-
voltaïque intervient aussi dans le
secteur de la santé pour l’éclairage,
la production du froid et le brassage
d’air. Ainsi elle améliore nettement
le service de santé en rendant
possible la conservation de certains
vaccins, en augmentant le confort
des soignants et des malades et en
créant les conditions de meilleures
interventions nocturnes.
Secteur d’activité Puissance installée (kWc) Pourcentage
Exhaure de l’eau 123,5 44,1
Télécommunication 86,0 30,7
Télévisions communautaires 41,5 14,8
Installation du secteur privé 10,4 3,6
Radios émetteurs-récepteurs stationnaires 5,5 1,9
Dispensaires ruraux 5,0 1,7
Stations relais de télévision 2,0 0,7
Autres installations (balisage, compteurs 6,0 2,5
de véhicules, station météorologique)
Répartition des puissances solaires photovoltaïques installées par secteurs d’utilisation
Tableau 1
Source: PSE, Décembre 1993