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Nations Unies S/2021/688
Conseil de sécurité Distr. générale
29 juillet 2021
Français
Original : anglais
21-10520 (F) 060821 090821
*2110520*
Lettre datée du 27 juillet 2021, adressée au Président du Conseil
de sécurité par le Représentant permanent de la République
bolivarienne du Venezuela auprès de l’Organisation
des Nations Unies
J’ai l’honneur de vous adresser la présente lettre, en votre qualité de Président
du Conseil de sécurité pour le mois de juillet 2021, afin de dénoncer le fait qu’un
réseau de criminalité transnationale organisée formé notamment par des mercenaires
colombiens et américains a été utilisé dans le dessein de commettre des actes
d’agression contre la République d’Haïti et la République bolivarienne du Venezuela,
l’objectif à remplir étant de perpétrer des attentats terroristes pour assassiner les chefs
d’État et de Gouvernement des deux pays et de préparer le renversement des deux
gouvernements, ce qui, de toute évidence vient mettre en péril la paix et la sécurité
internationales (voir annexe 1).
Dans sa résolution 3314 (XXIX) du 14 décembre 1974, l’Assemblée générale
définit l’« agression » comme « l’emploi de la force armée par un État contre la
souveraineté, l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique d’un autre État, ou
de toute autre manière incompatible avec la Charte des Nations Unies ».
En outre, l’article 3 de l’annexe de cette même résolution, adoptée par consensus
et sans avoir été mise aux voix, établit que :
L’un quelconque des actes ci-après, qu’il y ait eu ou non déclaration de
guerre, réunit, sous réserve des dispositions de l’article 2 et en conformité avec
elles, les conditions d’un acte d’agression :
[...]
g) L’envoi par un État ou en son nom de bandes ou de groupes armés,
de forces irrégulières ou de mercenaires qui se livrent à des actes de forces
armée contre un autre État d’une gravité telle qu’ils équivalent aux actes
énumérés ci-dessus, ou le fait de s’engager d’une manière substantielle dans une
telle action.
En outre, d’après les dispositions de l’article 5 de la définition de l’agression,
« aucune considération de quelque nature que ce soit, politique, économique, militaire
ou autre, ne saurait justifier une agression » ; il est dit en outre qu’ « une guerre
d’agression est un crime contre la paix internationale » et que « l’agression donne
lieu à responsabilité internationale ».
Aux termes du paragraphe 2 de l’article premier de la Convention internationale
contre le recrutement, l’utilisation, le financement et l’instruction de mercenaires, un
« mercenaire » s’entend de toute personne :
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a) Qui est spécialement recrutée dans le pays ou à l’étranger pour
prendre part à un acte concerté de violence visant à :
i) Renverser un gouvernement ou, de quelque autre manière, porter
atteinte à l’ordre constitutionnel d’un État ; ou
ii) porter atteinte à l’intégrité territoriale d’un État ;
b) Qui prend part à un tel acte essentiellement en vue d’obtenir un
avantage personnel significatif et est poussée à agir par la promesse ou par le
paiement d’une rémunération matérielle ;
c) Qui n’est ni ressortissante ni résidente de l’État contre lequel un tel
acte est dirigé ;
d) Qui n’a pas été envoyée par un État en mission officielle ; et
e) Qui n’est pas membre des forces armées de l’État sur le territoire
duquel l’acte a eu lieu1
.
En outre, il convient de rappeler, entre autres, les dispositions d’autres
instruments juridiques internationaux pertinents, tels que :
• La Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée
(Convention de Palerme), dans laquelle un « groupe criminel organisé » désigne
un groupe structuré existant depuis un certain temps et agissant de concert dans
le but de commettre une ou plusieurs infractions graves, pour en tirer
directement ou indirectement un avantage financier ou un autre avantage
matériel ;
• La Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme,
selon laquelle commet une infraction toute personne qui, directement ou
indirectement, fournit ou réunit des fonds en vue de commettre un acte destiné
à tuer un civil ou à intimider une population ;
• La résolution 1373 (2001) du Conseil de sécurité, dans laquelle le Conseil,
agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, a décidé que
les États devaient interdire à leurs nationaux ou à toute personne ou entité se
trouvant sur leur territoire de mettre des fonds, avoirs financiers ou ressources
économiques ou services financiers ou autres services connexes à la disposition,
directement ou indirectement, de personnes qui commettaient ou tentaient de
commettre des actes de terrorisme, les facilitaient ou y participaient, et qu’ils
devaient également s’abstenir d’apporter quelque forme d’appui que ce soit,
actif ou passif, à des entités ou à des personnes impliquées dans des actes de
terrorisme, tout en déclarant que le financement et l’organisation d’actes de
terrorisme ou l’incitation à de tels actes en connaissance de cause étaient
également contraires aux buts et principes de l’Organisation des Nations Unies.
Compte tenu des dispositions précitées, il est incontestable que l’assassinat du
Président de la République d’Haïti, Jovenel Moïse, remplit tous les critères définis
par le droit international pour être qualifié d’« acte d’agression », terme qui englobe
la commission d’autres crimes graves relevant du droit international, tels que
l’assassinat ou l’acte terroriste, par l’intermédiaire de mercenaires et grâce au
financement fourni par des groupes criminels organisés.
Le 7 juillet 2021, un groupe composé d’au moins 26 mercenaires colombiens
et 2 mercenaires américains a pris d’assaut le domicile du Président de la République
__________________
1
Voir https://documents-dds-ny.un.org/doc/RESOLUTION/GEN/NR0/550/34/IMG/
NR055034.pdf?OpenElement.
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d’Haïti à Port-au-Prince. Après avoir été torturé, le Chef de l’État a été assassiné,
criblé de 12 balles, dont les tirs ont grièvement blessé la Première Dame d’Haïti,
Martine Moïse. L’assassinat du Président Moïse revêt dès lors un caractère
transnational étant donné qu’il implique un groupe criminel organisé, tel que défini
par la Convention de Palerme, qui a commis une infraction pénale dans un État, et
qu’une partie substantielle de la préparation, de la planification, de la conduite ou du
contrôle de l’infraction a eu lieu dans un autre État, tout en impliquant également un
groupe criminel organisé qui se livre à des activités criminelles dans plus d’un État,
comme cela sera démontré dans la présente lettre.
Ce crime international ignoble, sans précédent dans l’histoire occidentale, a été
planifié et exécuté moyennant la collaboration de deux sociétés américaines :
CTU Security LLC, gérée par les citoyens américains Antonio Emmanuel
Intriago Valera, propriétaire, et Alfred Santamaría, représentant légal (voir annexe 2)
et Worldwide Capital Lending Group, dirigée par le citoyen américain Walter
Veintemilla2
.
Les deux sociétés se sont engagées, par contrat, à organiser une force privée,
sous couvert de protéger un citoyen américain et ressortissant haïtien, Christian
Sanon, qui réside aux États-Unis d’Amérique et nourrit des ambitions politiques en
Haïti. Dans un contrat séparé, elless se sont également engagées à verser
860 000 dollars pour financer les armes, les munitions, le transport, l’hébergement et
la nourriture des mercenaires (voir annexe 3). Comme on le sait, la société Worldwide
Capital Lending Group était chargée de débourser les trois quarts des fonds
nécessaires à l’exécution des opérations, tandis que le reliquat revenait à
CTU Security LLC3
.
Dans l’un des contrats, la société CTU Security LLC est décrite comme une entité
militaire chevronnée dotée d’une vaste expérience des opérations spéciales notamment
en Iraq, en Bolivie et en Colombie, qui lui a permis de réunir une équipe spécialisée,
entraînée et dédiée à la guerre urbaine, à l’assaut aérien et au combat rapproché4
.
L’assassinat du Président haïtien a été planifié depuis l’État de Floride (États-
Unis d’Amérique) et la République d’Haïti5
(voir annexe 4), tandis que le recrutement
des mercenaires s’est fait essentiellement en République de Colombie, sur des
groupes de messagerie téléphonique rassemblant des mercenaires colombiens, tous
d’anciens officiers, soldats ou membres des forces spéciales des Forces armées
colombiennes formés par les États-Unis6
. Il importe de souligner que ces faits ont été
reconnus tant par les autorités du Ministère colombien de la défense que par les
autorités militaires américaines7
.
Il est intéressant de noter que l’un des meurtriers colombiens, Francisco Eladio
Uribe, est un officier à la retraite qui a été poursuivi en Colombie pour avoir commis
des exécutions extrajudiciaires contre des civils innocents. Pour cette raison, il n’a
pas été autorisé à se faire délivrer un passeport et a fait l’objet d’une ordonnance lui
interdisant de sortir de la République de Colombie. Cependant, ledit mercenaire a tout
de même réussi à obtenir un passeport et à quitter le pays afin de perpétrer l’assassinat
__________________
2
Antonio Emmanuel Intriago Valera, Alfred Santamaría et Walter Veintemilla sont citoyens
américains naturalisés. M. Intriago est d’origine vénézuélienne, M. Santamaría est d’origine
colombienne et M. Veintemilla est d’origine équatorienne.
3
www.washingtonpost.com/investigations/2021/07/15/haiti-president-sanon-security-team.
4
Ibid.
5
www.miamiherald.com/news/nation-world/world/americas/haiti/article252901428.html et
www.washingtonpost.com/investigations/2021/07/15/haiti-president-sanon-security-team.
6
www.nytimes.com/2021/07/13/world/americas/haiti-colombia-military-veterans.html.
7
https://thehill.com/policy/defense/564371-pentagon-confirms-7-colombians-arrested-in-haiti-
leaders-killing-had-us.
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du Président d’Haïti, ce qui laisse supposer une éventuelle complicité des autorités
colombiennes à un certain niveau de l’administration8
.
À ce jour, les liens personnels et politiques entretenus entre le Président de la
République de Colombie, Iván Duque, et Antonio Intriago (CTU Security LLC) et
son représentant légal, Alfred Santamaría, sont publiquement avérés. Ces deux
derniers ont en effet enregistré la Fundación Latino Americanos Unidos, Inc., basée
à Miami, dans le but de promouvoir l’image politique du Président Iván Duque dans
le sud de la Floride9
.
Il existe des photographies attestant la proximité entre le Président Iván Duque
et Antonio Intriago et Alfred Santamaría lors de la campagne électorale en faveur du
Parti républicain dans l’État de Floride (États-Unis d’Amérique) et celle en faveur
d’Iván Duque, alors candidat à l’élection présidentielle en Colombie, ainsi que la
proximité entre les deux individus et la Vice-Présidente de la Colombie, Marta Lucía
Ramírez, et le Représentant permanent de la Colombie auprès de l’Organisation des
États américains, Alejandro Ordoñez (voir annexes 5 et 7)10
. La proximité politique
est telle que ceux qui ont pris part à l’assassinat du Président d’Haïti ont été reçus par
le Président Iván Duque dans sa résidence officielle à Bogota. De même, l’un des
mercenaires colombiens impliqués dans l’assassinat du Président Jovenel Moïse est le
cousin de Rafael Guarín, Conseiller pour la sécurité nationale11
du Président Iván Duque.
Pour leur part, Santamaría et Intriago sont des partisans notoires de l’ancien
Président colombien et Chef du parti au pouvoir (Centro Democrático), Álvaro Uribe
Vélez. Des documents photographiques prouvent que des liens personnels et
politiques unissent les instigateurs de l’assassinat du Président haïtien à la
personnalité politique la plus puissante de Colombie. Il existe manifestement une
continuité temporelle dans les liens étroits entretenus avec les hauts dirigeants
politiques colombiens : il s’agit bel et bien d’une activité systématique et non de
simples rencontres fortuites (voir annexe 6).
De surcroît, au sein du petit groupe ayant planifié l’assassinat du Président
Moïse, au moins deux individus sont liés aux services de sécurité et de renseignement
des États-Unis d’Amérique.
Le premier est un informateur du Federal Bureau of Investigation (FBI),
Arcángel Pretel Ortíz12
, ressortissant colombien qui détient la société de sécurité
Taktical Consulting Corp et qui est par ailleurs associé à Antonio Intriago
(CTU Security LLC) dans une troisième société du nom de Counter Terrorist Unit
Federal Academy LLC13
. Ensemble, ils ont participé à la planification de l’assassinat
du Président d’Haïti.
__________________
8
https://twitter.com/AreaNoticiasNS/status/1413582283785871376?s=20.
9
http://search.sunbiz.org/Inquiry/CorporationSearch/GetDocument?aggregateId=domnp-
n12000007765-55b1f604-6bb9-4d6b-82d9-a397697274e9&transactionId=n12000007765-
db92c2ac-b859-4714-947e-48f6f31e0209&formatType=PDF.
10
www.elpublique.me/2021/07/la-relacion-de-antonio-enmanuel.html ; https://pluralidadz.com/
mundo/buenos-muchachos-en-malas-companias-petro-sobre-fotos-de-duque-con-antonio-intriago-
uribe-y-santamaria ; www.voces.co/video-que-evidencia-vinculo-amistoso-entre-alfred-
santamaria-y-el-presidente-de-colombia et https://alpunto.com.co/__trashed-2.
11
www.elespectador.com/judicial/mercenarios-en-haiti-capturado-es-primo-de-consejero-para-la-
seguridad-nacional.
12
www.businessinsider.com/haiti-president-assassination-us-informants-reportedly-among-suspects-2021-7.
13
http://search.sunbiz.org/Inquiry/CorporationSearch/SearchResultDetail?inquirytype=
OfficerRegisteredAgentName&directionType=Initial&searchNameOrder=INTRIAGOANTONIO
%20L190002472270&aggregateId=flal-l19000247227-4fddfb98-b67e-48b3-8298-3e0ccaa7f769&
searchTerm=intriago%20%20%20%20%20%20%20%20%20%20%20%20antonio&listNameOrde
r=INTRIAGOANTONIO%20L080000293381.
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Le second est un informateur de la Drug Enforcement Administration (DEA),
Rodolphe Jaar, ressortissant américain d’origine haïtienne, qui a servi d’interprète
aux assassins colombiens en Haïti et qui, par ailleurs, est un trafiquant de drogue bien
connu ayant été emprisonné en 2013 pour avoir commis des infractions pénales liées
à la drogue entre la Colombie, Haïti et les États-Unis d’Amérique.
Les informations fournies par Arcángel Pretel Ortiz et Rodolphe Jaar ont permis
d’arrêter d’autres criminels liés au trafic de drogue14
.
En résumé, les faits suivants peuvent être attestés :
L’assassinat du Président d’Haïti, Jovenel Moïse, est le fruit d’une opération
orchestrée par des forces mercenaires, exécutée par des assassins colombiens,
financée par des sociétés américaines, planifiée depuis le territoire des États-Unis et
d’Haïti et réglementée par un contrat qui profiterait personnellement aux meurtriers
en leur octroyant d’importants avantages économiques issus de la vente d’actifs de
l’État haïtien. L’assassinat a constitué, de facto, un coup d’État et un acte de
terrorisme qui a porté atteinte à l’ordre constitutionnel d’Haïti – une situation qui
correspond textuellement à la qualification d’un « acte d’agression », tel que défini
par la résolution 3314 (XXIX) de l’Assemblée générale – et qui a été perpétré par des
groupes criminels organisés transnationaux.
On ne saurait soutenir avec naïveté qu’une opération de cette ampleur, menée
au service de desseins politiques, dans laquelle interviennent d’importantes sommes
d’argent, du trafic d’armes et du personnel formé aux opérations spéciales, aurait pu
se faire à l’insu des agences de sécurité et de renseignement des Gouvernements de
Colombie et des États-Unis d’Amérique.
L’histoire du recours à des mercenaires pour commettre des attaques armées
regorge de cas où les États, pour nier toute implication dans les faits, font appel à ce
que l’on appelle le « déni plausible ». En effet, la nature même du procédé permet de
dissocier la victime de l’auteur du crime. Néanmoins, nous faisons face aujourd’hui
à un cas où le déni plausible est infondé tant abondent les preuves démontrant que la
République de Colombie et les États-Unis d’Amérique se sont soustraits à leurs
obligations internationales d’empêcher l’assassinat du Président Moïse.
À cet égard, il convient de rappeler qu’au titre du paragraphe 4 de la résolution
75/171 de l’Assemblée générale, les États doivent :
[...] empêcher que leur territoire et les autres territoires relevant de leur
juridiction ne soient utilisés pour recruter, regrouper, financer, instruire,
protéger ou faire transiter des mercenaires en vue d’activités visant à empêcher
l’exercice du droit des peuples à l’autodétermination, à déstabiliser ou à
renverser le gouvernement de tout État ou à porter atteinte, totalement ou en
partie, à l’intégrité territoriale ou à l’unité politique de tout État souverain et
indépendant qui respecte le droit des peuples à l’autodétermination, et à
empêcher leurs nationaux de participer à de telles activités15
.
On pourrait penser que les faits survenus en Haïti sont un cas isolé. Or, il ne
s’agit de rien d’autre que de la répétition d’un mode d’exécution de coups d’État,
d’actes de terrorisme et d’assassinats par l’utilisation de mercenaires et le recours à
des structures de la criminalité transnationale organisée, comme cela s’est produit à
plusieurs reprises en République bolivarienne du Venezuela.
__________________
14
www.eltiempo.com/unidad-investigativa/arcangel-pretelt-el-otro-colombiano-mencionado-en-el-
magnicidio-en-haiti-603473.
15
Résolution 75/171 de l’Assemblée générale.
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6/45
Il convient de rappeler que, le 3 mai 2020, un groupe d’au moins 60 mercenaires,
agissant sous les ordres de trois anciens militaires américains ayant participé à des
opérations spéciales en Iraq et en Afghanistan, a pénétré illégalement sur le territoire
vénézuélien et a débarqué sur une côte proche de la capitale vénézuélienne, dans le
but d’attaquer le palais présidentiel et d’assassiner le Président Nicolás Maduro. Cette
attaque de mercenaires a ensuite été connue sous le nom d’« Opération Gideon ». À
l’époque, les forces mercenaires de l’opération ratée ont été détectées et repoussées
par les forces armées de la République bolivarienne du Venezuela et 47 mercenaires
ont été arrêtés16
.
Le chef de l’opération, Jordan Goudreau, de nationalité américaine, a déclaré
publiquement que les forces mercenaires cherchaient à capturer le Président Nicolás
Maduro afin de renverser le Gouvernement constitutionnel légitime de la République
bolivarienne du Venezuela17
(voir annexe 8), conformément aux dispositions d’un
contrat signé dans l’État de Floride (États-Unis d’Amérique) entre la société
Silvercorp, appartenant aux mercenaires américains, et Juan Guaidó, Juan José
Rendón et Sergio Vergara, représentants politiques d’une entité fictive reconnue par
les Gouvernements des États-Unis d’Amérique et de la Colombie. Il convient de
souligner que Juan José Rendón lui-même a reconnu publiquement qu’il était l’un des
signataires du contrat et qu’il avait versé une avance de 50 000 dollars au mercenaire
Jordan Goudreau pour avoir entamé les préparatifs de l’assassinat18
.
Silvercorp se présente comme une société de sécurité aux prix compétitifs qui
vend ses services au plus offrant et fait preuve d’efficacité dans l’exécution des
contrats. Cependant, il s’agit d’une société mercenaire qui exporte des services de
violence et d’assassinat politique, sous la protection du Gouvernement des États-Unis
d’Amérique. La société se définit elle-même en ces termes :
Silvercorp USA a été fondée avec un seul objectif en tête. En cas de problème
singulier, nous sommes là pour apporter aux gouvernements et aux entreprises
des solutions réalistes et rapides. Nous aidons nos clients à se préparer et à réagir
aux crises susceptibles de mettre en péril la sécurité de leur personnel, de leurs
biens et de leur réputation [...]. Chaque service proposé par Silvercorp fournit
une approche adaptée aux risques et aux exigences spécifiques de nos clients.
Cette approche précise, combinée à nos prix avantageux et à la haute qualité de
nos prestations, représente une capacité inégalée par la concurrence19
.
Ce langage publicitaire mensonger masque la vérité de l’industrie mercenaire
de la mort. Jordan Goudreau, propriétaire de Silvercorp, a poursuivi sa route, fort de
la protection du Gouvernement des États-Unis d’Amérique, la preuve en est que,
même à ce jour, et après l’attaque de 2020 menée dans le cadre de l’Opération Gideon,
il reste en liberté sur le territoire des États-Unis et n’a été accusé d’aucun crime.
Le contrat signé avec Silvercorp stipulait que le coût de l’opération mercenaire
était estimé à 212 900 000 dollars. D’après la clause initiale du contrat, une fois
l’assassinat du Président Nicolás Maduro perpétré, un versement de 50 000 000 de
dollars serait effectué et, en cas d’insolvabilité, le nouveau Gouvernement formé à
l’issue de l’agression utiliserait des barils de pétrole comme forme de paiement20
.
__________________
16
A/74/861-S/2020/399.
17
www.washingtonpost.com/world/the_americas/venezuela-raid-jordan-goudreau-cliver-alcala-maduro/
2020/05/10/767c3386-9194-11ea-9322-a29e75effc93_story.html.
18
https://cnnespanol.cnn.com/video/venezuela-operacion-gedeon-50-mil-dolares-entrevista-rendon-
fernando-del-rincon-conclusiones.
19
www.silvercorpusa.com/copy-of-silvercorp-usa-2.
20
www.washingtonpost.com/context/read-the-attachments-to-the-general-services-agreement-
between-the-venezuelan-opposition-and-silvercorp/e67f401f-8730-4f66-af53-6a9549b88f94.
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L’Opération Gideon a été planifiée et financée sur le territoire des États-Unis,
tandis que la base d’opérations, où a eu lieu l’instruction des mercenaires, était située
sur le territoire colombien, d’où a été lancée l’attaque armée contre la capitale de la
République bolivarienne du Venezuela. Les armes utilisées lors de l’attaque
provenaient d’une société du nom de High End Defense Solutions, basée dans l’État
de Floride (États-Unis d’Amérique) et détenue par Bernd Von Reitzenstein21
.
Après l’échec de ladite opération, Jordan Goudreau a déclaré que les
Gouvernements des États-Unis d’Amérique et de la Colombie avaient été
constamment informés de ses moindres faits et gestes et que le plan bénéficiait du
soutien de hauts responsables de la Maison Blanche22
, parmi lesquels Keith Schiller,
qui, pendant des dizaines d’années, a travaillé comme chef de la sécurité personnelle
de l’ancien Président Donald Trump. Schiller a engagé à plusieurs reprises Goudreau
comme agent de sécurité lors des manifestations politiques de l’ancien Président
Trump, comme cela a été avéré (voir annexe 9). De même, c’est Schiller qui a mis en
contact le mercenaire en chef des États-Unis, Jordan Goudreau, avec des terroristes
vénézuéliens aux fins de l’exécution de l’Opération Gideon23
.
Il est également de notoriété publique que la Colombie a joué un rôle dans
l’agression armée contre le Venezuela. Lors de la réunion du Conseil de sécurité du
28 février 2019, nous avons dénoncé l’organisation d’une attaque armée contre le
Venezuela par une armée de mercenaires depuis le territoire colombien. Ces derniers
se targuaient publiquement de leurs préparatifs et les Gouvernements de la Colombie
et des États-Unis d’Amérique étaient pleinement informés du nombre de personnes
impliquées, des armes détenues par les mercenaires et des centres d’entraînement à
partir desquels l’agression serait lancée. Nous avons lancé un avertissement clair dans
les termes suivants :
Nous dénonçons également le fait que les porte-paroles du Gouvernement du
Président Trump sont en train d’inventer un tissu de mensonges concernant un
nombre absurde de déserteurs supposés des forces armées nationales
bolivariennes de sorte à justifier la constitution d’une soi-disant armée de
libération vénézuélienne sur le territoire colombien qui vise à s’infiltrer dans
notre pays et à détruire la paix qui y règne. Les organisateurs de ce groupe armé
criminel s’applaudissent ostensiblement dans les médias colombiens, en toute
impunité. Il s’agit là d’informations librement accessibles. Nous ne prétendons
pas détenir de renseignements secrets. Nous allons transmettre tous ces éléments
au Conseil. Il ne s’agit plus du recours officiel à la force militaire, mais plutôt
de son usage clandestin dans une guerre à laquelle participent des mercenaires
rémunérés, comme ce fut le cas au Nicaragua durant l’offensive féroce menée
par les Contras. Et, par une cruelle ironie du sort, la personne que les États-Unis
avait mise à la tête de l’opération des Contras au Nicaragua, Elliott Abrams, est
ici présente. Il est lui-même aujourd’hui responsable de l’opération orchestrée
contre le Venezuela. C’est lui qui a utilisé des avions chargés d’armes
maquillées en articles d’aide humanitaire pour semer la mort et la destruction
au Nicaragua. Et il veut nous faire croire qu’il tient à fournir une aide financière
au Venezuela en envoyant des hommes masqués lancer des cocktails Molotov24
.
__________________
21
www.dnb.com/business-directory/company-profiles.high_end_defense_solutions_
llc.e4736ab4d093646c2eba68c42a9c4fc0.html.
22
www.dailymail.co.uk/news/article-8296881/US-Government-DID-know-coup-Venezuela-
plot-DEA-Homeland-Security-received-tip-Goudreau.html.
23
https://apnews.com/article/miami-us-news-ap-top-news-venezuela-south-america-
79346b4e428676424c0e5669c80fc310.
24
S/PV.8476.
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Toutes les informations qui précèdent ont été communiquées au Conseil de
sécurité 15 mois avant que l’agression armée vouée à assassiner le Président Nicolás
Maduro ne soit perpétrée le 3 mai 2020. En septembre 2019, les mêmes griefs ainsi
que la localisation exacte des camps de mercenaires avaient été une nouvelle fois
portés à l’attention de l’Assemblée générale25
. Malgré les dénonciations, les
Gouvernements de la Colombie et des États-Unis d’Amérique ont feint d’ignorer la
réalité de ce qui se passait sur le terrain. Les terroristes ont été protégés par les
autorités des deux pays l’année précédant l’attentat tout au moins. Une fois
l’agression perpétrée et les informations fournies vérifiées, les Gouvernements de la
Colombie et des États-Unis d’Amérique ont continué de se replier derrière le principe
du déni plausible, pourtant déjà dénué de toute crédibilité. Cela a été dénoncé auprès
du Conseil de sécurité le 13 mai 202026
et le 20 mai 202027
.
La collaboration des services de renseignement des États-Unis d’Amérique avec
les mercenaires est également un fait avéré. Sur le territoire colombien, des agents de
la DEA et de la Central Intelligence Agency (CIA) ont rencontré à plusieurs reprises
les exécutants de l’Opération Gideon, tandis que des groupes de trafiquants de drogue
colombiens ont fourni un appui aux mercenaires, avec l’assentiment des autorités
colombiennes et dans l’espoir de se voir attribuer des filières du trafic de drogue en
cas de succès de l’opération28, 29
.
Certaines connexions, que nous allons énumérer ci-après, attestent les liens
publics existant entre les participants à l’opération mercenaire perpétrée contre le
Président de la République d’Haïti, Jovenel Moïse, et ceux de l’opération mercenaire
manquée (Gideon) contre le Président de la République bolivarienne du Venezuela,
Nicolás Maduro :
a) Antonio Intriago, qui détient la société CTU Security LLC et qui est impliqué
dans l’assassinat du Président Jovenel Moïse, a également participé à l’attaque armée
fomentée par les Gouvernements des États-Unis d’Amérique et de la Colombie à la
frontière colombo-vénézuélienne le 23 février 201930
. Étonnamment, Jordan Goudreau,
propriétaire de la société Silvercorp, a également participé à cette même opération, qui
avait pour prétexte de forcer la livraison d’une prétendue « aide humanitaire » dans des
camions accompagnés de groupes armés qui ont mis le feu aux marchandises et ont tenté
de pénétrer violemment sur le territoire vénézuélien31
(voir annexe 10) ;
b) En association avec le célèbre extrémiste cubain Antonio Esquivel, qui réside
à Miami, Antonio Intriago a créé et enregistré une société appelée Venezuela Somos
Todos, Inc., sise à Miami, qui a servi à recevoir des fonds destinés à financer l’agression
contre le Venezuela en février 2019. Ce n’est pas un hasard si le nom de cette société est
le même que celui de la société chargée de la communication autour du concert organisé
comme opération de camouflage dans les jours précédant l’attaque armée32, 33
;
__________________
25
A/74/PV.10.
26
A/74/861-S/2020/399.
27
https://media.un.org/en/asset/k1z/k1zhnyi01x.
28
www.elnuevoherald.com/noticias/mundo/america-latina/colombia-es/article249517110.html.
29
S/PV.8476.
30
www.lanuevaprensa.com.co/component/k2/ony-intriago-reclutador-de-militares-sicarios-colombianos-
organizo-con-ivan-duque-en-2019-el-concierto-de-cucuta-contra-la-narco-tirania-de-nicolas-maduro.
31
https://venezuelanalysis.com/news/14859.
32
http://search.sunbiz.org/Inquiry/CorporationSearch/SearchResultDetail?inquirytype=
OfficerRegisteredAgentName&directionType=Initial&searchNameOrder=INTRIAGOANTONIO
%20N060000113385&aggregateId=domnp-n06000011338-786976d2-55ea-4078-b263-
286aa197abf7&searchTerm=Intriago%20%20%20%20%20%20%20%20%20%20%20%20
Antonio&listNameOrder=INTRIAGOANTONIO%20L080000293381.
33
www.lanuevaprensa.com.co/component/k2/ony-intriago-reclutador-de-militares-sicarios-colombianos-
organizo-con-ivan-duque-en-2019-el-concierto-de-cucuta-contra-la-narco-tirania-de-nicolas-maduro.
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c) Antonio Intriago, propriétaire de la société CTU Security LLC (dans le cas
d’Haïti) et de Venezuela Somos Todos, Inc. (dans le cas du Venezuela), entretient des
contacts politiques avec Juan Jose Rendón, Vénézuélien résidant dans l’État de
Floride (États-Unis d’Amérique), qui est un terroriste bien connu ayant des liens avec
des trafiquants de drogue colombiens. Par l’intermédiaire de sa société CTU Security
LLC, Antonio Intriago a présenté la première offre pour le contrat d’assassinat du
Président Nicolás Maduro, lequel prendra plus tard le nom d’Opération Gideon34
. Il
y a eu un appel d’offre auquel diverses sociétés ont soumissionné afin d’obtenir le
contrat d’assassinat du président Maduro. C’est finalement la société Silvercorp qui
a été retenue, sur recommandation de Keith Schiller de la Maison Blanche ;
d) Alfred Santamaria, représentant légal de CTU Security LLC et de la
Fundación Latino Americanos Unidos, Inc., s’emploie, aux côtés d’un autre militant
politique, Juan José Rendón, à promouvoir dans le sud de la Floride l’image du
Président Iván Duque, ainsi que celle de Juan Guaidó en tant que Président supposé
du Venezuela35
(voir annexe 11) ;
e) Jordan Goudreau a reconnu publiquement avoir signé un contrat avec Juan
Guaidó et Juan José Rendón pour l’assassinat du Président Nicolás Maduro. Goudreau
et Rendón sont tous deux protégés par le Gouvernement des États-Unis d’Amérique.
La participation du Gouvernement des États-Unis est scandaleuse au point qu’un
procès a été intenté devant les tribunaux de ce pays par le mercenaire Goudreau contre
le terroriste et complice des narcotrafiquants, Juan José Rendón, pour rupture de
paiement dans le contrat d’assassinat du Président Nicolás Maduro, suite à l’échec de
l’Opération Gideon36
;
f) La société d’aviation Helidosa, basée en République dominicaine, a
transporté Antonio Intriago, Arcángel Pretel Ortiz, Walter Veintemilla et Christian
Sanon sur un vol privé des États-Unis d’Amérique vers Haïti, dans un avion
immatriculé HI949. Tous sont des parties contractantes dans l’organisation de
l’assassinat du Président Jovenel Moïse37
(voir annexe 12) ;
g) Curieusement, c’est ce même avion (HI949) qui a transporté le groupe de
conspirateurs de Juan Guaidó vers diverses îles des Caraïbes sur un vol privé. Plus
sinistre encore, ce même avion a servi à ramener en Haïti la veuve du Président
assassiné, Martine Moïse, alors qu’elle se remettait des blessures subies lors de
l’assassinat de son mari38
(voir annexe 12).
Tous ces éléments nous permettent d’affirmer qu’il existe un réseau criminel
structuré, composé d’individus d’origines et de nationalités diverses, mais résidant
tous sur le territoire des États-Unis, qui se consacre au financement de mercenaires
colombiens en vue de la commission, à des fins lucratives, d’actes d’agression et
d’autres crimes internationaux graves contre des États tiers. Et ce n’est pas un hasard
si ces crimes servent en définitive les intérêts des gouvernements qui protègent sans
vergogne les membres dudit réseau. En d’autres termes, il ne s’agit ni plus ni moins
que d’un réseau qui facilite des services bancaires ou financiers à des tueurs à gages.
__________________
34
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organizo-con-ivan-duque-en-2019-el-concierto-de-cucuta-contra-la-narco-tirania-de-nicolas-maduro.
35
https://expresa.se/2021/07/11/la-conexion-de-antonio-enmanuel-intriago-propietario-de-la-
empresa-de-miami-que-contrato-a-mercenarios-implicados-en-el-asesinato-del-presidente-
de-haiti-con-figuras-proximas-al-uribismo-en-colombi.html.
36
www.elespectador.com/investigacion/la-demanda-contra-j-j-rendon-por-la-operacion-gedeon-article.
37
www.semana.com/mundo/articulo/la-empresa-aerea-que-traslado-a-los-presuntos-asesinos/202151.
38
https://sputniknews.com/latam/202107211083426894-plane-used-by-guaidos-negotiating-team-
for-barbados-talks-also-carried-moses-assassins---report.
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Ce faisceau de preuves démontre l’existence d’un réseau d’opérations
mercenaires aux États-Unis d’Amérique et en Colombie qui fonctionne par le biais
de sociétés privées américaines et de mercenaires colombiens agissant en toute
impunité sous le patronage des deux Gouvernements, et témoigne donc, en somme,
de l’existence d’un réseau de criminalité transnationale organisée entretenant des
liens importants et avérés avec les structures internes du pouvoir au sein des
Gouvernements de Bogota et de Washington, ce qui procure de facto aux membres de
ce réseau un soutien continu, un refuge et une immunité.
Il est important de souligner que l’utilisation de mercenaires confère un
avantage aux États contractants : ces derniers peuvent influer sur les États attaqués,
tout en masquant les traces de leur participation ou en ayant la possibilité de nier leur
responsabilité dans l’acte d’agression. Ainsi, nous sommes face à un modus operandi
qui garantit l’impunité à ceux qui commettent des actes d’agression et qui violent,
sans conséquence, le droit international.
Le recours à des structures de la criminalité transnationale organisée et à des
forces mercenaires pour perpétrer des actes de terrorisme et assassiner des chefs
d’État et de gouvernement, renverser des gouvernements et porter atteinte au socle
constitutionnel d’un État constitue une violation manifeste de la Charte des Nations
Unies, dont un des buts, énoncé à l’Article 1, consiste à développer « entre les nations
des relations amicales fondées sur le respect du principe de l’égalité des droits des
peuples et de leur droit à disposer d’eux-mêmes ».
De son côté, l’Assemblée générale, dans sa résolution 75/171, « [c]ondamne
toute forme d’impunité accordée aux auteurs d’activités mercenaires et à ceux qui ont
utilisé, recruté, financé et instruit des mercenaires, et exhorte tous les États, agissant
conformément aux obligations que leur impose le droit international, à traduire ces
individus en justice sans distinction aucune ».
Le déni plausible derrière lequel s’abritent les États qui tolèrent l’utilisation de
mercenaires, du terrorisme et de la criminalité transnationale organisée pour attaquer
les États Membres de l’Organisation des Nations Unies favorise un climat d’impunité
générale qui empêche l’établissement des responsabilités des États agresseurs,
conformément à la Charte fondatrice de l’Organisation et au droit international.
À cet égard et en application des dispositions du paragraphe 1 de l’Article 35 de
la Charte des Nations Unies, nous avons l’honneur de demander au Conseil de sécurité
de prendre la décision, conformément aux pouvoirs qui lui sont conférés par la Charte,
en particulier en vertu de l’Article 34, d’enquêter sur les opérations mercenaires
planifiées aux États-Unis d’Amérique par des structures de la criminalité
transnationale organisée qui recrutent, instruisent et financent des mercenaires
colombiens aux fins de la commission d’attaques armées, d’actes de terrorisme,
d’actes d’agression et de l’assassinat de chefs d’État et de gouvernement et de hauts
responsables politiques dans l’objectif de renverser des gouvernements et de porter
atteinte à leurs bases constitutionnelles. Nous faisons plus particulièrement référence
à l’assassinat du Président d’Haïti, Jovenel Moïse, commis le 7 juillet 2021, et à la
tentative d’assassinat ayant ciblé le Président de la République bolivarienne du
Venezuela, Nicolás Maduro, qui s’est soldée par un échec le 3 mai 2020.
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Enfin, nous vous serions reconnaissants d’user de vos bons offices pour faire
porter le texte de la présente lettre et de ses annexes à l’attention des membres du
Conseil de sécurité et de le faire publier comme document de cet organe*.
L’Ambassadeur,
Représentant permanent
de la République bolivarienne du Venezuela
auprès de l’Organisation des Nations Unies
(Signé) Samuel Moncada
__________________
* Les annexes sont distribuées uniquement dans la langue de l’original.
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Annexes à la lettre datée du 27 juillet 2021 adressée
au Président du Conseil de sécurité par le Représentant
permanent de la République bolivarienne du Venezuela
auprès de l’Organisation des Nations Unies
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S 2021 688-fr

  • 1. Nations Unies S/2021/688 Conseil de sécurité Distr. générale 29 juillet 2021 Français Original : anglais 21-10520 (F) 060821 090821 *2110520* Lettre datée du 27 juillet 2021, adressée au Président du Conseil de sécurité par le Représentant permanent de la République bolivarienne du Venezuela auprès de l’Organisation des Nations Unies J’ai l’honneur de vous adresser la présente lettre, en votre qualité de Président du Conseil de sécurité pour le mois de juillet 2021, afin de dénoncer le fait qu’un réseau de criminalité transnationale organisée formé notamment par des mercenaires colombiens et américains a été utilisé dans le dessein de commettre des actes d’agression contre la République d’Haïti et la République bolivarienne du Venezuela, l’objectif à remplir étant de perpétrer des attentats terroristes pour assassiner les chefs d’État et de Gouvernement des deux pays et de préparer le renversement des deux gouvernements, ce qui, de toute évidence vient mettre en péril la paix et la sécurité internationales (voir annexe 1). Dans sa résolution 3314 (XXIX) du 14 décembre 1974, l’Assemblée générale définit l’« agression » comme « l’emploi de la force armée par un État contre la souveraineté, l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique d’un autre État, ou de toute autre manière incompatible avec la Charte des Nations Unies ». En outre, l’article 3 de l’annexe de cette même résolution, adoptée par consensus et sans avoir été mise aux voix, établit que : L’un quelconque des actes ci-après, qu’il y ait eu ou non déclaration de guerre, réunit, sous réserve des dispositions de l’article 2 et en conformité avec elles, les conditions d’un acte d’agression : [...] g) L’envoi par un État ou en son nom de bandes ou de groupes armés, de forces irrégulières ou de mercenaires qui se livrent à des actes de forces armée contre un autre État d’une gravité telle qu’ils équivalent aux actes énumérés ci-dessus, ou le fait de s’engager d’une manière substantielle dans une telle action. En outre, d’après les dispositions de l’article 5 de la définition de l’agression, « aucune considération de quelque nature que ce soit, politique, économique, militaire ou autre, ne saurait justifier une agression » ; il est dit en outre qu’ « une guerre d’agression est un crime contre la paix internationale » et que « l’agression donne lieu à responsabilité internationale ». Aux termes du paragraphe 2 de l’article premier de la Convention internationale contre le recrutement, l’utilisation, le financement et l’instruction de mercenaires, un « mercenaire » s’entend de toute personne :
  • 2. S/2021/688 21-10520 2/45 a) Qui est spécialement recrutée dans le pays ou à l’étranger pour prendre part à un acte concerté de violence visant à : i) Renverser un gouvernement ou, de quelque autre manière, porter atteinte à l’ordre constitutionnel d’un État ; ou ii) porter atteinte à l’intégrité territoriale d’un État ; b) Qui prend part à un tel acte essentiellement en vue d’obtenir un avantage personnel significatif et est poussée à agir par la promesse ou par le paiement d’une rémunération matérielle ; c) Qui n’est ni ressortissante ni résidente de l’État contre lequel un tel acte est dirigé ; d) Qui n’a pas été envoyée par un État en mission officielle ; et e) Qui n’est pas membre des forces armées de l’État sur le territoire duquel l’acte a eu lieu1 . En outre, il convient de rappeler, entre autres, les dispositions d’autres instruments juridiques internationaux pertinents, tels que : • La Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée (Convention de Palerme), dans laquelle un « groupe criminel organisé » désigne un groupe structuré existant depuis un certain temps et agissant de concert dans le but de commettre une ou plusieurs infractions graves, pour en tirer directement ou indirectement un avantage financier ou un autre avantage matériel ; • La Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme, selon laquelle commet une infraction toute personne qui, directement ou indirectement, fournit ou réunit des fonds en vue de commettre un acte destiné à tuer un civil ou à intimider une population ; • La résolution 1373 (2001) du Conseil de sécurité, dans laquelle le Conseil, agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, a décidé que les États devaient interdire à leurs nationaux ou à toute personne ou entité se trouvant sur leur territoire de mettre des fonds, avoirs financiers ou ressources économiques ou services financiers ou autres services connexes à la disposition, directement ou indirectement, de personnes qui commettaient ou tentaient de commettre des actes de terrorisme, les facilitaient ou y participaient, et qu’ils devaient également s’abstenir d’apporter quelque forme d’appui que ce soit, actif ou passif, à des entités ou à des personnes impliquées dans des actes de terrorisme, tout en déclarant que le financement et l’organisation d’actes de terrorisme ou l’incitation à de tels actes en connaissance de cause étaient également contraires aux buts et principes de l’Organisation des Nations Unies. Compte tenu des dispositions précitées, il est incontestable que l’assassinat du Président de la République d’Haïti, Jovenel Moïse, remplit tous les critères définis par le droit international pour être qualifié d’« acte d’agression », terme qui englobe la commission d’autres crimes graves relevant du droit international, tels que l’assassinat ou l’acte terroriste, par l’intermédiaire de mercenaires et grâce au financement fourni par des groupes criminels organisés. Le 7 juillet 2021, un groupe composé d’au moins 26 mercenaires colombiens et 2 mercenaires américains a pris d’assaut le domicile du Président de la République __________________ 1 Voir https://documents-dds-ny.un.org/doc/RESOLUTION/GEN/NR0/550/34/IMG/ NR055034.pdf?OpenElement.
  • 3. S/2021/688 3/45 21-10520 d’Haïti à Port-au-Prince. Après avoir été torturé, le Chef de l’État a été assassiné, criblé de 12 balles, dont les tirs ont grièvement blessé la Première Dame d’Haïti, Martine Moïse. L’assassinat du Président Moïse revêt dès lors un caractère transnational étant donné qu’il implique un groupe criminel organisé, tel que défini par la Convention de Palerme, qui a commis une infraction pénale dans un État, et qu’une partie substantielle de la préparation, de la planification, de la conduite ou du contrôle de l’infraction a eu lieu dans un autre État, tout en impliquant également un groupe criminel organisé qui se livre à des activités criminelles dans plus d’un État, comme cela sera démontré dans la présente lettre. Ce crime international ignoble, sans précédent dans l’histoire occidentale, a été planifié et exécuté moyennant la collaboration de deux sociétés américaines : CTU Security LLC, gérée par les citoyens américains Antonio Emmanuel Intriago Valera, propriétaire, et Alfred Santamaría, représentant légal (voir annexe 2) et Worldwide Capital Lending Group, dirigée par le citoyen américain Walter Veintemilla2 . Les deux sociétés se sont engagées, par contrat, à organiser une force privée, sous couvert de protéger un citoyen américain et ressortissant haïtien, Christian Sanon, qui réside aux États-Unis d’Amérique et nourrit des ambitions politiques en Haïti. Dans un contrat séparé, elless se sont également engagées à verser 860 000 dollars pour financer les armes, les munitions, le transport, l’hébergement et la nourriture des mercenaires (voir annexe 3). Comme on le sait, la société Worldwide Capital Lending Group était chargée de débourser les trois quarts des fonds nécessaires à l’exécution des opérations, tandis que le reliquat revenait à CTU Security LLC3 . Dans l’un des contrats, la société CTU Security LLC est décrite comme une entité militaire chevronnée dotée d’une vaste expérience des opérations spéciales notamment en Iraq, en Bolivie et en Colombie, qui lui a permis de réunir une équipe spécialisée, entraînée et dédiée à la guerre urbaine, à l’assaut aérien et au combat rapproché4 . L’assassinat du Président haïtien a été planifié depuis l’État de Floride (États- Unis d’Amérique) et la République d’Haïti5 (voir annexe 4), tandis que le recrutement des mercenaires s’est fait essentiellement en République de Colombie, sur des groupes de messagerie téléphonique rassemblant des mercenaires colombiens, tous d’anciens officiers, soldats ou membres des forces spéciales des Forces armées colombiennes formés par les États-Unis6 . Il importe de souligner que ces faits ont été reconnus tant par les autorités du Ministère colombien de la défense que par les autorités militaires américaines7 . Il est intéressant de noter que l’un des meurtriers colombiens, Francisco Eladio Uribe, est un officier à la retraite qui a été poursuivi en Colombie pour avoir commis des exécutions extrajudiciaires contre des civils innocents. Pour cette raison, il n’a pas été autorisé à se faire délivrer un passeport et a fait l’objet d’une ordonnance lui interdisant de sortir de la République de Colombie. Cependant, ledit mercenaire a tout de même réussi à obtenir un passeport et à quitter le pays afin de perpétrer l’assassinat __________________ 2 Antonio Emmanuel Intriago Valera, Alfred Santamaría et Walter Veintemilla sont citoyens américains naturalisés. M. Intriago est d’origine vénézuélienne, M. Santamaría est d’origine colombienne et M. Veintemilla est d’origine équatorienne. 3 www.washingtonpost.com/investigations/2021/07/15/haiti-president-sanon-security-team. 4 Ibid. 5 www.miamiherald.com/news/nation-world/world/americas/haiti/article252901428.html et www.washingtonpost.com/investigations/2021/07/15/haiti-president-sanon-security-team. 6 www.nytimes.com/2021/07/13/world/americas/haiti-colombia-military-veterans.html. 7 https://thehill.com/policy/defense/564371-pentagon-confirms-7-colombians-arrested-in-haiti- leaders-killing-had-us.
  • 4. S/2021/688 21-10520 4/45 du Président d’Haïti, ce qui laisse supposer une éventuelle complicité des autorités colombiennes à un certain niveau de l’administration8 . À ce jour, les liens personnels et politiques entretenus entre le Président de la République de Colombie, Iván Duque, et Antonio Intriago (CTU Security LLC) et son représentant légal, Alfred Santamaría, sont publiquement avérés. Ces deux derniers ont en effet enregistré la Fundación Latino Americanos Unidos, Inc., basée à Miami, dans le but de promouvoir l’image politique du Président Iván Duque dans le sud de la Floride9 . Il existe des photographies attestant la proximité entre le Président Iván Duque et Antonio Intriago et Alfred Santamaría lors de la campagne électorale en faveur du Parti républicain dans l’État de Floride (États-Unis d’Amérique) et celle en faveur d’Iván Duque, alors candidat à l’élection présidentielle en Colombie, ainsi que la proximité entre les deux individus et la Vice-Présidente de la Colombie, Marta Lucía Ramírez, et le Représentant permanent de la Colombie auprès de l’Organisation des États américains, Alejandro Ordoñez (voir annexes 5 et 7)10 . La proximité politique est telle que ceux qui ont pris part à l’assassinat du Président d’Haïti ont été reçus par le Président Iván Duque dans sa résidence officielle à Bogota. De même, l’un des mercenaires colombiens impliqués dans l’assassinat du Président Jovenel Moïse est le cousin de Rafael Guarín, Conseiller pour la sécurité nationale11 du Président Iván Duque. Pour leur part, Santamaría et Intriago sont des partisans notoires de l’ancien Président colombien et Chef du parti au pouvoir (Centro Democrático), Álvaro Uribe Vélez. Des documents photographiques prouvent que des liens personnels et politiques unissent les instigateurs de l’assassinat du Président haïtien à la personnalité politique la plus puissante de Colombie. Il existe manifestement une continuité temporelle dans les liens étroits entretenus avec les hauts dirigeants politiques colombiens : il s’agit bel et bien d’une activité systématique et non de simples rencontres fortuites (voir annexe 6). De surcroît, au sein du petit groupe ayant planifié l’assassinat du Président Moïse, au moins deux individus sont liés aux services de sécurité et de renseignement des États-Unis d’Amérique. Le premier est un informateur du Federal Bureau of Investigation (FBI), Arcángel Pretel Ortíz12 , ressortissant colombien qui détient la société de sécurité Taktical Consulting Corp et qui est par ailleurs associé à Antonio Intriago (CTU Security LLC) dans une troisième société du nom de Counter Terrorist Unit Federal Academy LLC13 . Ensemble, ils ont participé à la planification de l’assassinat du Président d’Haïti. __________________ 8 https://twitter.com/AreaNoticiasNS/status/1413582283785871376?s=20. 9 http://search.sunbiz.org/Inquiry/CorporationSearch/GetDocument?aggregateId=domnp- n12000007765-55b1f604-6bb9-4d6b-82d9-a397697274e9&transactionId=n12000007765- db92c2ac-b859-4714-947e-48f6f31e0209&formatType=PDF. 10 www.elpublique.me/2021/07/la-relacion-de-antonio-enmanuel.html ; https://pluralidadz.com/ mundo/buenos-muchachos-en-malas-companias-petro-sobre-fotos-de-duque-con-antonio-intriago- uribe-y-santamaria ; www.voces.co/video-que-evidencia-vinculo-amistoso-entre-alfred- santamaria-y-el-presidente-de-colombia et https://alpunto.com.co/__trashed-2. 11 www.elespectador.com/judicial/mercenarios-en-haiti-capturado-es-primo-de-consejero-para-la- seguridad-nacional. 12 www.businessinsider.com/haiti-president-assassination-us-informants-reportedly-among-suspects-2021-7. 13 http://search.sunbiz.org/Inquiry/CorporationSearch/SearchResultDetail?inquirytype= OfficerRegisteredAgentName&directionType=Initial&searchNameOrder=INTRIAGOANTONIO %20L190002472270&aggregateId=flal-l19000247227-4fddfb98-b67e-48b3-8298-3e0ccaa7f769& searchTerm=intriago%20%20%20%20%20%20%20%20%20%20%20%20antonio&listNameOrde r=INTRIAGOANTONIO%20L080000293381.
  • 5. S/2021/688 5/45 21-10520 Le second est un informateur de la Drug Enforcement Administration (DEA), Rodolphe Jaar, ressortissant américain d’origine haïtienne, qui a servi d’interprète aux assassins colombiens en Haïti et qui, par ailleurs, est un trafiquant de drogue bien connu ayant été emprisonné en 2013 pour avoir commis des infractions pénales liées à la drogue entre la Colombie, Haïti et les États-Unis d’Amérique. Les informations fournies par Arcángel Pretel Ortiz et Rodolphe Jaar ont permis d’arrêter d’autres criminels liés au trafic de drogue14 . En résumé, les faits suivants peuvent être attestés : L’assassinat du Président d’Haïti, Jovenel Moïse, est le fruit d’une opération orchestrée par des forces mercenaires, exécutée par des assassins colombiens, financée par des sociétés américaines, planifiée depuis le territoire des États-Unis et d’Haïti et réglementée par un contrat qui profiterait personnellement aux meurtriers en leur octroyant d’importants avantages économiques issus de la vente d’actifs de l’État haïtien. L’assassinat a constitué, de facto, un coup d’État et un acte de terrorisme qui a porté atteinte à l’ordre constitutionnel d’Haïti – une situation qui correspond textuellement à la qualification d’un « acte d’agression », tel que défini par la résolution 3314 (XXIX) de l’Assemblée générale – et qui a été perpétré par des groupes criminels organisés transnationaux. On ne saurait soutenir avec naïveté qu’une opération de cette ampleur, menée au service de desseins politiques, dans laquelle interviennent d’importantes sommes d’argent, du trafic d’armes et du personnel formé aux opérations spéciales, aurait pu se faire à l’insu des agences de sécurité et de renseignement des Gouvernements de Colombie et des États-Unis d’Amérique. L’histoire du recours à des mercenaires pour commettre des attaques armées regorge de cas où les États, pour nier toute implication dans les faits, font appel à ce que l’on appelle le « déni plausible ». En effet, la nature même du procédé permet de dissocier la victime de l’auteur du crime. Néanmoins, nous faisons face aujourd’hui à un cas où le déni plausible est infondé tant abondent les preuves démontrant que la République de Colombie et les États-Unis d’Amérique se sont soustraits à leurs obligations internationales d’empêcher l’assassinat du Président Moïse. À cet égard, il convient de rappeler qu’au titre du paragraphe 4 de la résolution 75/171 de l’Assemblée générale, les États doivent : [...] empêcher que leur territoire et les autres territoires relevant de leur juridiction ne soient utilisés pour recruter, regrouper, financer, instruire, protéger ou faire transiter des mercenaires en vue d’activités visant à empêcher l’exercice du droit des peuples à l’autodétermination, à déstabiliser ou à renverser le gouvernement de tout État ou à porter atteinte, totalement ou en partie, à l’intégrité territoriale ou à l’unité politique de tout État souverain et indépendant qui respecte le droit des peuples à l’autodétermination, et à empêcher leurs nationaux de participer à de telles activités15 . On pourrait penser que les faits survenus en Haïti sont un cas isolé. Or, il ne s’agit de rien d’autre que de la répétition d’un mode d’exécution de coups d’État, d’actes de terrorisme et d’assassinats par l’utilisation de mercenaires et le recours à des structures de la criminalité transnationale organisée, comme cela s’est produit à plusieurs reprises en République bolivarienne du Venezuela. __________________ 14 www.eltiempo.com/unidad-investigativa/arcangel-pretelt-el-otro-colombiano-mencionado-en-el- magnicidio-en-haiti-603473. 15 Résolution 75/171 de l’Assemblée générale.
  • 6. S/2021/688 21-10520 6/45 Il convient de rappeler que, le 3 mai 2020, un groupe d’au moins 60 mercenaires, agissant sous les ordres de trois anciens militaires américains ayant participé à des opérations spéciales en Iraq et en Afghanistan, a pénétré illégalement sur le territoire vénézuélien et a débarqué sur une côte proche de la capitale vénézuélienne, dans le but d’attaquer le palais présidentiel et d’assassiner le Président Nicolás Maduro. Cette attaque de mercenaires a ensuite été connue sous le nom d’« Opération Gideon ». À l’époque, les forces mercenaires de l’opération ratée ont été détectées et repoussées par les forces armées de la République bolivarienne du Venezuela et 47 mercenaires ont été arrêtés16 . Le chef de l’opération, Jordan Goudreau, de nationalité américaine, a déclaré publiquement que les forces mercenaires cherchaient à capturer le Président Nicolás Maduro afin de renverser le Gouvernement constitutionnel légitime de la République bolivarienne du Venezuela17 (voir annexe 8), conformément aux dispositions d’un contrat signé dans l’État de Floride (États-Unis d’Amérique) entre la société Silvercorp, appartenant aux mercenaires américains, et Juan Guaidó, Juan José Rendón et Sergio Vergara, représentants politiques d’une entité fictive reconnue par les Gouvernements des États-Unis d’Amérique et de la Colombie. Il convient de souligner que Juan José Rendón lui-même a reconnu publiquement qu’il était l’un des signataires du contrat et qu’il avait versé une avance de 50 000 dollars au mercenaire Jordan Goudreau pour avoir entamé les préparatifs de l’assassinat18 . Silvercorp se présente comme une société de sécurité aux prix compétitifs qui vend ses services au plus offrant et fait preuve d’efficacité dans l’exécution des contrats. Cependant, il s’agit d’une société mercenaire qui exporte des services de violence et d’assassinat politique, sous la protection du Gouvernement des États-Unis d’Amérique. La société se définit elle-même en ces termes : Silvercorp USA a été fondée avec un seul objectif en tête. En cas de problème singulier, nous sommes là pour apporter aux gouvernements et aux entreprises des solutions réalistes et rapides. Nous aidons nos clients à se préparer et à réagir aux crises susceptibles de mettre en péril la sécurité de leur personnel, de leurs biens et de leur réputation [...]. Chaque service proposé par Silvercorp fournit une approche adaptée aux risques et aux exigences spécifiques de nos clients. Cette approche précise, combinée à nos prix avantageux et à la haute qualité de nos prestations, représente une capacité inégalée par la concurrence19 . Ce langage publicitaire mensonger masque la vérité de l’industrie mercenaire de la mort. Jordan Goudreau, propriétaire de Silvercorp, a poursuivi sa route, fort de la protection du Gouvernement des États-Unis d’Amérique, la preuve en est que, même à ce jour, et après l’attaque de 2020 menée dans le cadre de l’Opération Gideon, il reste en liberté sur le territoire des États-Unis et n’a été accusé d’aucun crime. Le contrat signé avec Silvercorp stipulait que le coût de l’opération mercenaire était estimé à 212 900 000 dollars. D’après la clause initiale du contrat, une fois l’assassinat du Président Nicolás Maduro perpétré, un versement de 50 000 000 de dollars serait effectué et, en cas d’insolvabilité, le nouveau Gouvernement formé à l’issue de l’agression utiliserait des barils de pétrole comme forme de paiement20 . __________________ 16 A/74/861-S/2020/399. 17 www.washingtonpost.com/world/the_americas/venezuela-raid-jordan-goudreau-cliver-alcala-maduro/ 2020/05/10/767c3386-9194-11ea-9322-a29e75effc93_story.html. 18 https://cnnespanol.cnn.com/video/venezuela-operacion-gedeon-50-mil-dolares-entrevista-rendon- fernando-del-rincon-conclusiones. 19 www.silvercorpusa.com/copy-of-silvercorp-usa-2. 20 www.washingtonpost.com/context/read-the-attachments-to-the-general-services-agreement- between-the-venezuelan-opposition-and-silvercorp/e67f401f-8730-4f66-af53-6a9549b88f94.
  • 7. S/2021/688 7/45 21-10520 L’Opération Gideon a été planifiée et financée sur le territoire des États-Unis, tandis que la base d’opérations, où a eu lieu l’instruction des mercenaires, était située sur le territoire colombien, d’où a été lancée l’attaque armée contre la capitale de la République bolivarienne du Venezuela. Les armes utilisées lors de l’attaque provenaient d’une société du nom de High End Defense Solutions, basée dans l’État de Floride (États-Unis d’Amérique) et détenue par Bernd Von Reitzenstein21 . Après l’échec de ladite opération, Jordan Goudreau a déclaré que les Gouvernements des États-Unis d’Amérique et de la Colombie avaient été constamment informés de ses moindres faits et gestes et que le plan bénéficiait du soutien de hauts responsables de la Maison Blanche22 , parmi lesquels Keith Schiller, qui, pendant des dizaines d’années, a travaillé comme chef de la sécurité personnelle de l’ancien Président Donald Trump. Schiller a engagé à plusieurs reprises Goudreau comme agent de sécurité lors des manifestations politiques de l’ancien Président Trump, comme cela a été avéré (voir annexe 9). De même, c’est Schiller qui a mis en contact le mercenaire en chef des États-Unis, Jordan Goudreau, avec des terroristes vénézuéliens aux fins de l’exécution de l’Opération Gideon23 . Il est également de notoriété publique que la Colombie a joué un rôle dans l’agression armée contre le Venezuela. Lors de la réunion du Conseil de sécurité du 28 février 2019, nous avons dénoncé l’organisation d’une attaque armée contre le Venezuela par une armée de mercenaires depuis le territoire colombien. Ces derniers se targuaient publiquement de leurs préparatifs et les Gouvernements de la Colombie et des États-Unis d’Amérique étaient pleinement informés du nombre de personnes impliquées, des armes détenues par les mercenaires et des centres d’entraînement à partir desquels l’agression serait lancée. Nous avons lancé un avertissement clair dans les termes suivants : Nous dénonçons également le fait que les porte-paroles du Gouvernement du Président Trump sont en train d’inventer un tissu de mensonges concernant un nombre absurde de déserteurs supposés des forces armées nationales bolivariennes de sorte à justifier la constitution d’une soi-disant armée de libération vénézuélienne sur le territoire colombien qui vise à s’infiltrer dans notre pays et à détruire la paix qui y règne. Les organisateurs de ce groupe armé criminel s’applaudissent ostensiblement dans les médias colombiens, en toute impunité. Il s’agit là d’informations librement accessibles. Nous ne prétendons pas détenir de renseignements secrets. Nous allons transmettre tous ces éléments au Conseil. Il ne s’agit plus du recours officiel à la force militaire, mais plutôt de son usage clandestin dans une guerre à laquelle participent des mercenaires rémunérés, comme ce fut le cas au Nicaragua durant l’offensive féroce menée par les Contras. Et, par une cruelle ironie du sort, la personne que les États-Unis avait mise à la tête de l’opération des Contras au Nicaragua, Elliott Abrams, est ici présente. Il est lui-même aujourd’hui responsable de l’opération orchestrée contre le Venezuela. C’est lui qui a utilisé des avions chargés d’armes maquillées en articles d’aide humanitaire pour semer la mort et la destruction au Nicaragua. Et il veut nous faire croire qu’il tient à fournir une aide financière au Venezuela en envoyant des hommes masqués lancer des cocktails Molotov24 . __________________ 21 www.dnb.com/business-directory/company-profiles.high_end_defense_solutions_ llc.e4736ab4d093646c2eba68c42a9c4fc0.html. 22 www.dailymail.co.uk/news/article-8296881/US-Government-DID-know-coup-Venezuela- plot-DEA-Homeland-Security-received-tip-Goudreau.html. 23 https://apnews.com/article/miami-us-news-ap-top-news-venezuela-south-america- 79346b4e428676424c0e5669c80fc310. 24 S/PV.8476.
  • 8. S/2021/688 21-10520 8/45 Toutes les informations qui précèdent ont été communiquées au Conseil de sécurité 15 mois avant que l’agression armée vouée à assassiner le Président Nicolás Maduro ne soit perpétrée le 3 mai 2020. En septembre 2019, les mêmes griefs ainsi que la localisation exacte des camps de mercenaires avaient été une nouvelle fois portés à l’attention de l’Assemblée générale25 . Malgré les dénonciations, les Gouvernements de la Colombie et des États-Unis d’Amérique ont feint d’ignorer la réalité de ce qui se passait sur le terrain. Les terroristes ont été protégés par les autorités des deux pays l’année précédant l’attentat tout au moins. Une fois l’agression perpétrée et les informations fournies vérifiées, les Gouvernements de la Colombie et des États-Unis d’Amérique ont continué de se replier derrière le principe du déni plausible, pourtant déjà dénué de toute crédibilité. Cela a été dénoncé auprès du Conseil de sécurité le 13 mai 202026 et le 20 mai 202027 . La collaboration des services de renseignement des États-Unis d’Amérique avec les mercenaires est également un fait avéré. Sur le territoire colombien, des agents de la DEA et de la Central Intelligence Agency (CIA) ont rencontré à plusieurs reprises les exécutants de l’Opération Gideon, tandis que des groupes de trafiquants de drogue colombiens ont fourni un appui aux mercenaires, avec l’assentiment des autorités colombiennes et dans l’espoir de se voir attribuer des filières du trafic de drogue en cas de succès de l’opération28, 29 . Certaines connexions, que nous allons énumérer ci-après, attestent les liens publics existant entre les participants à l’opération mercenaire perpétrée contre le Président de la République d’Haïti, Jovenel Moïse, et ceux de l’opération mercenaire manquée (Gideon) contre le Président de la République bolivarienne du Venezuela, Nicolás Maduro : a) Antonio Intriago, qui détient la société CTU Security LLC et qui est impliqué dans l’assassinat du Président Jovenel Moïse, a également participé à l’attaque armée fomentée par les Gouvernements des États-Unis d’Amérique et de la Colombie à la frontière colombo-vénézuélienne le 23 février 201930 . Étonnamment, Jordan Goudreau, propriétaire de la société Silvercorp, a également participé à cette même opération, qui avait pour prétexte de forcer la livraison d’une prétendue « aide humanitaire » dans des camions accompagnés de groupes armés qui ont mis le feu aux marchandises et ont tenté de pénétrer violemment sur le territoire vénézuélien31 (voir annexe 10) ; b) En association avec le célèbre extrémiste cubain Antonio Esquivel, qui réside à Miami, Antonio Intriago a créé et enregistré une société appelée Venezuela Somos Todos, Inc., sise à Miami, qui a servi à recevoir des fonds destinés à financer l’agression contre le Venezuela en février 2019. Ce n’est pas un hasard si le nom de cette société est le même que celui de la société chargée de la communication autour du concert organisé comme opération de camouflage dans les jours précédant l’attaque armée32, 33 ; __________________ 25 A/74/PV.10. 26 A/74/861-S/2020/399. 27 https://media.un.org/en/asset/k1z/k1zhnyi01x. 28 www.elnuevoherald.com/noticias/mundo/america-latina/colombia-es/article249517110.html. 29 S/PV.8476. 30 www.lanuevaprensa.com.co/component/k2/ony-intriago-reclutador-de-militares-sicarios-colombianos- organizo-con-ivan-duque-en-2019-el-concierto-de-cucuta-contra-la-narco-tirania-de-nicolas-maduro. 31 https://venezuelanalysis.com/news/14859. 32 http://search.sunbiz.org/Inquiry/CorporationSearch/SearchResultDetail?inquirytype= OfficerRegisteredAgentName&directionType=Initial&searchNameOrder=INTRIAGOANTONIO %20N060000113385&aggregateId=domnp-n06000011338-786976d2-55ea-4078-b263- 286aa197abf7&searchTerm=Intriago%20%20%20%20%20%20%20%20%20%20%20%20 Antonio&listNameOrder=INTRIAGOANTONIO%20L080000293381. 33 www.lanuevaprensa.com.co/component/k2/ony-intriago-reclutador-de-militares-sicarios-colombianos- organizo-con-ivan-duque-en-2019-el-concierto-de-cucuta-contra-la-narco-tirania-de-nicolas-maduro.
  • 9. S/2021/688 9/45 21-10520 c) Antonio Intriago, propriétaire de la société CTU Security LLC (dans le cas d’Haïti) et de Venezuela Somos Todos, Inc. (dans le cas du Venezuela), entretient des contacts politiques avec Juan Jose Rendón, Vénézuélien résidant dans l’État de Floride (États-Unis d’Amérique), qui est un terroriste bien connu ayant des liens avec des trafiquants de drogue colombiens. Par l’intermédiaire de sa société CTU Security LLC, Antonio Intriago a présenté la première offre pour le contrat d’assassinat du Président Nicolás Maduro, lequel prendra plus tard le nom d’Opération Gideon34 . Il y a eu un appel d’offre auquel diverses sociétés ont soumissionné afin d’obtenir le contrat d’assassinat du président Maduro. C’est finalement la société Silvercorp qui a été retenue, sur recommandation de Keith Schiller de la Maison Blanche ; d) Alfred Santamaria, représentant légal de CTU Security LLC et de la Fundación Latino Americanos Unidos, Inc., s’emploie, aux côtés d’un autre militant politique, Juan José Rendón, à promouvoir dans le sud de la Floride l’image du Président Iván Duque, ainsi que celle de Juan Guaidó en tant que Président supposé du Venezuela35 (voir annexe 11) ; e) Jordan Goudreau a reconnu publiquement avoir signé un contrat avec Juan Guaidó et Juan José Rendón pour l’assassinat du Président Nicolás Maduro. Goudreau et Rendón sont tous deux protégés par le Gouvernement des États-Unis d’Amérique. La participation du Gouvernement des États-Unis est scandaleuse au point qu’un procès a été intenté devant les tribunaux de ce pays par le mercenaire Goudreau contre le terroriste et complice des narcotrafiquants, Juan José Rendón, pour rupture de paiement dans le contrat d’assassinat du Président Nicolás Maduro, suite à l’échec de l’Opération Gideon36 ; f) La société d’aviation Helidosa, basée en République dominicaine, a transporté Antonio Intriago, Arcángel Pretel Ortiz, Walter Veintemilla et Christian Sanon sur un vol privé des États-Unis d’Amérique vers Haïti, dans un avion immatriculé HI949. Tous sont des parties contractantes dans l’organisation de l’assassinat du Président Jovenel Moïse37 (voir annexe 12) ; g) Curieusement, c’est ce même avion (HI949) qui a transporté le groupe de conspirateurs de Juan Guaidó vers diverses îles des Caraïbes sur un vol privé. Plus sinistre encore, ce même avion a servi à ramener en Haïti la veuve du Président assassiné, Martine Moïse, alors qu’elle se remettait des blessures subies lors de l’assassinat de son mari38 (voir annexe 12). Tous ces éléments nous permettent d’affirmer qu’il existe un réseau criminel structuré, composé d’individus d’origines et de nationalités diverses, mais résidant tous sur le territoire des États-Unis, qui se consacre au financement de mercenaires colombiens en vue de la commission, à des fins lucratives, d’actes d’agression et d’autres crimes internationaux graves contre des États tiers. Et ce n’est pas un hasard si ces crimes servent en définitive les intérêts des gouvernements qui protègent sans vergogne les membres dudit réseau. En d’autres termes, il ne s’agit ni plus ni moins que d’un réseau qui facilite des services bancaires ou financiers à des tueurs à gages. __________________ 34 www.lanuevaprensa.com.co/component/k2/ony-intriago-reclutador-de-militares-sicarios-colombianos- organizo-con-ivan-duque-en-2019-el-concierto-de-cucuta-contra-la-narco-tirania-de-nicolas-maduro. 35 https://expresa.se/2021/07/11/la-conexion-de-antonio-enmanuel-intriago-propietario-de-la- empresa-de-miami-que-contrato-a-mercenarios-implicados-en-el-asesinato-del-presidente- de-haiti-con-figuras-proximas-al-uribismo-en-colombi.html. 36 www.elespectador.com/investigacion/la-demanda-contra-j-j-rendon-por-la-operacion-gedeon-article. 37 www.semana.com/mundo/articulo/la-empresa-aerea-que-traslado-a-los-presuntos-asesinos/202151. 38 https://sputniknews.com/latam/202107211083426894-plane-used-by-guaidos-negotiating-team- for-barbados-talks-also-carried-moses-assassins---report.
  • 10. S/2021/688 21-10520 10/45 Ce faisceau de preuves démontre l’existence d’un réseau d’opérations mercenaires aux États-Unis d’Amérique et en Colombie qui fonctionne par le biais de sociétés privées américaines et de mercenaires colombiens agissant en toute impunité sous le patronage des deux Gouvernements, et témoigne donc, en somme, de l’existence d’un réseau de criminalité transnationale organisée entretenant des liens importants et avérés avec les structures internes du pouvoir au sein des Gouvernements de Bogota et de Washington, ce qui procure de facto aux membres de ce réseau un soutien continu, un refuge et une immunité. Il est important de souligner que l’utilisation de mercenaires confère un avantage aux États contractants : ces derniers peuvent influer sur les États attaqués, tout en masquant les traces de leur participation ou en ayant la possibilité de nier leur responsabilité dans l’acte d’agression. Ainsi, nous sommes face à un modus operandi qui garantit l’impunité à ceux qui commettent des actes d’agression et qui violent, sans conséquence, le droit international. Le recours à des structures de la criminalité transnationale organisée et à des forces mercenaires pour perpétrer des actes de terrorisme et assassiner des chefs d’État et de gouvernement, renverser des gouvernements et porter atteinte au socle constitutionnel d’un État constitue une violation manifeste de la Charte des Nations Unies, dont un des buts, énoncé à l’Article 1, consiste à développer « entre les nations des relations amicales fondées sur le respect du principe de l’égalité des droits des peuples et de leur droit à disposer d’eux-mêmes ». De son côté, l’Assemblée générale, dans sa résolution 75/171, « [c]ondamne toute forme d’impunité accordée aux auteurs d’activités mercenaires et à ceux qui ont utilisé, recruté, financé et instruit des mercenaires, et exhorte tous les États, agissant conformément aux obligations que leur impose le droit international, à traduire ces individus en justice sans distinction aucune ». Le déni plausible derrière lequel s’abritent les États qui tolèrent l’utilisation de mercenaires, du terrorisme et de la criminalité transnationale organisée pour attaquer les États Membres de l’Organisation des Nations Unies favorise un climat d’impunité générale qui empêche l’établissement des responsabilités des États agresseurs, conformément à la Charte fondatrice de l’Organisation et au droit international. À cet égard et en application des dispositions du paragraphe 1 de l’Article 35 de la Charte des Nations Unies, nous avons l’honneur de demander au Conseil de sécurité de prendre la décision, conformément aux pouvoirs qui lui sont conférés par la Charte, en particulier en vertu de l’Article 34, d’enquêter sur les opérations mercenaires planifiées aux États-Unis d’Amérique par des structures de la criminalité transnationale organisée qui recrutent, instruisent et financent des mercenaires colombiens aux fins de la commission d’attaques armées, d’actes de terrorisme, d’actes d’agression et de l’assassinat de chefs d’État et de gouvernement et de hauts responsables politiques dans l’objectif de renverser des gouvernements et de porter atteinte à leurs bases constitutionnelles. Nous faisons plus particulièrement référence à l’assassinat du Président d’Haïti, Jovenel Moïse, commis le 7 juillet 2021, et à la tentative d’assassinat ayant ciblé le Président de la République bolivarienne du Venezuela, Nicolás Maduro, qui s’est soldée par un échec le 3 mai 2020.
  • 11. S/2021/688 11/45 21-10520 Enfin, nous vous serions reconnaissants d’user de vos bons offices pour faire porter le texte de la présente lettre et de ses annexes à l’attention des membres du Conseil de sécurité et de le faire publier comme document de cet organe*. L’Ambassadeur, Représentant permanent de la République bolivarienne du Venezuela auprès de l’Organisation des Nations Unies (Signé) Samuel Moncada __________________ * Les annexes sont distribuées uniquement dans la langue de l’original.
  • 12. S/2021/688 21-10520 12/45 Annexes à la lettre datée du 27 juillet 2021 adressée au Président du Conseil de sécurité par le Représentant permanent de la République bolivarienne du Venezuela auprès de l’Organisation des Nations Unies