L'informatique ambiante et l'internet des objets transforment radicalement les rapports des sociétés humaines à leurs espaces. Le lieu s'impose comme l'unité spatiale de base. C'est à ce niveau d'échelle que s'expriment non seulement l'entièreté des spatialités (les expériences spatiales) individuelles et collectives, mais aussi les effets d'hybridation du matériel et de l’immatériel (le numérique) dans tous les champs des activités humaines. Dans cette conférence donnée à la conférence de l'AGMQ (automne 2015), deux questions seront abordées permettant de poser un regard singulier sur le futur des sciences géomatiques: celle des espaces-lieux dits "intelligents" et de leur personnalisation algorithmique d'une part ; celle d'autre part, du transhumanisme, en particulier dans sa dimension géospatiale.
28. Défis pour la géomatique
• Représenter et gérer des lieux hybrides
• Intelligence des données massives
• Éthique, qualité
• Catégorisations, normalisation (des
personnes, des lieux)
• Questions foncières?
Yvan nous a ce matin offert une conférence très complète et détaillée, je ne tenterai pas de le compétitionner, il vous a livrer le sérieux, je vais me concentrer sur des points qui moins directement liés au domaine de la géomatique municipale, mais qui néanmoins façonnent et façonneront plus encore demain les espaces des sociétés humaines.
Je vais me placer du point de vue de monsieur tout le monde, de Monsieur Jourdain, qui finalement ne s’inquiète pas beaucoup des données, mais en produits, en utilisent et doit vivre dans une société caractériser par la dématérialisation et l’hybridation…
Un fait pour commencer et qui m’a marqué lorsque j’en ai pris conscience…
Je vous propose donc de nous tourner vers le futur et de regarder en particulier trois tendances
- l’affirmation d’une société géospatialisée
- l’affirmation des espaces-lieux dits "intelligents" et de leur personnalisation algorithmique
- La percée du transhumanisme, en particulier dans sa dimension géospatiale.
Le premier phénomène est souvent qualifié de révolution géospatiale ou encore de « global location age ». Chacun y est en mesure de capter et de diffuser un fait, une opinion, une émotion, un sentiment localisée, mettant ainsi en scène son espace personnel.
Mais surtout, l’élément le plus fondamental de ce phénomène est sans aucun doute cette capacité nouvelle de contextualiser en un temps et un lieux donné des idées partagées globalement, de les décliner localement. Des situations comme le printemps arabe ou encore le mouvement Occupy en sont des exemples caractéristiques.
Le seconde phénomène est ce que Milad Douehi nomme l’humanisme numérique, les transformation radicale de toutes les composantes de nos sociétés, mais aussi de ce que l’humain est, sous l’effet du numérique (rapports au temps, à l’espace, aux objets, aux savoirs, aux autres), mais aussi toutes les activitées humaines (économiques, culturelles, etc.)
Un monde égocentré, le narcissisme en réseau comme le nomme Manuel Castells
L’une des matérialisation SoLoMo
Alors c’est quoi ces données géosociales?
Les puristes diront qu’il ne suffit pas d’ajouter une géolocalisation à un contenu généré par l’usager d’un réseau social pour que ce contenu puisse être considéré comme une données géosociales. Il faut que l’entrée spatiale soit explicite, la localisation, la proximité physique soit corrélée, donne du sens à la proximité sociale, au partage d’intérêts commun à l’intérieur du réseaux.
Mais dans la suite, sans doute par abus de langage et aussi par soucis de simplification, j’utiliserai donnée géosociale pour qualifier tout contenu généré à l’intérieur d’un réseau social et doté d’une composante de géololcalisation.
Si l’on y regarde de près quels sont aujourd’hui les usages de ces données? Nombreux, variés… je m’intéresse aujourd’hui en particulier aux traces.
Hiérarchiser les lieux
Présenter ses lieux préférés
Exposer ses opinions
Partager des émotions
Se surveiller, surveiller ses proches, surveiller les autres
Gérer sa famille
Laisser des traces
Retrouver les traces de ses amis
Jouer dans des espaces réels ou virtuels
Organiser spatialement son monde personnel
Ces traces que l’on laisse ou ces traces dont précisément on cherche la trace…
Ces traces décrivent des lieux… le lieux est en effet l’unité spatiale de référence des activités humaines dans un monde hypermoderne.
Le lieu est une fonction d’un nom, d’un évènement et d’une localisation
Certains sont permanents, certains sont ephèmères, certains sont récurrents, certains sont mobiles, dans le temps et dans l’espaces,
Nous vivons dans des espaces en archipel, dont les îles sont des systèmes urbains aux paysages variés mais reproduisant la même configuration.
Intelligence des lieux.
La capacité à décrypter leur genèse, leur dynamique, leurs interrelations.
Ces transformation ne sont pas sans conséquences sur les formes de spatialités évoquées plus haut… La dématérialisation des relations sociales et spatiales et la géocommunication en particulier sont à l’origine de formes spatialités numériques qui relèvent d’avantage des registres de l’inter-spatialité. On parle d’inter-spatialité lorsque les actions spatiales des individus ou des groupes mettent en interaction des espaces différents.
On note trois cas de figures les plus courant:
Les interfaces lorsque les interactions entres espaces sont assurées par le contacts de limites communes, et dans le cas par exemple d’hybridation entre épaississement numérique et matérialité urbaine les interfaces (cartographiques, mais pas seulement, l’écran d’un ordinateur, d’une tablette, d’un téléphone) s’imposent comme des composantes essentielles de la spatialité
Les emboitements lesquels sont en général assurés par des changements (des sauts) d’échelle
Mais la spatialité numérique est le plus souvent un cas de co-spatialité, le cas ou les interactions entre espaces sont assurées par des commutateurs, les cas ou deux espaces mis en relations occupent la même étendu, partage la même localisation, une forme particulière d’égalité spatiale. On dépasse l’hybridation, il y a consubstantialité entre numérique et matérialité, si bien que l’on assiste à un empilement d’espaces, une superposition temporelle de lieux occupant la même localisation par exemple.
Nous avons tous des exemples concrets de ces situations. C’est le cas de ce couple distant physiquement mais dont l’interface (skype par exemple) crée une situation d’interspatalité. C’est le cas de Tom me demandant systématiquement lorsque nous échangions par face time d’allé sur Killian Court au prétexte qu’il aimait bien être là avec moi, alors qu’il était à la maison à Québec, un instant intense de co-spatialité.
Et ces spatialités racontent en quelque sortent nos histoires spatiales, ces histoires que nous matérialisons plus ou moins consciemment à l’aide des outils et données géosociales.
Le lieu s'impose donc comme l'unité spatiale de base. C'est à ce niveau d'échelle que s'expriment non seulement l'entièreté des spatialités (les expériences spatiales) individuelles et collectives, mais aussi les effets d'hybridation du matériel et de l’immatériel (le numérique) dans tous les champs des activités humaines.
Ces phénomèmes d’hybridation touche aujourd’hui les individus eux-mêmes
Il y a ces traces explicites particulière qui se développe au rythme de progression du phénomème du moi quantifié, un mouvement nait vers la fin des années 2000, qui regroupe les outils, les principes et les méthodes permettant à chacun de mesurer ses données personnelles, de les analyser et de les partager.
Les outils du moi quantifié peuvent être des applications mobiles ou des applications Web.
Le tout permettant de “monitorer” ses pratiques, ses performances, de les analyser, les représenter et de les partager et de les comparer (souvent via les réseaux sociaux ou des réseaux spécifiques dédiés à une communauté d’intérêt formée pour l’occasion)
C’est aussi celui des objets connectés, le nombre de ces petits objets explose.
Selon IDC, le marché des objets personnels connectés(montres, bracelets, lunettes…) pourrait s’étendre de façon explonentielle au cours des 4 prochaines années; il pourrait se vendre 112 millions de ces dispositifs contre 19 millions actuellement.
Lors du Geocongrès de 2014v à Québec, j’évoquais l’avènement de petit robots personnels suiveurs qui pourraient nous accompagner et capter pour nous, filmer pour nous et nous filmer en continue. Je pensais au petits robots de type sphero, depuis la famille s’est aggrandie, Olii puis BB-8 plus récemment
Et puis dans la catégorie des drones individuels le lancement prochain de Lily risque de révolutionner le domaine