Auparavant sur une colline et entourée de champs, La Petite Maison était désormais étouffée par la ville bruyante et agitée qui l'entourait...
Elle rêvait des champs couverts de marguerites et des pommiers qui dansaient à la lumière de la lune...
Un jour, la Petite Maison resta bouche bée : un attelage sans chevaux arriva par la route sinueuse des champs… Tout de suite après, plusieurs attelages ont encombré les chemins et il y en avait de moins en moins tirés par des chevaux…
Après, ce fut l’arrivée des topographes qui tracèrent une ligne devant la Petite Maison.
Et bientôt arriva un excavateur qui dessina une route traversant la colline parsemée de marguerites…
De grands camions déposèrent de gros cailloux et de petites pierres sur cette même voie… et d’autres encore ont répandu partout du goudron et du sable.
À la fin, vint un compacteur et… on pouvait désormais marcher et rouler sur la grande route.
Mais miracle ! quelqu'un est venu la sauver !
2. Il était une fois une Petite Maison bâtie
entre des collines… et des champs.
Elle était très belle, solide et bien construite.
Celui qui l’a fait bâtir avait dit : « Cette
maison jamais ne sera vendue… Aucun or
et argent au monde ne pourront l’acheter.
Ici vivront les enfants de nos
arrière-petits-enfants et les enfants des
enfants de nos arrière-petits-enfants. »
3. La Petite Maison se sentait bien heureuse : sur
sa colline, elle voyait le paysage tout autour. Et
il était si beau… En plus, elle regardait le soleil
qui se levait chaque matin et se régalait tout le
temps avec le soleil couchant…
Les jours se succédaient, chacun
bien différent de l’autre. Mais la
Petite Maison restait toujours
la même.
4. La nuit, elle observait la lune, toutes ses
phases, de la nouvelle à la pleine lune, et
lorsque sa lumière devenait plus faible, la
Petite Maison regardait les étoiles.
Et, au loin, elle dévisageait les lumières de
la ville. Une ville qui lui semblait si
bizarre… Et elle se demandait souvent
comment pouvait-on y vivre.
5. Les champs changeaient selon les
saisons. Au printemps, lorsque
les jours devenaient plus longs et
plus chauds, la Petite Maison
attendait le merle qui revenait du
sud et elle contemplait,
enchantée, l’herbe verte, les
arbres pleins de brindilles, les
pommiers en fleur et les enfants
qui s’amusaient dans l’eau
transparente de la petite rivière.
6. Les longues journées d’été, la Petite
Maison s’asseyait au soleil et contemplait
les arbres couverts de feuilles et la colline
tapie de belles marguerites.
Les jardins se remplissaient de fleurs
odorantes et les pommes mûrissaient.
Les petits s’amusaient
maintenant dans la piscine.
7. L’automne arrivé, les jours changeaient :
ils étaient plus courts et les nuits plus
froides. Les toutes premières gelées
teintaient les feuilles…
Quelle beauté !
Du jaune,
de l’orange et
du rouge !
Les récoltes arrivaient à leur fin
et on cueillait les pommes.
L’école attendait les enfants…
8. En hiver, lorsque les nuits étaient
plus longues, les jours plus courts et
les champs se couvraient de neige, les petits
aimaient faire du patinage et descendaient
la colline en traîneaux.
Et c’est ainsi que des années paisibles
se sont écoulées….
Les pommiers ont vieilli et, à leur place,
d’autres, bien plus jeunes, ont été plantés.
Les enfants ont grandi et sont partis
en ville, une ville dont les lumières
brillaient de plus en plus et semblaient
bien plus proches…
9. Un jour, la Petite Maison resta bouche bée : un
attelage sans chevaux arriva par la route sinueuse
des champs... Tout de suite après, plusieurs
attelages ont encombré les chemins et il y en avait
de moins en moins tirés par des chevaux…
Après, ce fut l’arrivée des topographes qui
tracèrent une ligne devant la Petite Maison.
Et bientôt arriva un excavateur qui dessina une
route traversant la colline parsemée
de marguerites…
De grands camions déposèrent de gros cailloux
et de petites pierres sur cette même voie… et
d’autres encore ont répandu partout
du goudron et du sable.
A la fin, vint un compacteur et… on pouvait
désormais marcher et rouler sur la grande route.
10. Maintenant, la Petite Maison guettait
les camions et les autos qui venaient et
partaient tout le temps en ville.
Et… après, ce fut le tour des pompes à
essence, des magasins, des bistrots et
de quelques petites maisons.
Tout le monde s’agitait sans cesse et
tout se déroulait bien plus vite.
11. D’autres routes ont été tracées et les
champs divisés en plusieurs parcelles. Et
bientôt ont fait leur apparition des maisons
de plus en plus grandes, des immeubles à
perte de vue, des écoles, des commerces,
des dépôts… Et tout cela autour de la Petite
Maison.
Désormais, personne ne semblait
s’intéresser à elle et personne ne voulait
plus y habiter. Et puisqu’elle ne pouvait
nullement être vendue – « Aucun or et
argent au monde ne pourront l’acheter. »
– il ne lui restait plus que la vue de toute
cette agitation…
12. Bien sûr, le silence et le repos des nuits
étaient partis ailleurs.
Et les lumières de la ville, plus proches
et aveuglantes, ne s’éteignaient jamais.
« C’est ainsi que l’on doit vivre en ville, »
médita la Petite Maison.
Car elle ne savait plus quoi penser.
Qu’elle regrettait le temps des marguerites !
Et celui des pommiers qui
se balançaient
à la lumière
de la lune…
13. Les tramways faisaient
désormais partie du
paysage : ils circulaient jour
et nuit, et tout le monde
s’agitait sans cesse, pressé et
bien occupé.
14. Il y avait même un petit train qui sans arrêt
montait et descendait la colline.
L’air se remplissait de poussières et de fumée,
et les bruits intenses faisaient trembler
la Petite Maison.
Impossible de reconnaître maintenant les
différentes saisons…
Tous les mois lui semblaient
les mêmes !
15. Le métro arriva enfin et, bien que
caché au sous-sol, sa vibration agitait
la Petite Maison.
Les gens se pressaient de plus en plus
et personne ne regardait autour.
16. Les petits immeubles et les petites maisons
ont disparu et, à leur place, on a construit
des immeubles de plus en plus hauts…
qui ont fini par étouffer
la Petite Maison !
17. Désormais, elle ne voyait le soleil qu’à midi.
Et plus jamais elle n’a contemplé
la lune et les étoiles.
Les éclairages de la ville étaient trop brillantes…
La Petite Maison n’aimait pas vivre en ville.
La nuit, elle rêvait des champs couverts de
marguerites et des pommiers dansant
à la lumière de la lune.
Elle se sentait bien triste
et solitaire.
La couleur de ses murs était partie en morceaux, les fenêtres étaient cassées, les portes se
tenaient à peine… Son air délabré faisait même oublier qu’elle restait toujours une belle maison.
18. Par un beau matin de printemps,
l’arrière-petite-fille de celui qui l’avait
construite est arrivée. Lorsqu’elle regarda la
Petite Maison, elle s’arrêta sur-le-champ.
Et elle dévisagea son mari : « Cette maison me
rappelle celle où habitait ma Grand-mère
lorsque j’étais petite. C’était une maison située
en pleine campagne, sur les hauteurs
d’une colline couverte de marguerites et
entourée de pommiers. »
19. Ils ont enfin découvert qu’il s’agissait
de la même maison.
Et ont appris que la maison, encore solide
bien que vétuste, pouvait être déplacée…
Une opération qui a fait arrêter le trafic de la
ville pendant plusieurs heures…
Une maison mobile !
20. Tout d’abord, la Petite Maison
trembla à l’idée de son déplacement
sur roues…
Mais bientôt sa peur fut remplacée
par la joie d’être entourée d’un
magnifique paysage…
Enfin, l’herbe verte et les oiseaux
chantant en unisson !
Une petite colline et un champ
entouré de pommiers !
« C’est ici sa place, » avoua
l’arrière-petite-fille.
« Bien sûr, » pensa émue la Petite
Maison.
On creusa la terre en profondeur et
on installa la Petite Maison au
sommet de la colline.
21. Fenêtres, peintures, portes, tout a été refait !
Habillée en rose clair, la Petite Maison
souriait heureuse.
Et contemplait, en tout bonheur,
sa nouvelle demeure !
Elle pouvait enfin regarder le soleil,
la lune et les étoiles.
Et voir défiler les saisons de l’année.
Elle était enfin habitée et entretenue.
Choyée.
22. Au ciel, les étoiles scintillaient
et la nouvelle lune
s’y dessinait déjà.
Le printemps venait d’arriver.
Dans les champs,
tout était en paix...
Seul le silence parlait.